Quelques poèmes de Brigitte Fraval.
Merci Brigitte!
Merci pour tout!
Et même au-delà de tout.
Lune
Silhouette ciselée sur la lune claire,
Sourire à peine esquissé , mystère,
Elle attend le réveil des réverbères ,
Le bruit de ses pas durs sur la terre
Bruissante des givres de l'Hiver .
Il viendra celui qu'elle espère .
Il viendra dans une brume légère
Ses yeux d'ombre grand ouverts ,
Jetant à la nuit son rire solaire .
Il viendra goûter la lumière
Qu'elle a scellée à ses paupières .
Sur la table ,quelques branches de lierre,
Une carafe rubis et deux verres.
Il viendra , C'est comme une prière
Tant que les réverbères encore éclairent,
Boire le vin et caresser sa peau amère
Il viendra avant que ne se referme la terre
Sur le silence de ses rêves éphémères .
L'absence
La morsure au creux du ventre,
Fleur vénéneuse du doute
Roule sa houle douloureuse
Là où le cri prend vie,
Là dans l'étranglement.
Gorge dure nouée au silence .
Les secondes coulent les heures
Au sable froid de l'attente .
Terreur muette de l'oubli,
Lames glacées en fulgurance
Les battements lourds du coeur
Cognent aux tempes , durs , lancinants .
une porte claque , espoir meurtrier ,
Sussuré par un vent mauvais
Qui vient battre au seuil
Le rappel de l'absence .
Petite vie
Recroquevillée , tête dans les genoux ,
Petite vie sans horizon ,
Petites envies sans passion ,
J'ai oublié d'être debout .
Le regard vrillé sur l'horizon ,
Pulsations à peine au creux du cou
Comme des mots trop doux
J'ai oublié le feu de la déraison .
Mains ouvertes ,vides de tout ,
A peine l'espoir d'un bourgeon
Dans l'entrelac des sillons ,
J'ai oublié d'aimer les vents fous .
Détenue consentante d'une prison,
Où dorment tous mes dégoûts ,
Gisent mes rêves sens dessus -dessous ,
J'ai oublié que la vie se fait de moissons .
Dans un murmure , un souffle , un rien , un tout
Une dernière lueur ,ultime oraison .
Saisons
Laisse filer le vent
Sur les plaines sombres .
L'été s'est immolé
Aux derniers feux
Des rires clairs de la mer.
Laisse venir le givre
Aux herbes perlées .
L'automne s'en est allé
Dans l'odeur puissante
De la terre endormie.
Laisse les parfums frémir
Aux matins de soie pâle .
L'hiver a déposé ses brumes
Aux voiles légers
Des aubes nouvelles.
Laisse éclater les ors
Au ciel ivre de bleu.
Le Printemps s'est esquivé
Accrochant son velours frais
Aux regrets des lilas éteints.
Laisse glisser le temps
Au sablier des heures.
Il est la vague
Qui porte à sa frange
L'entêtement farouche de la vie.
Vertige
Ligne d'horizon
Nette , tranchante ,
Si loin de sa source d'ambre .
Ni or , ni brume ,
Juste un trait .
Dur sur l'encre des abîmes.
Etreinte du vent
Apre , glacée
Si loin du feu des étés .
Ni chant ,ni caresse ,
Juste une lame .
Silex sur le silence de la grève.
Sur ma peau impatiente
Inquiète ,absente ,ta main
Si loin de ce qui fût .
Ni glace ,ni braise.
Juste un leurre
Sur mes paupières closes.
NB; J'ai emprunté le titre de ce "post" à une chanson de Véronique Pestel.