Lors de mon adolescence, autour de moi, j'entendais chanter l'Internationale et d'autres chansons communément dénommées "révolutionnaires".
Avec mes copains de "Jeunes et Nature", aux côtés de FrançoisTerrasson http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Terrasson
avec son association "Défense et renaissance du bocage", nous avions nos propres chansons révolutionnaires, beaucoup plus teintées de vert que de rouge. Elles étaient et sont révolutionnaires en
ce sens qu'elles se dressent contre la dictature absolue de la technique, contre l'écrasement des personnes et de la nature sous le rouleau-compresserur d'un soi-disant progrès.
Madame la Colline, de Gilles Servat, chant de révolte contre les travaux connexes au remembrement en Bretagne, étaient de celles-là. Je ne l'ai jamais vraiment oubliée mais depuis le terrible
orage de Juin dernier et l'inondation de ma maison, elle passe à nouveau en boucle dans ma tête. Ce jour là, y' avait pas photo: la puissance dévastatrice des torrents qui se
formaient empruntait bien le chemin des haies qu'avaient plantées les anciens et que les deux dernières générations ont mis le plus grand soin à arracher
systématiquement.
Je ne peux m'empêcher de penser à cet étudiant trotskyste qui, en 70, alors qu'au pied de la tour Jussieu, nous tentions d'informer sur le massacre qui se préparait dans le Parc de la
Vanoise, nous avait déclaré "La nature est un concept bourgeois" et à qui j'avais répondu "Et toi, tu es un con tout court".
Peut-être,aujourd'hui comme beaucoup de ses semblables, roule-t-il en un rutilant 4x4 sur les Champs-Elysés, peut-être a-t-il voté Sarko lors des dernières présidentielles. Pas moi.
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Quelques-uns de mes enfants
arbres. Le vilain poteau téléphonique, métallique de surcroît, n' en fait pas partie mais fut bouché par les soins de ma famille en 1981, pour sauver la vie des oiseaux cavernicoles,
des écureuils, etc.
Madame la Colline |
Mes racines ont arraché
Je n'ai plus d'eau dans ma poitrine
Et l'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
Dans les prairies, l'herbe était si belle
L'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
J'entends taper le seau sur le fond du puits
Dans les dessous de mes fossés
L'ombre était douce et accueillante
Les animaux pour se soigner
Y trouvait des herbes et des plantes
Et l'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
Dans les prairies, l'herbe était si belle
L'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
J'entends taper le seau sur le fond du puits
Beau rossignol du bois joli
Si tu nous quittes pour toujours
Qui chantera pendant la nuit
Nos doux messages à nos amours
Et l'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
Dans les prairies, l'herbe était si belle
L'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
J'entends taper le seau sur le fond du puits
C'est notre histoire que nous gravions
Dans les sillons de nos cultures
Chaque champ portait par son nom
Témoignage de notre culture
Et l'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
Dans les prairies, l'herbe était si belle
L'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
J'entends taper le seau sur le fond du puits
Les noms et les mots, on les rase
Les champs reçoivent un numéro
Pour notre histoire et pour nos phrases
Le numéro c'est le zéro
Et l'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
Dans les prairies, l'herbe était si belle
L'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
J'entends taper le seau sur le fond du puits
Mais pourquoi tant d'acharnement
A vouloir que tout on arrache
Est-ce que c'est pour le rendement
Ou pour que personne ne s'y cache
Et l'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
Dans les prairies, l'herbe était si belle
L'eau s'enfuit, s'enfuit, s'enfuit
J'entends taper le seau sur le fond du puits