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APPEL POUR CREER UN RESEAU SANTE ENVIRONNEMENT (RSE) PROJET
Une politique calamiteuse de santé environnementale
Il y a un an se tenait le Grenelle de l’Environnement, dont un des 5 ateliers était intitulé « Santé Environnement ». Un an après, le constat peut être fait sans ambiguïté: cet atelier est celui dont les résultats sont les plus décevants. A l’exception de la réduction des pesticides obtenu grâce à l’engagement des ONG, la loi d’orientation ne contient plus que de vagues promesses: les engagements chiffrés ont disparu, tout comme les quelques modifications institutionnelles qui subsistaient. Autre échec cinglant, le Plan Cancer arrivé à échéance en 2007: l’objectif de réduire la mortalité de 20 % en 5 ans n’a pas été atteint, mais, par contre, le nombre de nouveaux cas a continué sa progression. Malgré cela, l’absence d’un volet environnement n’est pas remise en cause. Le Plan National Santé Environnement (PNSE) n’a jamais eu les moyens de ses ambitions et il s’achève dans l’indifférence générale sans avoir véritablement changé le potentiel de recherche en ce domaine. Malgré cela, le PNSE2 se prépare en dehors de tout bilan et de tout débat public. Les 100 objectifs de la loi de santé publique de 2004 n’inspirent pas plus les politiques publiques que les engagements internationaux. La France s’apprête ainsi à aller à la conférence de l’OMS Europe sur la Santé Environnementale prévue à Milan en 2009 sans avoir respecté l’engagement pris à Budapest en 2004 de faire un plan de santé environnementale de l’enfant.
Pendant ce temps là, l’épidémie de maladies chroniques continue.
Le cancer est devenu la première cause de mortalité. Son incidence a doublé en 25 ans et il frappe aujourd’hui un homme sur deux et une femme sur trois. Le cancer de l’enfant progresse, preuve que le phénomène n’est pas la simple conséquence du vieillissement. L’obésité et le surpoids touchent maintenant un tiers de la population générant un ensemble de maladies chroniques, et au premier chef, le diabète dont le nombre a doublé en 10 ans. Les atteintes de la reproduction, notamment la baisse de la qualité du sperme et l’infertilité qui touche un couple sur sept, laissent planer un doute sur l’avenir même de l’espèce humaine. L’asthme et les allergies ont doublé en 20 ans…Les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson) progressent avec des causes environnementales de plus en plus clairement identifiées. Les nouvelles maladies de l’environnement comme les syndromes d’hypersensibilité touchent une fraction notable de la population sans être vraiment prises au sérieux. La santé mentale est aussi impactée par l’environnement, notamment pour l’enfant à la suite de l’exposition de ses parents au mercure, aux PCB ou aux pesticides, mais aussi de sa propre exposition (saturnisme, additifs alimentaires).
Des progrès ont été faits en matière de pollution urbaine, mais la pollution intérieure est encore peu prise en compte. La ressource en eau est maintenant quasi-totalement polluée par les pesticides et de façon durable. Le milieu de travail continue d’être géré selon une conception de la prévention qui a conduit à la crise de l’amiante. Des études de plus en plus nombreuses montrent que la population se retrouve imprégnée dans sa quasi-totalité, y compris dès la gestation, par des substances toxiques sans que cela n’entraîne de programmes d’action conséquents pour diminuer, voire éradiquer ces pollutions.
Un fossé de plus en plus béant
Le fossé est ainsi de plus en plus béant entre la réalité de ces épidémies modernes que vivent les Français et la faiblesse des politiques publiques pour y faire face et agir sur les causes environnementales. Le gouvernement s’apprête ainsi à réformer le système de santé sans faire même référence à la réalité sanitaire de la croissance des maladies chroniques pourtant cause de la majorité des dépenses de santé, préférant s’en tenir au discours lénifiant et faux du vieillissement comme la seule et unique explication de cette augmentation. Pire, à cette occasion, sous prétexte de rationalisation, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire et Environnementale (AFSSET) va disparaître sans avoir jamais eu véritablement les moyens de remplir sa mission. Pour une part, cette myopie politique tient à une vision dépassée de la conception de la santé reposant sur la seule politique de soins et ne laissant qu’une place marginale à la santé environnementale. Cela tient aussi à une mauvaise volonté évidente de faire vivre le principe de précaution, en raison d’une complaisance trop fréquente pour les producteurs de risque. Comment expliquer que des technologies nouvelles comme la téléphonie mobile, les nanomatériaux ou les OGM aient pu être ainsi développées sans avoir été sérieusement évaluées ?
Constituer un Réseau Santé Environnement (RES)
Nous affirmons qu’il est urgent de changer de logique et de considérer comme primordiale la relation de l’homme à son écosystème afin de mettre la santé environnementale au cœur de la politique de santé. Nous appelons à constituer un Réseau Santé Environnement pour rassembler tous ceux qui se reconnaissent dans cet objectif : associations, syndicats et personnes (citoyens, professionnels de santé et scientifiques).
Le RES se donne pour but d’agir pour peser sur les politiques publiques, mais aussi sur les producteurs de risques, lesquels, malgré des progrès comme le mouvement pour la chimie verte, restent encore très largement guidés par une politique de négation de leur responsabilité.
L’objectif du RSE est aussi d’agir au niveau européen avec les forces regroupées dans l’Alliance pour la Santé et l’Environnement et plus largement au niveau mondial avec tous ceux qui luttent pour promouvoir la santé environnementale.