Les taureaux de la discorde
Par "Bayonne irréprochable".
Photo de la
blogueuse.
Les propos tenus par notre docteur-maire-député-hebdomadaire lors d’une conférence de presse de reprise en main (1), où notre élu préféré s’est ingénié à justifier le financement public de ses corridas, sont proprement ahurissants.
Epaulé par deux membres de l’élite de sa Nouvelle gouvernance, pour donner un peu de contenance à son rabâchage, Jean nous assène des affirmations comme autant d’évidences qui n’en ont que le nom et tord les faits dans le sens qui l’arrange. Une vérité montée sur mesure afin de tempérer une journalisticité par trop audacieuse.
Le trio y mélange volontairement spectacles musicaux et spectacles taurins afin de mieux noyer le déficit chronique de la Temporada. Monsieur Soroste, comptable du denier public municipal, nous explique qu’une baisse de 2% n’en est pas moins la preuve d’une fréquentation “Quasi stable” et que 92 000 euros de perte ne représentent que “0,1% du budget de la ville”; pas de quoi fouetter un chat en temps de crise.
Nous faisons remarquer à notre adjoint que 92 000 euros d’argent public, c’est aussi à peu près l’équivalent de 4,5 emplois à plein temps dont pourrait profiter une association concourant à l’intérêt général de notre ville.
Mais comme le fait observer notre maire avec esprit: tout est une question de “Point de vue”. Et que de toute façons, l’aficionado déjeunant en ville, tout ça se retrouve finalement dans la caisse enregistreuse des restaurateurs de chez nous; donc, qu’on investit à la maison.
La Nouvelle gouvernance accentue dramatiquement la crétinisation du discours municipal et la mainmise de notre maire sur sa Chose tauromachique en est un facteur aggravant.
En fait l’argument récurrent de notre premier magistrat pour justifier le financement de ses fastes bovins par le contribuable, c’est que la fiesta brava ferait partie de notre tradition, de notre identité, de notre patrimoine. Bref, de notre culture.
Mais de quelle culture s’agît-il donc? Une culture bayonnaise? Nullement. La majorité de nos concitoyens ne l’a pas. Seuls l’ont ceux qui la pratiquent et leur nombre, très relatif, ne suffit certes pas à rendre bayonnaise une culture qui n’est donnée en partage qu’à un cercle restreint de Bayonnais(es).
Et même si on peut reconnaître le caractère emblématique de la corrida, il ne saurait à lui seul légitimer un engagement aussi important de fonds publics sans l’adhésion massive et explicite de la population.
Quoi qu’il en soit, être pour ou contre l’animalicide artistique n’est finalement pas la question essentielle. En l’espèce, chacun doit se demander si, au nom d’une soi-disant culture, il est bien légitime de continuer à financer à perte sur le denier du contribuable, une forme de divertissement qui ne divertit plus grand monde.
Si, comme le fait croire monsieur Grenet, ces dépenses sont un investissement, elles ne peuvent être envisagées qu’au bénéfice de l’intérêt général car l’argent public doit être productif pour le plus grand nombre. Or, l’intérêt général de ces manifestations n’a jamais été démontré par la municipalité; loin s’en faut.
Pourquoi une coutume si coûteuse pour notre commune n’a-t-elle jamais fait l’objet d’un véritable débat démocratique de fond? La réponse se trouve dans cette déclaration impérieuse de notre tribun local: ”Je vous le dis très clairement, Bayonne est une ville taurine et le restera”.
La messe est dite. On y reconnaît l’art consommé de la fausse évidence et du slogan accrocheur de la rhétorique partisane propre à la Nouvelle gouvernance. C’est la décision souveraine et improductive d’un édile “trôné” par son père et qui trouve en lui-même sa propre légitimité. Une brillante démonstration de la gestion démocratique des affaires encombrantes, selon Jean. Nous sommes en monocratie: le pouvoir d’un seul dans la municipalité
Evidemment, tout le monde n’est pas forcément d’accord. Mais comme d’acoutumé, n’écoutant que leur courage, les élu(e)s de la majorité continueront de voter pour à l’unanimité; Causse et Bisauta compris. D’ailleurs qu’attend donc notre gendarmette de la participation citoyenne pour lancer un référendum populaire sur le sujet?
Vu la gabegie annuelle d’argent public, cela aurait le mérite de nous faire savoir si les Bayonnai(es) souhaite continuer à entretenir la marotte d’un maire, qui brandit sa légalité venue des urnes comme seule justification de ses actes, alors qu’il n’a toujours pas compris que la confiance est un exercice permanent de légitimation.
Velez Frederic.
1)sud-ouest du 25 octobre 2005 www.sudouest.fr/2010/10/25/relativite-des-chiffres-221269-642.php