De la flamboyance au silence
Une contribution de Daniel Labeyrie
Au terme de longues années de silence, la dame a mis les bouts à Martigues dans une indifférence médiatique quasi-totale.
Nous ne sommes pas près d’oublier ses concerts où sa voix se déployait dans une majesté bouleversante : nos âmes et nos cœurs en étaient écorchés jusqu’à la fibre.
De noir vêtue, la chamane nous embarquait dans ses fêlures, dans ses blessures qui résonnaient intensément jusque dans nos frissons. La belle Catherine avait la grâce et la beauté d’un albatros dans la tempête de la vie : nos rafiots chaviraient dans ses messes scéniques où sa voix s’insinuait dans l’intime de nos cellules.
Avec le groupe Alpes, ses chansons se déroulaient entre rock, pop et fado, dans la démesure d’une liberté totalement assumée.
Son enfance déchirée lui a donné la force d’une révolte de haut vol, brisant tous les carcans, les corsets mentaux qui nous brisent à petit feu.
Son chant n’est autre qu’un fado décadenassé, déverrouillé, nous invitant à garder la tête haute, sans se soucier des censeurs de tout poil qui nous étrillent, rognent nos ailes, émiettent nos utopies, mettent à bas la beauté.
Chante, chante, Catherine dans nos mémoires, que ton hymne à la liberté nous porte sur la crête des vagues de l’océan houleux de nos existences.
Aujourd’hui, le silence s’habille encore de ta voix, chère grande Catherine : repose en paix dans l’infini de l’au-delà des étoiles.