Une contribution du babel.
Le titre est de la blogueuse.
Je me souviens, c’était vers 2020 : il y avait encore de la plage devant les falaises, les USA crachaient des fumées avant de finir par sombrer dans la pauvreté, les émeutes, les fumigènes. Je me souviens qu’on disait aussi que 30° en septembre, ce n’était pas normal, et que certains médecins signalaient à Paris-Ville, qui n’était alors que Paris, qu’il y avait de plus en plus de maladies tropicales.
À la rentrée scolaire, j’étais fier d’être en 6e, je ne comprenais pas bien pourquoi les podcasts infos montraient la Camargue noyée sous une boue, mélange de l’eau revenue et de décennies de chimie, mais je me souviens très bien qu’on y voyait, à demi effacées, des silhouettes de taureaux, peintes alors que plus un seul animal ne broutait dans ce vomissement d’engrais et de pesticides, là où étaient les rizières.
C’était vers 2020, ou avant, et j’étais trop petit pour savoir pourquoi du temps des parents on pouvait tuer les taureaux en parlant de culture, les poursuivre dans les rues jusqu’à la folie. Ce qui me semblait normal, c’était qu’aux arènes, on chante, danse et qu’on expose plein de choses.
J’ai maintenant des cheveux blancs ; je n’explique toujours pas non plus quelle joie il y avait à tuer en s’amusant en musique et paillettes avec un taureau pour proie en public.
Oui, vers 2020, mais j’ai oublié la date exacte, dommage, mais vous auriez vu ça, les enfants, quelles fêtes on a menées quand les États ont interdits les jeux taurins!