
Cette tribune libre a été publiée par Pays Basque info. http://www.paysbasqueinfo.com/
Abolition de la Corrida : Pourquoi j’ai signé
Née en Pays Basque intérieur, y ayant toujours vécu, c’est fort tard que j’ai commencé à entendre parler de la corrida. Je l’ai tout de suite perçue comme une incongruité, quelque chose d' étranger au pays et à sa culture, une sorte d’enclave espagnole ancrée quelque part dans un quartier de Bayonne et dans quelques villes d’Hegoalde et qui ne me concernait pas, pas plus qu’elle ne concernait ma famille ou mes amis.
Dès que j’ai voulu m’informer un peu plus sur le sujet, j’ai perçu cette torture d’un herbivore poussée jusqu’à la mort et érigée en spectacle, comme l’expression d’un machisme omniprésent qui ne cherche à maquiller son sadisme derrière des fanfreluches, des dorures, de la musique, tout un discours philophico-artistico-religieux de pacotille et de quai de gare, que pour mieux lui laisser libre cours...
Les Républicains espagnols avaient aboli ce spectacle sordide où ce qu’il y a de pire dans l’être humain se révèle au grand jour, banalisant la cruauté. Franco l’avait rétabli, allant jusqu’à s’en servir de manière magistrale, en le combinant avec la généralisation de la télévision dans les foyers, afin d’asseoir plus confortablement son pouvoir mortifère.
Que voulez-vous, je ne vais pas changer, je suis Basque, je suis femme, je suis mère, grand-mère également, je suis enseignante de petits enfants. Cette identité là, bien plus réelle et profonde que celle dont veut nous gratifier Monsieur Besson, ne peut se satisfaire des discours lénifiants sur la tauromachie, discours enjôleurs destinés à nous pousser à l’acceptation de l’inacceptable. Cette identité là, que je revendique, me donne au contraire une obligation morale, celle de dénoncer tout ce qui viole les principes universels qui doivent permettre à l’être humain de s’humaniser enfin.
Et en tant que Basque enracinée dans une culture et un territoire mais les yeux et le cœur ouverts sur le reste du monde, je ne peux plus tolérer que pour vendre mon pays à l’extérieur, les marchands de tout poil présentent depuis quelques années ce pays, le mien, comme intimement lié à un spectacle de barbarie, et ceci avec un acharnement qui frise la monomanie pour certains médias et dépliants touristiques.
C’est pourquoi j’ai signé avec enthousiasme la pétition du CRAC Europe http://www.anticorrida.com/
pour, dans un premier temps, l’interdiction de l’accès aux arènes pour les moins de 18 ans et à terme pour l’abolition pure et simple de la corrida. Je vous invite à en faire autant.
Si plus un centime d’argent public ne vient tenter de combler le déficit des corridas, ce spectacle qui trouve ses origines dans les occupations guerrières ( cf « Histoire de la corrida en Europe du 18ème au 21 ème siècle », de Madame Elisabeth Hardouin Fugier) devrait s’éteindre de lui-même. N’est-ce pas, Monsieur Grenet ?
Tortura ez da gure kultura. Korrida, aski da !