Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 15:33
Le chasseur, visiblement pas un animal reconnaissant.

Le chasseur, visiblement pas un animal reconnaissant.

J'ai déjà raconté sur ce blogue l'histoire de mon "petit arpent du Bon Dieu". Pour preuve le lien en bas de cette page.

Donc, comme déjà dit, en 1973, âgée de 20 ans, j'avais vendu tout ce que j'avais pour acheter (bien trop cher mais je l'ai su plus tard)  1 hectare 700 de lande où j'ai planté des châtaigniers et que j'ai clôturé, avec l'aide de ma maman et d'un voisin en ce qui concerne cette dernière opération. A l'époque et, je vous rassure (sourire) depuis cela n'a pas changé, je passais au mieux pour une originale et au pire pour une trois quarts folle, voire une folle tout court. Je n'ai toujours pas besoin à ce jour d'entendre les ricanements pour savoir que cela ricane sec. C'est comme un sens supplémentaire.

Depuis 1973, au milieu de cette colline pelée, les arbres ont poussé en toute liberté et se sont multipliés à l'envi. D'autres espèces se sont invitées, principalement des bouleaux. Les tempêtes cassent beaucoup de grosses branches car l'endroit est très venteux, il y a beaucoup de chablis. Bref, dans un joyeux bazar, la nature reprend ses droits sans rien demander à personne.Beaucoup d'animaux sauvages y trouvent leur compte. La joie, la vraie. Depuis 1973, vous imaginez sans peine que la clôture ainsi que le superbe portail de bois qu'avait confectionné mon frère sont partis en lambeaux. A l'automne, les vaches et les pottok qui passent par là le nez au vent ont vite repéré l'aubaine et viennent se servir en châtaignes. Je me rends rarement sur les lieux ("J'ai juste besoin de savoir que ça existe" aurait dit Cavanna) mais à la saison, j'ai vu plusieurs fois des gens munis d'un panier qui ramassaient des châtaignes. Et c'était bien.

Or, il y a quelques jours, je suis montée y faire un tour avec deux amis venus de Carcassonne et une autre, d'origine basque, qui avait fait le voyage depuis l'Uruguay. Les trois étaient admiratifs de la quantité et de la grosseur des fruits. Et trois jours plus tard, j'y retournais avec une autre amie qui souhaitait déterrer deux bébés châtaigniers pour les replanter chez sa maman. En arrivant, surprise! Une dizaine de personnes, toutes en treillis comme à la guerre ou à la chasse, en tous cas pas habillées comme nous (sourire de nouveau), étaient en train de ramasser fiévreusement tout ce qu'elle pouvaient de châtaignes. Il y avait de grandes cagettes très hautes, et même tenez-vous bien, une piscine-bac à sable en forme de coquille comme on en installe l'été pour les bambins. Là-comment vous dire, une bouffée d'agacement face à toutes les moqueries, injures et voire menaces déversées sur les écolos qui plantent des arbres, rejettent en bloc toute forme d'écobuage et qui pensent que nul n'est besoin d'un fusil pour marcher dans la campagne m'est montée brusquement au cerveau. Bon, quand-même je me suis contenue et, m'approchant de l'un de ces chasseurs en tenue de soldat, de ma voix la plus calme et la plus posée possible "Je n'ai pas eu une mauvaise idée, n'est-ce pas, de planter ces châtaigniers en 1973?" Et lui "Oui, mais cette année, il n'y en a pas beaucoup et elles sont petites". Huuuuum! Comme vous voyez, j'ai réussi l'exploit de ne pas en mourir étranglée et j'ai fait mine de m'intéresser à autre chose.

Quand nous nous sommes décidées à redescendre, mon amie et moi, nous nous sommes rendu compte qu'ils retournaient eux aussi à leurs voitures, pas des voitures de miséreux, que ce soit dit en passant, comme ça, l'air de rien. De très loin et le plus discrètement possible, j'ai pris une photo, celle que vous voyez tout en haut de ce "post". Et c'est là que j'ai réalisé qu'ils ramassaient ces châtaignes pour les vendre et que ce n'était certes pas la première année, ce dernier point  de leur propre aveu.

Je ne peux rien dire, je ne peux pas protester, le terrain n'étant plus clôturé. Mais je vous assure : m'apercevoir qu' en réalisant cette plantation à la sueur de mon front et sous les lazzi  il y a 43 ans, je m'étais conduite moi-même au bout de quelques années à arrondir le compte en banque d'une espèce que j'exècre, celle des chasseurs, j'hésite entre l'autodérision  et une saine colère. En fait, je crois que je vais tenter de réaliser un savant cocktail des deux. On verra bien si ça tient la route. Je vous dirai.

 

 

 

Vue du haut du terrain il y a quelques jours.

Vue du haut du terrain il y a quelques jours.

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
En même temps--- avec mes 530 euros par mois pour vivre ( c'est à peu près ce que j'ai eu toute ma vie), il ne serait pas honteux, me semble-t-il, que je souhaite tirer quelque profit de ces châtaignes. Ou qu'Itziar le souhaite.
Répondre
J
Euh---, pardon, je n'avais pas eu le temps d'écrire Jenofa en entier. Overblog a été trop rapide.
J
Sur fb, j'ai bien expliqué que j'avais clôturé en 73 pour que les troupeaux ne viennent pas détruire les plants d'arbres. L'idée étaiit de s laisser se déliter la clôture sans la refaire. C'est ce qui s'est passé. Et il est hors de question que je remette du barbelé. Je pense à d'autres solutions et tu me vexes en écrivant ce que tu écris.<br /> Si tu m'avais bien lu, tu saurais que je me suis toujours réjouie de voir le reste du monde venir se servir, moi ne ramassant que quelques dizaines de fruits pour les deux pottok. Mais une bande de chasseurs en tenue de combat, des gens qui ont toujours vomi sur les valeurs que je défends) et dont je découvre qu'ils viennent depuis des années ramasser des centaines de kg pour les revendre et sans doute faire ensuite la bamboche car ils n'ont pas du tout les mêmes difficultés matérielles que moi, tu m'excuseras (ou pas) mais ça me colle la rage. Cette rage n'aboutira à rien ( sauf que j'ai quand-même l'intention de me renseigner sur le droit rural) mais je revendique le droit à la ressentir et à l'exprimer haut et fort.
Répondre
N
T'es facile à vexer, alors ;0) !
N
Pourquoi (re)clôturer s'il n'y a pas d'autre dégradation que le ramassage des châtaignes ? La terre "appartient" à celle et ceux qui la respectent, et si ces châtaignes sont utiles à quoi ou qui que ce soit qui ne pourrit pas ton coin de forêt, tant mieux. Rien ne t'empêche, d'ailleurs de devancer la prochaine fois ces visiteurs ingrats en organisant un ramassage "entre amis" des fruits les plus gros, ceux qu'ils convoitent pour les revendre. <br /> L'agacement ? Bien sûr, mais si on doit dresser des barrières à chaque fois que l'on est agacé, le monde ne sera bientôt plus qu'un gigantesque buisson de fils de fer barbelé. Il faut sectionner à la pince par avance cette idée étouffante pour la liberté en général et apporter une réponse intelligente quand on se sent oppressé. En tous cas bravo pour ta réserve !
Répondre
J
Non, mais ce sont des choses portées sur toute une vie, des choses très très lourdes de sens. Vexer n'est pas le bon terme. J'aurais dû dire blesser. Car c'est ma vie qui est là, tout ce qui m'a animée; tout ce qui m'a permis de survivre dans ce monde pas fait pour moi.C'est un don fait au monde quand j'avais 20 ans. C'est pour cela que me voir réduite à quelqu'un qui veut s'asseoir sur son bien pour le conserver, ça me fait mal.<br /> Ceci dit, justement, la secrétaire de mairie vient de m'appeler. Ce type de terrain est géré par le code forestier. Pas besoin de clôture pour que la cueillette et le ramassage soient interdits et passibles d'amendes, sauf autorisation du proprio. Pas question pour moi d'interdire aux troupeaux ni aux personnes de venir glaner pour consommation familiale, mais ce type de comprtement, niet! Donc, un ou deux ans d'opération resto du coeur avec explications dans la presse (on monte une équipe, on ramasse, on vend au profit des restos et on explique-convergence des luttes- )devraient pouvoir remettre les pendules à l'heure, avec quand-même toujours la peur de représailles type incendie. J'aurai très largement besoin de solidarité.
Z
Je me serais étouffée de rage, moi! Ce sont de sales profiteurs en plus d'être des assassins! Jes les HAIS! Y'a urgence à reclôturer !
Répondre
J
C'est ce que j'étais écrire à quelqu'un. Je sens la rage qui monte, qui monte. Mais reclôturer, je n'ai pas le premier centime.

Présentation.agerpen

  • : Le blog de Jeno l'écolo Jenofanimalhumaniste
  • : Le blog de Jenofa, citoyenne du monde enracinée en Pays Basque, petite fourmi de l'écologie.Jenofa, ekologiaren xinaurri ttipi bat.
  • Contact

Rechercher Sekatu.