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21 novembre 2017 2 21 /11 /novembre /2017 12:16
Tuer avec respect?

Il y a bien longtemps de cela, j'ai élevé des chèvres, pendant cinq ans. A la naissance de chevrettes, j'étais joyeuse. Je pouvais, soit décider de les garder, soit de les vendre à d'autres éleveurs. Mais quand c'était de petits chevreaux---

Les gens qui venaient me visiter jouaient avec eux, les prenaient dans leurs bras. D'ailleurs, les chevreaux eux-mêmes se jetaient dans vos bras, lls cherchaient les câlins. Et puis un jour---ils avaient le bond poids, quelle horreur! Alors, n'ayant pas le courage d'aller moi-même au marché discuter avec les maquignons, j'appelais un voisin au secours. Et il emportait mes chevreaux vers la mort dans le même convoi que ses agneaux.

Je me suis retrouvée un jour avec une superbe hernie discale L4-L5, quelque chose d'atrocement douloureux qui s'accordait bien mal avec les travaux d'Hercule que je devais assurer. J'ai dû arrêter cet élevage, sans avoir la moindre idée de ce que j'allais pouvoir faire ensuite pour gagner de quoi survivre. Aujourd'hui, avec le recul, même si cette hernie m'a considérablement empoisonné la vie depuis, je me dis qu'elle est tombée à point. Je n'aurais pas pu continuer cette vie où ma conscience était en permanence torturée et qui m'aurait conduite tout droit à une grave dépression, j'en suis certaine. Mieux vaut souffrir du dos que de se sentir ainsi écartelée entre l'émerveillement devant l'explosion de la vie  et le besoin matériel de la supprimer. Ca, pour moi, c'était carrément invivable. Et il m'arrive d'aller jusqu'à me demander si inconsciemment je ne me la suis pas provoquée, cette hernie, pour échapper à cette torture morale.

Aujourd'hui, j'ai  quelques poules en totale liberté. Parfois le renard s'en occupe, parfois des chiens errants, il leur arrive aussi de se faire écraser. Mais elles n'ont rien à craindre de moi. Ce n'est pas moi qui choisirai le moment de leur mort ni qui la leur donnerai ou la leur ferai donner. 

On peut, je le conçois, aider à mourir un humain souffrant, en fin de vie et qui le demande. On peut abréger les souffrances d'un animal, quelle que soit son espèce. Mais à notre époque et quel que soit le mode d'élevage,  élever des animaux  pour les tuer ou les faire tuer "avec respect", c'est  d'après moi le plus grand des oxymores. Je soutiens bien évidemment, face à l'élevage industriel, les petits éleveurs qui assurent un certain bien être à l'animal mais par pitié, par souci du sens des mots, par pudeur, par tout ce qu'ils veulent, qu'ils changent de vocabulaire lorsqu'il s'agit de rien moins que de supprimer des vies d'animaux en parfaite santé qui leur faisaient confiance.

A chacun(e) de se débrouiller avec sa conscience. Il ne s'agit là, pas d'une leçon mais d'un simple témoignage, le mien.

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commentaires

Z
Entièrement d'accord avec toi . Quand j'étais enfant , mes parents ont élevé à un moment une chèvre et vendu aussi les chevreaux , un vrai déchirement , comme quand j'entendais les hurlement du cochon qu'on tuait à la ferme voisine. Maintenant je suis végétarienne
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