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21 août 2008 4 21 /08 /août /2008 16:04

Poiluche lors de son arrivée à la maison. Elle avait 7 ans. C'était il y a 11 ans.

Comment vous parler de Poiluche, la chatte?
Au présent ou au passé?
Au vu de ce que je ressens, j'imagine sans peine la terrible souffrance de ceux à qui l'on enlève un enfant dont ils n'ont plus jamais de nouvelles, l'oscillation permanente entre l'espoir qui s'accroche à la peau et au coeur et la tentation de baisser les bras, la  question qui ne trouve jamais de réponse: "Est-il ou elle en vie, malade, blessé(e), torturé(e)?"

Poiluche était arrivée à Uhaldia il y a 11 ans et l avait 7 ans. Cela faisait plusieurs mois que je m'adressais à des personnes qui cherchent à placer des chats abandonnés ou maltraités: "J'ai du mal à vivre sans la présence d'un chat, mais vu le nombre d'oiseaux  qui virevoltent autour de la maison, je ne veux pas les attirer dans un piège mortel. Alors, si vous avez parmi vos protégés un vieux chat castré, borgne et avec une patte en moins, il sera chez lui ici". Et puis, un jour, un appel au téléphone, celui de quelqu'un qui héberge rien moins que 18 chats: "J'ai depuis trois mois une chatte très calme, un peu apeurée par tous ses congénères mais qui ne s'éloigne jamais de la maison de plus de dix mètres et ne fait pas du tout attention aux oiseaux, ni aux papillons ni aux lézards. Est-ce que tu veux la prendre à l'essai? " Je me souviens avoir répondu que je n' "essayerai" pas un animal comme on essaye un objet, et j'ai dit que je l'attendais avec impatience pour un "contrat à durée indéterminée".  La personne m'a lors demandé si je ne voulais pas la voir avant de prendre la décision définitive, ce à quoi j'ai répondu non.

Et j'ai vu arriver la petite merveille. Savez-vous pourquoi son ancienne "maîtresse" avait décidé de s'en séparer? Parce qu'elle la trouvait "trop affectueuse"! Je vous jure que c'est vrai. Trop affectueuse! On vit une époque formidable!  Et c'est vrai qu'elle l'est-était, affectueuse, la Poiluche, mais comment aurait-elle pu l'être trop?
Toujours sur les genoux,  dans les bras, sur les épaules, se précipitant vers les visiteurs pour leur témoigner son affection, qu'elles les connaissent ou pas. En11 ans, elle n'a jamais du s'éloigner de plus de 50 mètres de la maison. Et encore--- pour me suivre. Quand je partais à pied sur le chemin avec le chien Baztan, elle montait dans la glycine et poussait des miaulements rauques jusqu'à notre retour qu'elle fêtait en venant offrir ses caresses. Enfin---, offrir ses caresses à moi, pas à Baztan, parce qu'elle ne portait pas le gros et très brave Briard dans son coeur. Sans doute l'effrayait-il et comme la meilleure défense c'est l'attaque, il n'osait pas entrer dans mon bureau lorsqu'elle s'y trouvait, tremblant de peur à entendre les grognements du petit félin.
Et pour les oiseaux, contrat rempli. Ils ne faisaient pas parti de ses centres d'intérêt. Seules les souris avaient à craindre d'elle. J'ai bien dit "seules les souris", car même les musaraignes, elle n'y touchait pas.

Il y a 8 mois de cela, comme ça, brusquement, elle est devenue aveugle.
Elle se cognait partout dans la maison, d'autant qu'elle continuait à trottiner comme une jeune fille. Elle appelait pour qu'on la place à tel ou tel endroit, qu'on lui ouvre une lourde porte qu'elle ouvrait auparavant de quelques coups de patte. On n'osait plus changer la moindre chaise de place, de peur qu'elle ne se blesse. Comment ne pas redoubler de tendresse pour elle?

Et la même au mois de Mars dernier. Elle était alors aveugle. Merci à Michèle Becker d'avoir pris cette photo.

Et puis, il y a eu le lundi 11 Août. Comme chaque année pendant les fêtes du village, le lundi est le jour de la "tournée des maisons", c'est à dire le jour où quelques jeunes viennent visiter les habitants afin de récolter de l'argent pour le "Comité des fêtes". Ce lundi là, Poiluche dormait à l'ombre d'une treille sur une pierre plate posée sur un poteau à l'entrée de la cour. Comme les jeunes s'attardaient chez les voisins, je m'étais absentée quelques minutes. Ma fille, elle, était partie marcher. Quand je suis revenue en les entendant, ils étaient déjà partis. J'ai continué à vaquer à mes occupations sans regarder l'emplacement où elle était quand je m'étais absentée.
Lorsque  ma fille s'est inquiétée de ne plus la voir, nous avons tout de suite pensé "Le bruit. Elle a eu peur du bruit". Parce qu'il faut vous dire que la tournée des maisons, c'est d'abord et avant toute chose du bruit : deux voitures pleines à craquer au moteur vrombissant, l'auto radio à fond, le klaxon italien, un ou deux musiciens quand-même, mais surtout beaucoup de cris et de vociférations.
Nous avons cherché, cherché, de jour, de nuit, nous cherchons encore et nous avons passé des annonces dans les radios. L'idée nous a effleurées un court moment, je l'avoue,  que les fêtards, pour s'amuser et sans savoir qu'elle était âgée (18 ans) et handicapée, avaient pu la prendre et la relâcher un peu plus loin. D'autres que nous y ont pensé, mais vu la présence du Briard dans la cour, cela semble difficile. Alors peut-être s'est-elle cognée et cela a déclenché une hémorragie interne. Peut-être est-elle coincée dans un fourré, mais--- nous devrions  l'entendre. Ellle n'a pas pu aller très loin, toute petite dans les orties, les ronces, les très hautes herbes.

Voilà, nous ne savons pas et nous avons le coeur très gros, d'autant que le chagrin au sujet d'un animal ne se partage pas avec tout le monde, nombre de gens  trouvant cela indécent.

En tous cas, cette journée n'a fait que renforcer mon dégoût de toujours pour le bruit gratuit, le bruit pour le bruit, les klaxons, les pétards, les cris, les décibels délirants des sonos, les coups de fusil, les cors de chasse,  j'en passe et des meilleures, tout ce qui effraye les tout  petits enfants qui sont bien plus proches que nous de l'"état de nature" et les animaux, sauvages ou familiers
Seuls, comme l'écrivait Victor Hugo, "Les tumultes de la nature ne troublent pas la solitude".

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commentaires

J
Non, non.<br /> Bien évidemment, si cela arrivait, je publierais de suite un article pour l'annoncer, mais----
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A
Poiluche est elle revenue?.Bon courage.Andrée
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A
Je suis de tout coeur avec toi,la tendresse d'un compagnon à 4 pattes est irremplaçable.Encore un exemple de la bêtise humaine et de sa froideur.J'espère qu'elle se sera cachée en lieu sûr et que tu la retrouveras bien vite.Bonne journée.Amitiés.Andrée
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B
Il y a une bonne douzaine d'anée, un chaton, vite nommée - c'était une femelle- Guilgamesh pour son intrépide intelligence, et sa prudence un peu nigaude est arrivé chez nous. Il y a 9 ans, elle prit ses quartiers chez mes beaux-parents, pour des raisons de santé (de ses maîtres). Elle y est restée, mais à chaque fois nous faisait savoir que nous étions ses humains. Au début de l'été, par gourmandise, elle a été piocher dans des croquettes du chien, hélas, croquettes vétérinaires prévues pour un chien berger, et non un chat de 3-4 kilos. Et Guilgamesh est partie au paradis des chats. Et ne revient plus s'allonger contre moi, ni.. Je n'ai pas envie d'en dire plus...
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F
J'imagine comme c'est dur...Tu nous diras vite si vous la retrouvez !<br /> Perdre un animal qu'on aime, déjà, c'est une épreuve, mais ne pas savoir... Nous avons attendu des semaines le retour de Gentiane, matou chasseur, en vain. <br /> On pense toujours à lui
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