Les lourdes rotatives se sont mises à tourner dans un coin de Béarn. Lassé mais pas déçu par quelques éditeurs en quête de retours sonnants et trébuchants sur le dos des auteurs, j’ai pris la décision de m’auto éditer. Question de liberté.
« La grande traversée » mon troisième roman, en prose poétique, traverse des passés confrontés dans le temps aux instants du présent.
« La grande traversée » sortira le 24 septembre 2016 sous le sceau d’édition France Libris en collaboration avec ICN imprimeur à Orthez dans les Pyrénées atlantiques. Il sera distribué par mes soins dans certaines librairies du Bordelais, de Normandie et du Pays basque. A la demande et avec un grand plaisir, je puis vous l’adresser par correspondance, dédicacé bien entendu. Je serai présent, pour mon premier salon, à Orthez « Journées du livre » le 8 octobre prochain.
Prix de vente : 10€. Par correspondance 13€.
Réveil d’hiver
Le jour laisse entrevoir la silhouette d’or
de l’archange Michel.
Le vent souffle en rafales, à l’abri des talus
épargnés de justesse par des remembrements...
retombées lucratives de terres reclassées.
Elles ont le poil d’hiver qui frissonne en gelée.
Les normandes laitières ont couché sur la plaine,
les hangars protecteurs occupés par la paille
ne sont plus des refuges.
Les bêtes en campagne n’ont pas d’identité ;
leur seule utilité, déverser en citernes
le lait qui permettra des survies en sursis,
des ors en laiterie.
J’approche le troupeau, quelques bottes de foin
pour qu’elles m’accompagnent jusqu’en salle de traite...
tireuses en machines pour tétines en feu...
brutalité en cage pour bêtes innocentes
sorties de nuit glaciale.
Celle-ci est malade. Elle donne peu de lait
et la remorque est prête pour un dernier voyage
direction l’abattoir...
Aiguillon électrique pour se tenir debout...
aux portes métalliques les tueurs impassibles
examinent ses flancs, observent ses naseaux
et puis c’est la pesée pour le prix transaction...
départ pour l’échafaud... en barquettes ou caissettes,
rayons supermarchés.
II sifflotte en rentrant trainant dans sa remorque
quelques restes de paille...
il caresse en sourire la liasse de billets
dans la poche intérieure de la veste kaki.
La traite est terminée et les pieds sous la table
il attend le café, les tartines beurrées
avant d’aller la bas, au marché du canton
faire quelques achats.
Le reste du troupeau retourne en file indienne
vers la pâture grasse libérée en journée
pour ressourcer les pis.
Je retourne chez moi en longeant dans le vent
les champs aux herbes blanches, me retourne un instant...
la remorque est rangée.
En mode production ou en arènes glauques,
abattoirs débarras ou corridas barbares,
non, je ne m’y fais pas.
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