Une contribution de Brigitte Fraval.
Je ne veux pas être la main qui se lève pour dénoncer , conspuer, aliéner la liberté du coupable désigné d’avance .
Je ne veux entendre ni les vivats , ni le silence qui entoure la sentence . Je veux l’oiseau qui trille au vert tendre du feuillage caressé par la brise d’un matin clair .Libre.
Je ne veux pas le regard qui se détourne du grabat où gît , ivre à mourir, cet homme qui a tout perdu avalé , broyé par une société qui ne reconnait que les nantis .
Je veux , si je ne peux lui tendre la main , au moins le regarder dans son insoutenable détresse , pour ne pas pouvoir dire « je ne savais pas » . Je veux que mon regard le reconnaisse comme vivant.
Je ne veux pas armer le bras qui frappe, poing , lame , canon , dans la chair des innocents , dans l’histoire des peuples massacrés .
Je veux le respect de l’autre dans sa diversité , de couleur , de coutumes , de croyances , de religion , seul espoir de cessez le feu , arc en ciel sur les barbelés.
Je ne veux pas d’une religion qui prêche l’amour et le détruit , enfants trompés , diktats obsolètes , autant de vies arrachées que de paroles bafouées .
Je veux un droit à l’espoir pour chaque être , quel que soit le nom qu’il donne à cet espoir , religion , amour , ou autre , un droit à l’éclaircie . Le droit sacré de disposer de soi sans s’aliéner à quelque Dieu omnipotent et guerrier .
Je voudrais que nos larmes ne se perdent plus et nous fassent grandir , que nos rires désarment les marchands de rêve , que nos révoltes écrasent les frontières qui nous isolent.
Je voudrais tant de choses que la peur me retient à la lisière du chemin .