Une contribution de Gilles Marchal.
Elle avait seize mois ; c’était déjà une vieille bique pour une louve de Sibérie. Je l’observais, pas plus rassuré que cela, un peu matamore. (pas matador quelle horreur!) Pas question d’avancer une main, de tenter une caresse, il n’y a rien de plus idiot pour apeurer un animal. Alors, j’ai pris mon courage à deux fesses, je me suis assis à un mètre d’elle et j’ai maté un horizon illusoire comme si j’étais seul. Je lui parlais de ma voix grave qui en a fait fléchir plus d’une. (herk herk !)
Tu sais qui est notre président ?
? ? ? ? ? ? ? ?
C’est Giscard d’Estaing
……….
Et les taxis G7 tu connais ?
Mon amie me disait d’arrêter mon cirque. Je tournais ma tête qui surmonte mon corps d’albâtre (bon d’accord, d’albatros) un tout ti peu, et je vis que son museau avait parcouru 20 cm dans ma direction.
Alors je me suis disposé en crétin prenant le premier soleil de mars, mes mains de guitariste posées derrière mon séant, me disant qu’après tout, il me resterait toujours suffisamment de doigts pour faire un bras d’honneur à la spa, alors que le contraire eût été impossible…
Je me demandais ce que je foutais là, à faire mon malin et puis, j’ai senti une timide léchouille. Ouahou, je suis allé chercher le museau d’où était parti ce bisou allégeant.
Pendant 3 ans, nous sommes allés partout, je l’emmenais en ouikène dans une auberge amie où elle pouvait nager, cavaler, hurler.
J’habitais Neuilly et lorsque je partais sans pouvoir l’emmener, je la laissais sur la terrasse au dessus du 4ème étage.
En face de chez moi il y avait des bureaux IBM, un soir, on sonne…
Bonjour, c’est à vous le chien qui hurle à la mort tous les après-midi ?
Bonjour ! Ce n’est pas un chien mais une louve…
Souvent par la suite, j’allais la chercher et je la montrais à tout le bureau, fenêtres ouvertes… un vrai loup à Neuilly.
C’était anormal comme situation, alors j’ai passé une annonce dans le « chasseur Français » louve de Sibérie, blanche, 40 kgs, vaccinée et tout et tout… j’ai eu une réponse d’un magnifique mâle ; la rencontre s’est faite dans le centre de la France. J’espère qu’ils ont vécu heureux, je n’ai jamais eu le courage d’appeler.