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25 janvier 2018 4 25 /01 /janvier /2018 11:24
Dimanche dernier, lors d'une mascarade en Soule

Dimanche dernier, lors d'une mascarade en Soule

Une contribution de Beñat Espil

Le titre est de la blogueuse.

 

Ci gît la traduction d'une bafouille écrite dans Ekaitza l'année dernière lors des mascarades de Hoki pour dénoncer le rituel insensé de l'utilisation des animaux malheureusement toujours d'actualité...

Mascarades de la legua

« Quand nous arrivons dans un village, plutôt que demander s’il y a un maire, nous installons notre charrette et au milieu de la place, entre les gens, nous commençons à travailler» C’est ainsi que commençait la philosophie des groupes de théâtre Comico de la Legua. Ils se nommaient ainsi car dés qu’ils arrivaient quelque part, les autorités les obligeaient à quitter les lieux car ils étaient soupçonnés d’apporter la lèpre et cette accusation suffisait pour interdire leur entrée dans un village. Ce seul prétexte de contamination était suffisant pour écarter ces troupes de théâtre de rues, qui, pourtant , apportaient un nouveau vent de liberté mais évidemment étaient pour le pouvoir les premiers ennemis. Il reste peu d’écrits témoignages de ces groupes mais ce qui est sur c’est que dans le jeu de ces troupes apparaissaient les critiques des notables, bourgeois, curés, hommes politiques mais aussi ils se moquaient des travers de la société, des serviteurs, de ceux qui vivaient volontairement sous la domination des notables, des grenouilles de bénitiers etc…. 
Et dans les mascarades? 
Au fil des siècles, ce type de théâtre de rue a changé mais cependant, ici et là existent des troupes qui sont maintenues à l’écart, sans reconnaissance officielle car leurs spectacles sortent du cadre accepté, parce qu’ils tournent le dos au pouvoir et parce qu’ils essuient leurs sales pieds sur le paillasson des lois. Dans une certaine mesure nous pouvons inclure les mascarades dans cette vague de liberté. Cette année, les mascarades de Hoki de place en place on montré aux éternels ronchonneurs, vous savez les fameux : « de notre temps » Les : « de notre temps, il n’y avait pas de femmes, de notre temps nous donnions TOUS le double frisat, de notre temps…, qu’ils pouvaient ranger dans les armoires de chambre bien empaquetés dans de la naphtaline leurs sandales de danse, et leur habits d’or. Là au moins, leurs petits enfants ne les voleront pas pour les revendre pour le prix d’un ifone. L’avenir est assuré oui, qu’ils n’en doutent pas. Les jeunes enseignants que sont Battitta Berrogain, Johaine Etxebest…et quelques autres dont leur jeunesse s’éloigne comme Ttittika Rekalt, Patrik Kanpo,Mixel Etxekopar, entre autres, en suivant le sillon tracé par les ancêtres, sans révolutionner outre mesure la tradition sacrée, savent dépoussiérer, même si ce n’est que légèrement, quelques scènes. Pourtant bien des scènes mériteraient un dépoussiérage complet. En ce début de 21. Siècle, un jeune de Hoki même maîtrisant à la perfection les produits high tech, ne sera pas capable de donner l’adresse d’un rémouleur ou d’un maréchal ferrant. Alors devinez sa réaction si on lui parle d’un chaudronnier, il nous enverra à EMECA et si nous lui demandons où on peut rencontrer des bohémiens il nous répondra que nous les trouverons facilement à Garindein, à Menditte et à Ossas. Donc, il n’y a pas de doute que celui ou celle qui s’attellera à changer quelque peu la physionomie des mascarades aura un sacré chantier.

Le rire est-il une arme?
Cependant s’il fallait révolutionner cette institution, la première chose serait l’emploie des animaux dans les mascarades. En effet, jusqu’à aujourd’hui encore, je n’ai pas compris quel apport pouvaient avoir un renard et un blaireau mort et traîné par une corde. C’est fait pour faire peur aux enfants ! Me répondront surement les fans de Halloween. Pour ceux qui réfléchissent un chouia de plus, leur réponse sera immédiate : ce sont des représentations de la mort. La mort est l’axe des mascarades, parce que nous somme sur la frontière de la vie et de la mort d’un cycle de saison et de la naissance d’un nouveau cycle. D’autres phylosophes, après une looooongue réflexion nous dirons sans sourciller que l’utilisation des animaux morts n’est nullement un problème. Que l’humain adulte est le seul animal qui exècre la mort du corps ( les règles des femmes, les déjections et la mort) . C’est bien vrai, d’un coté je sais bien qu’un enfant adore jouer avec son caca, que les mâles sont attirés par les chaleurs des femelles, je sais aussi qu’une mère singe jouera avec son avorton et qu’un temps après elle l’abandonnera sans scrupules. Je sais bien oui que seul l’humain adulte crée des tabous, creuse des tombes, dresse des pierres tombales, crée des cimetières pour sortir de sa vision les corps qui vont pourrir. Je veux bien admettre qu’il est sain que dans les mascarades on se moque de tout : de la mort, fouler le sacré, renverser les choses interdites. Si j’étais moins craintif je le ferais tout le long de l’année ! Pour un moment donc tous les tabous sont dépassés ( même ces maudits curés ont été obligés d’accepter les reste de tradition des païens, pour en définitive mieux tromper le peuple mais bon !) pour un moment donc, nous rions de ces choses qui nous font peur. Ce rire, personne n’a plu le légaliser. Ni le pouvoir civil, ni le pouvoir religieux). Ce rire reste la meilleure arme du peuple.

Tous les maux dans les animaux ? 
D’autre part, je sais aussi que l’humain voulant mettre de son coté toutes les forces invisibles, cherche toujours des intercesseurs et renforce les rites magiques pour éloigner les pénombres de l’hiver et affaiblir le pouvoir de la mort… Allons, allons, âmes perdues d’incroyants, en lisant ces lignes ne riez donc pas si fort !Txo ! Vous ne savez pas ? L’humain est ainsi : l’animal le plus intelligent et voulant être le maître de la terre mais le larbin des dieux qu’il a inventé et de la mort. Par bonheur pour les autres habitants de cette terre ce comportement et ces agissements seront sa perte ! En des temps anciens, au nom de la croyance de telle ou telle religion, l’humain sacrifiait les nouveaux nés. Plus tard et jusqu'à aujourd’hui, ce sont les animaux qui ont été et sont toujours les victimes de ces conneries de rites dits sacrés. Ces rites démontrent que l’humain malgré son impuissance désire faire quelque chose pour ne pas avouer sa faiblesse. Pourtant même se l’humain sait bien que ces rites n’apportent rien, il continue sur la même voie, en prenant le profil d’halloween ou des mascarades, avec le prétexte de divertir les enfants mais au fond ces spectacles sont organisés pour apaiser la faible conscience des adultes. Et qui est toujours trompé ? L’animal évidemment. L’humain le couvre de nombre de symboles et de génération en génération, les handicaps, les travers, les fautes, nés de ses fantasmes sont supportés par les animaux. C’est ainsi que l’écureuils qui accroché sur les bérets des rémouleurs, quant il était vivant, toujours s’enfuyant, ne pouvant être attrapé, du temps du christianisme était associés au diable. Les malheureux renards et blaireaux accrochés au coup par une corde que les bohémiennes traînent, sont sensés représenter le mensonge, la traîtrise, la méchanceté. Au fond, pourquoi les bohémiens font de tels jeux ? Nicole Lougarot, avec raison, voit là un terrible acte de racisme : un personnage sale, voleur, malfaisant …Les mêmes tares que sont sensés drainer ces animaux. Il y aurait ici dans cette facette de la tradition aussi quelque chose à effacer non ? Et les taupes que les médecins éjectent du ventre de Pitxu sur le public ébahi, comme si elles étaient la maladie…ne sont-elles pas les servantes du diable, les perforatrices de la terre mère, les pollueuses d’herbe qu’elles recouvrent de taupinières et donc de poussière, des animaux aveugles, sales ? Mais j’en entend ronchonner : « alors, quoi, assez de misérabilisme, assez de malheur, assez d’anthropomorphisme, toi, le connard de scribouilleur ! Même en traînant la mort, un peu de compassion pour ces jolies et prestes bohémiennes ! » Il est vrai qu’entre ces méchants animaux, je ne parle pas des magnifiques cornes de béliers ou de cerfs accrochées sur les coiffes des kauterak ou chaudronniers. Leurs symboles sont tout autre. Ces deux animaux depuis toujours symbolisent la force, les rayons du soleil et le feu, donc, la chaleur, l’abondance et le renouveau de la croyance qui font un avec l’arbre de vie, qui sont le lien entre la terre et le ciel… Comme avec un gros joint en somme ! Quoi qu’il en soit il est ainsi le sort des « bons » et des « mauvais » animaux. Quelques uns sont aussi protégés que d’autres sont chassés sans pitié. Ceci est aussi clair que le sang versé par les taureaux torturés dans les arènes pour assouvir le plaisir de certains « humains ». Mais pourtant, sans forcément entrer dans le front de libération des animaux, pour refléter tous ces symboles, n’y aurait-il pas d’autres moyens ?

A la place des animaux, des humains?
Si les mascarades sont aussi fanfaronnes, qu’elles utilisent donc l’humain pour symboliser la mort, la traîtrise, la vilenie, la cruauté….On ne trouvera sur cette terre aucun autre animal qui symbolise si bien ces traits. Sous la peau de l’humain se terrent tous ces travers. De plus, trouver des humains décédés serait on ne pleut plus aisé. Dans cette Soule, lors du solstice d’hiver n’y a-t-il pas assez de vieux qui décèdent ? D’autre part, comme le proclame une vieille chanson bien machiste si à quatorze, quinze, seize ans il n’y a plus de pucelles chez les jeunes filles il ne serait pas étonnant qu’il y ait des avortements (oubli de prendre la pilule, d’enfiler la capote…) Il serait possible de garder les avortons dans les congélateurs et les ressortir pour le temps des mascarades non ? L’humain qui est créateur de tabous, à un moment donné, s’il veut les saborder le temps des mascarades, qu’il prenne sur lui et fiche la paix aux animaux. Mais même si quand il s’éteindra, je suis prêt à offrir nom triste corps pour les mascarades, j’ai bien peur que les changements ne seront pas pour demain. Et moi je vais mourir demain ! Alors, avec tous nos tabous et croyances, la tête et les épaules bien ployées devant le pouvoir, notre vie s’écoulera mais au cours de l’année, une fois au moins, le temps des mascarades, noyons nous dans le charme des bohémiennes même si ce n’est que pour nourrir nos yeux et que leurs couplets pleins d’espoir adoucissent nos oreilles. Mais de grâce laissez les animaux courir les forêts sous le vent de la liberté. Hau Pitxu,hau ! Dans ce spectacle rituel, le seul animal-humain intelligent, sensé et paisible qui meurt, toi, de tout cela, qu’en penses-tu ? Et toi l'humain??

 
 
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