Photo prise du haut du terrain, cet été. Les premiers arbres.
Toujours depuis le haut du terrain, mais de l'autre côté. Vue plongeante sur le fond de vallée ( route de Roncevaux et de Pampelune) où devait passer la voie rapide "Transnavarraise" , projet que nous avons réussi à faire abandonner, au bout de dix ans d'un combat sans repos.
Quand j'ai quitté Paris pour vivre dans la campagne basque, j'avais 20 ans. J'étais depuis fort longtemps et je resterai toujours une obsessionnelle de la plantation d'arbres.
J'ai vendu tout ce que je possédais, en particulier une aquarelle que le peintre cubiste Auguste Herbin, http://www.registre-des-arts.com/peinture/auguste-herbin-1882/
un ami de mon père, m'avait offerte à ma naissance. Je crois bien que si j'avais trouvé acheteur pour mes vieilles chaussettes, je n'aurais pas hésité à les vendre, afin de pouvoir acheter 1 ha 700 de landes au-dessus d'Uhart-Cize. C'était une occasion qui se présentait, mais le vendeur avait vu venir la bonne poire ( "Quand on aime, on ne compte pas") et m' a vendu cette lande très certainement près de dix fois son prix, d'autant qu'il n'y avait pas d'autre---poire, enfin en tous cas, pas d'autre amateur.
Durant le mois d'Octobre 1973, je suis montée à ce terrain chaque jour à pied, (trois quarts d'heure en montant, une demi-heure en descendant), avec une houe et une pelle sur le dos, et j'ai creusé le nombre de trous suffisant pour pouvoir planter des châtaigniers du Japon, réfractaires à la maladie de l'Encre. Un voisin m'a aidée pour clôturer le terrain et, en Décembre, je pouvais enfin planter mes châtaigniers, portés sur le dos, eux aussi.
Je vous passe tous les aléas arrivés par la suite: par exemple, des actes de malveillance comme l'ouverture du portail ( à plusieurs reprises tandis que j'étais partie un mois faire les vendanges en Gironde pour survivre) et aujourd'hui encore les flammes de ces écobuages de malheur qui lèchent les frondaisons. Bref, en comptant aussi les coups de vent si nombreux et forts dans cet endroit exposé, ça n'a pas poussé vraiment comme je voulais. Mais n'empêche, je les aime mes châtaigniers qui aujourd'hui se mélangent aux bouleaux qui se sont plantés seuls, aux houx qui recolonisent. Bref, la nature reprend ses droits. Une garenne de lapins à 24 trous, parfois un bois de jeune cerf, des orchidées. De temps à autre un voisin s'étonne, avec cette curieuse expression directement traduite du Basque et, dans l'intonation, un reproche qui cherche plus ou moins à me faire culpabiliser: "Mais pourquoi tu as ça?" Pourquoi? Ben--- pour ça, pardine! Pour la Joie, comme aurait dit Jean Giono.
Vue prise depuis le bas du terrain, il y a dix jours.
La clôture, depuis, a rendu l'âme, les piquets pourrissaient , se couchaient. J'ai tout démonté, offert à la cheminée ouverte, seule source de chaleur dans la maison, ce combustible qu'elle a avalé voracement.
Depuis, chaque automne, les Pottok qui vivent librement dans la montagne, se donnent rendez-vous chez moi-non, chez eux- non, chez la nature et avalent des tonnes de châtaignes, sans penser à m'en laisser une seule, les ingrats!
Oui, mais voilà. Depuis le début du mois de Juin, j'en ai un de Pottok, moi, près de la maison!
Alors, pour l'aider à passer l'hiver, ma fille et moi sommes montées il y a dix jours pour tenter de ramasser quelques-uns de ces précieux fruits, gourmandise de la famille Pottok: Bon----, nous n'avons ramassé que deux petits sacs. Ce n'est pas avec ça que nous allons calmer l' insatiable appétit de notre gentille jument.
Mais, au retour, en redescendant vers la maison, nous avons pris quelques photos :
Et, ci-dessous, voici Gaztain (je l'ai baptisée ainsi et cela veut dire---- Châtaigne), l'heureuse bénéficiaire des quelques châtaignes "sauvées" il ya dix jours.