qui aime beaucoup cette chanson.
qui aime beaucoup cette chanson.
Une contribution de Daniel Labeyrie
L'été se glorifie dans la démesure
Renversant la coupe des chagrins
Sur la nappe brûlée des mélancolies
L'été s'invente des vols d'hirondelles
Effleurant la peau claire des gouttes d'eau
Sur l'onde habillée de cris de joie des enfants
L'été se noie dans les vents brûlants
Fripant les feuillages des arbres haletants
Sur les collines hirsutes des bocages
L'été fait taire les oiseaux bavards
Cachés dans l'ombre suffocante des fourrés
Au zénith des jours de canicule
L'été déploie ses rayons solaires
Défiant les pluies océanes
Abandonnées aux lointains horizons
L'été déchaîne les insectes
En sauvages concertos nocturnes
Dans la jungle des herbes folles
L'été se veut maître des lieux
Vouant à la noble paresse
Les désirs de prouesses laborieuses
L'été brouille ses cartes à la faveur des orages
Percutant leurs tams-tams enflammés
Sur la peau éphémère des nuages
Douanier Rousseau, La muse insipirant le poète, 1909 (portrait de Marie Laurencin et Guillaume Apollinaire).
Certains qui me connaissent ont tenté de lire de la poésie, en vain. Comment lire la poésie, et l’apprécier, puisque tant de gens la fuient parce « qu’ils n’y comprennent rien » ?
Considérez comme faux ce qui suit :
- La poésie ? De jolies phrases qui riment, avec le même nombre de syllabes dans chaque vers !
La rime n’est pas nécessaire. En appui au dictionnaire de rimes, je prends la version CD – Rom d’un dictionnaire. J’y trouve la fonction « recherche phonétique ». Elle me liste tous les mots finissant par un son : facile, Émile ! Quelle belle rime, lorsque bien présente, elle se fond dans le tout, naturellement, ou qu’elle arrive en coup de frein, pour suspendre l’élan. Sinon, son poids mort casse le rythme des vers : une ballerine en snow-boots, tutu et casque lourd pour tenter des entrechats discrets. Il en va de même pour le mètre, le nombre de syllabes : on peut le conserver. Trop rigide cependant, il dessert le souffle. Le souffle ? La respiration, haletante ou profonde, qui, dans nos parlottes habituelles colore tout autant les mots, leur donne épaisseur et force, voilà le filet d’eau dont aucune digue ne doit briser la puissance.
- Les poèmes qu’on ne comprend pas, ce n’est pas de la poésie.
Beaucoup de philosophes ont écrit de mauvais poèmes : Voltaire par exemple. Pourquoi ? Parce qu’avec des rimes de 800 tonnes, il décrit non pas des émotions, mais des idées. Remises en prose, comme un bon exposé philosophique, on y sent des faiblesses. Alors pour faire passer la pilule, hop, on mouline le tout en alexandrins. Ça vous donne un côté vieux sage, croit-on. Que nenni ! Sous les douze pieds moralisateurs se cache un laxatif puissant. Ils emmerdent — je n’ai pas d’autre terme aussi proche de sa vulgarité — tout le monde…
Voltaire écrit : « Demandez aux mourants, dans ce séjour d'effroi /Si c'est l'orgueil qui crie “O ciel, secourez-moi ! O ciel, ayez pitié de l'humaine misère !” /“Tout est bien, dites-vous, et tout est nécessaire.” /Quoi ! l'univers entier, sans ce gouffre infernal/Sans engloutir Lisbonne, eût-il été plus mal ? ».
On le lit bien : « l'humaine misère », voilà une lourdeur de trop, placée ainsi pour la rime, pour le mètre. Dans tout ce texte, matière à une prose en uppercut, l’absence de poésie ailleurs que dans la forme académique rend l’ensemble grandiloquent. Comptez le nombre de fois où en si peu de vers, Voltaire utilise le verbe « être ». Ce verbe terne répété manifeste la fadeur du propos. Au final, on écoute poliment les longueurs que la recherche de la rime et du mètre impose. Faute de raisonnement bien boulonné, car Voltaire se savait sans plus d’arguments que d’autres sur ce point, les « Donc », les « Car » ont cédé la place à des « Ô », des « Ah » surjoués, bidon.
- Qu’y a-t-il à comprendre dans un poème ?
Le minimum. Le poème prononce ce que l’essai, l’exposé, la démonstration, le roman, la nouvelle ne peuvent pas exprimer.
Tout le poème mélange la musicalité et l’émotion. Le poème c’est de l’émotion qui chante. La technique n’a d’autre justificatif que d’y mener.
Ne cherchez pas ce que l’auteur a voulu dire par là, s’il a vécu ou inventé : ressentez l’émotion.
Quand R. M. Rilke écrit « Dansez l’orange », quel mouvement, quel parfum éveille en vous quel sentiment ? Le sentiment enfin atteint, le poème sera lu.
Oui, P. Celan est très hermétique. Si l’on veut « comprendre ». Qu’on se laisse pourtant saisir par l’ambiance, le ton, et alors son monde apparaît. Ensuite, comme les topinambours, on aime ou pas…
Quant à la joliesse, cela dépend du modèle. G. Benn est morbide. Mais son travail cherche un hymne à la beauté au creux des salles de dissection, à la « Morgue ». Le thème, le sujet du poème demeurent parfois inconnus du poète lui-même. L’internet, avec ses milliers de blogues poétiques, montre la facilité à mettre par écrit un bon gros chagrin. « Amour, toujours, pour » contre « sage, volage, mariage ». La poésie ne pourrait donc restituer le bonheur, sans les « Ah », « Ô » et adjectifs de circonstance ? Certes, le mièvre guette. Travailler à écrire le simple, le bonheur : rude et bel exercice. L’exploration de la complexité du simple, de l’étrangeté du banal, guidé par la poésie nous mène au tréfonds de nous-mêmes et du reste.
Si vous voulez lire de la poésie, laissez-vous guider par l’émotion, même fugace, même infime, même confuse. Les assonances, les glissements de son et de sens, les images concrètes et le flou du rêve, tout vient la servir. Oui, un soldat peut dormir la nuque baignant dans un frais cresson bleu. Non, à ce moment du « Dormeur du Val », l’herbe n’est plus verte. Si cela vous désarçonne, alors prenez les poèmes calmement, en imaginant ce qu’ils lâchent mot à mot. Laissez vous aller à la rêverie : « cela me rappelle, on dirait un peu comme quand... ». Très vite, cette lecture s’imposera, et vous entrerez dans les poèmes, car déjà eux vous attendront en vous.
Ensuite, après bien des lignes, dont les vôtres, car le beau est fécond, vous discernerez le cliché standard, ce vêtement trop usé, aussi facilement qu’entre deux couscous, vous saurez celui qui vient de la cantine et de son fer blanc. Vous serez déçu par l’arnaque des « chevaliers de la rime dans les cités du crime » : ils ont des choses à déclarer, mais doivent tout apprendre de la langue, et oublier comment la démagogie les a poussés au premier plan. Vous verrez les soudures où l’auteur a peiné ; vous compatirez, parfois émerveillé, d’autres fois notant le procédé : on ne sait jamais ce qui peut servir. Vous admirerez — car vous les verrez — et le travail fait par l’un pour parvenir, après des années de gammes, à une spontanéité criant sa vérité du jour, et la façon dont un autre rivette des mots lentement choisis, et la maîtrise de la grammaire que cet autre possède pour la contraindre à exprimer ce qu’il veut. Vous verrez lequel a du talent et de la maestria, tout en sachant vous laisser faire, vous laisser guider vers le plaisir.
La première fois que, relisant pour la dixième fois peut-être une strophe, vous sentirez vos yeux s’humecter sans savoir d’où cela vient, ou bien qu’une phrase nouvelle s’installera en vous avec l’aisance d’une évidence, ou bien que la sonorité d’une strophe suffira au-delà du sens des mots à rénover totalement ce que ces mots peuvent exprimer, alors vous aurez appris à lire la poésie.
Puis une fois tous les dix ans, ou dix fois par jour, quand un bouleversement vous saisira, vous aurez à la main ou en mémoire, la légende de cet arrêt sur image : ce sera de la poésie. Vous serez heureux de rejoindre ce genre de station de bus, cette page avec ses mystérieuses petites lignes dites des vers, véhicule plus ou moins cahotant, mais en route vers Cythère : « Invitation au voyage ».
Parvenu à ce point, vous entendrez ne serait-ce que parfois, les poèmes muets enfouis dans un brin d’herbe, un regard, un lampadaire et trois ratons laveurs. L'essorage de la machine à laver vous dictera une rythmique, les noms de ce qui tombe sous vos yeux, un abécédaire. Là, entre les choses de la vie, vous percevrez la silhouette vague d'un poème à naître. Avec plus ou moins de réussite, je suis prêt à parier que, dans les replis du quotidien ou la saillie d’un satori, vous tenterez de trouver les mots de ces textes encore silencieux pour les mener au jour.
Vous aurez alors appris à lire et à écrire la poésie.
P.-S. : Désolé de n'avoir pu faire plus court sur un tel sujet…
Le Mondarrain présente sur ses flancs de nombreuses petites tourbières, milieux humides si particuliers, et aujourd’hui menacés. Pour les préserver, le Conservatoire Régional d’Espaces Naturels (CREN) d’Aquitaine et les communes d’Espelette et d’Itxassou collaborent depuis de nombreuses années. Il s’agit surtout de protéger les tourbières du piétinement par les pottoks et les vaches, tout en leur permettant de s’abreuver à proximité. Des clôtures ont ainsi été efficacement mises en place autour de quelques tourbières depuis plusieurs années. Il faut aujourd’hui en construire de nouvelles, pour assurer la préservation de certaines tourbières qui se dégradent rapidement. Le CREN souhaite mener une action citoyenne, permettant de sensibiliser le public dans un esprit de convivialité, en organisant un chantier de bénévoles autour des tourbières du Mondarrain. Nous vous convions : Au programme : découverte des tourbières, pose de clôtures. Se munir de chaussures de marche, vêtements de pluie, gants de chantier. Prévoir de l’eau et un pique-nique INSCRIPTION OBLIGATOIRE AVANT LE MERCREDI 20 JUILLET, 18 H , Animateur encadrant : Priscille L’HERNAULT, Tangi LE MOAL Rendez-vous : 8 h 30 Pour tout renseignement, et pour les inscriptions préalables, contactez-nous : Téléphone/ fax : 05 59 56 92 97 ou 05 40 39 49 54
Mail : p.lhernault@cren-aquitaine.fr Jeudi 21 juillet 2011
Photo: Richard Cuisset.
Une contribution de Daniel Labeyrie
Il faut que le hasard renverse la fourmi pour qu'elle voit le ciel … Proverbe arabe
Le soleil au zénith,éclaboussait des petits morceaux de rayons à travers les hautes branches du merisier où quelques merles gaillards festoyaient de fruits inaccessibles.
Un bourdon téméraire escaladait les fleurs de l'acanthe tout en fredonnant un discret refrain de baryton.
A l'autre bout du verger, dame fauvette , invisible , s'égosillait pour le plaisir de l'assemblée.
La tablée d'amis des quatre vents devisait de tout et de rien sur la terrasse tout en sirotant quelque doux breuvage.L'amitié se conjuguait au temps présent pour le bonheur de chacun. Madame Céleste trônait en bout de table dégustant un succulent petit vin de messe.
Soudain, venue de je ne sais où , une petite fourmi a chu dans le verre de Céleste : l'insecte se débattait dans le vin de messe mais les six pattes ne suffisaient guère pour aborder la paroi du verre afin d'opérer un sauvetage sous la forme d'une remontée jusqu'à la bordure supérieure.
Comment diable, si j'ose me le permettre, un insecte aussi insignifiant, pourrait-il sortir d'une situation aussi désespérée ?
Le vin non officiellement consacré par le curé du village n'empêcha pas dame fourmi de trouver un certain plaisir à se repaître du divin élixir que l'athée le plus convaincu ne dédaignerait pas non plus.
La fourmi voyait donc le ciel mais l'ivresse aidant, pour elle, l'azur devait se découper dans un univers où les lois de l'harmonie échappent aux règles édictées par les conventions académiques.
Monsieur le curé, dans son église , trouverait ce petit incident totalement ridicule , voire grotesque: seul François d'Assise accorderait une certaine importance à la chute d'une fourmi dans un verre de vin de messe.
Que le Très-Haut , dans son immense miséricorde, pardonne à cette infime bestiole ces petits moments d'ivresse à la faveur de quelques agapes estivales.
Retournant à sa triste réalité, le petit être se débattait dans son breuvage et madame Céleste ne voulait en aucune manière sacrifier son apéritif: que fallait-il faire ? Jeter le contenu c'est-à-dire « jeter le bébé avec l'eau du bain » ? Impossible !
Finalement, l'un des convives, avec la plus extrême délicatesse, la plus profonde concentration, trempa la lame de son couteau dans le verre pour sauver la malheureuse qui fut déposée sur une branchette de jasmin.
Ce drôle de bain ne perturba pas le dimanche ensoleillé de la bande de joyeux
lurons: à l'autre bout de la table personne ne fut au courant de la chose.
Quoiqu'il en soit, la liturgie peut prendre parfois d'autres chemins et l'énivrement d'une fourmi dans un petit océan alcoolisé est bien préférable à la noyade dans un bénitier !
Daniel Labeyrie
Photo Christian Sinibaldi. 14 Août 2004.
Pierre Lortic, adhérent et militant au PS vous propose de signer sa lettre ouverte ci-dessous. La liste sera alphabétique et précisera l’appartenance à un parti politique, l’objectif étant bien entendu de mettre la pression sur les deux partis majoritaires, susceptibles, dès demain si ils en ont la volonté, de mettre l’abolition de la corrida à l’ordre du jour de l’assemblée nationale. Les propositions de loi sont déjà déposées !
Nous sommes militants dans des partis politiques différents.
Nous sommes aussi engagés dans la protection animale.
C'est pourquoi, répondant à une provocation du lobby tauromachique, et en cohérence avec une éthique partagée, nous voulons affirmer solennellement notre commune opposition à la cruauté de ces spectacles.
Nous déclarons donc publiquement que nous n'apporterons pas notre suffrage à quel (le) canditat (e) que ce soit qui n'ait pas clairement pris position contre la corrida.
Citoyens responsables et engagés, nous assumons.
En 2012, les taureaux voteront.
Si ce texte vous convient, vous pouvez me renvoyer votre accord afin d’apparaître comme co-signataire de cette lettre ouverte.
Jean-Pierre Garrigues, Vice-Prédident du CRAC Europe pour la protection de
l'enfance.
Zoe Bray est portraitiste dans la tradition naturaliste. De double nationalité française et britannique, et ayant des attaches familiales dans le Pays Basque,
elle voyage d'un pays à l'autre depuis son plus jeune âge. Anthropologue, Zoe s'intéresse aux questions identitaires. Artiste, elle cherche à dépeindre l'Etre humain dans son espace naturel
et son contexte intime et social. Musée ouvert du mardi au samedi, sauf jours feriés : 10h-13h et 14h30-18h30.
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Une contribution de babel.
Il va faire beau jour pendant 40 jours…mais avec plein de pluies dedans.
Ce n'est pas moi qui le dis, mais la Saint Barnabé :
http://www.guichetdusavoir.org/ipb/index.php?showtopic=8651
Il a plus chez nous à la Saint Médard, mais Barnabé lui a coupé l'herbe sous le pied. La Saint Gervais en sus, ce n’est pas d'chez nous...
Fin juin : le dicton se confirme…
On peut en rire, mais j'ai téléchargé les chroniques (traduites) des dominicains de Colmar pour les années 1200 - 1300.
Au milieu d'un fatras de nouvelles très locales, de remarques sur les moeurs du temps, qui n'ont guère changé, on peut rire des signes terribles (naissance de veaux à deux têtes), frémir de la façon rapide dont sont occis moines, évêques, nobles et gueux. S'étonner que les meurtriers soient mitrés, ordonnés, féaux comme homme-liges. Mais, même en tenant compte d'un peu d'exagération, à l'adresse des soupireurs de passés, de regretteurs de l'âge d'or du jadis qui pensent qu'il n'y a plus de saison, eh bien, on apprend qu'il n'y eut jamais de saison… ou plutôt oui, il n’y a plus de saison, et ça fait 10 000 ans que ça dure ! L'année se taille en deux : quand il fait froid, et quand il fait chaud. Chefs de clan, rois, empereurs, présidents, ducs et abbés : aucun rien n’y put. Il dut bien y avoir des saisons, mais où et quand : je ne sais…
Lisez ces infos séculaires, (source : http://www.archive.org/details/lesannalesetlach00gruoft) c'est un peu long, mais drôle, authentique (d'autres faits historiques confirmés sont consignés que je n'ai pas retranscrits) avec un brin de gonflette dans le nombre de victimes, cela vous distraira…
Le temps qu'il faisait il y sept cents ans, quand il paraît qu'il y avait des saisons ?
Ben ça dépend. À dater de 1300, ça s'est mis à peler des engelures : un âge glaciaire, servi avec pestes, guerres. Et qui a duré. Le XIIe siècle fut très doux : un vrai temps à lutiner, à inventer la fin'amor. Le XIIIe a penché vers les glaces du XIVe siècle avec le chaos d'un balancier fou.
Le XXIe sera pyropige (http://www.cledut.net/xylo.htm#P). Mais cette fois, c'est nous qu'on l'a fait. Oui, le climat s'est déjà réchauffé, mais cette fois-ci les pyromanes, c'est nous : il y a une énorme différence entre une ligne globalement ascendante, et des pics ci et là, tandis que le climat s'en va vers un âge glaciaire de poche…
Disons que nous avons touché à un équilibre plus qu'instable avec nos technologies, et même l'Inquisiteur du Naturellement Réchauffé, Mr Allègre, devra dire "Amen", car un incident climatique exceptionnel, c'est deux-trois années pourries qui se suivent, ou pas, et non un changement de paradigme.
Quand on a des lunettes, Msieur Allègre, il faut lire les petits caractères du contrat passé avec ce monde qu'on regarde de haut en n'y étant qu'une infime de ses parties...
Quand on note comme exceptionnels, mais avec inclination globale, certains phénomènes saisonniers, c'est que le paradigme n'est pas un accident naturel, Msieur Allègre…
Il n'y a jamais eu de saisons certes, mais des décennies de temps pourri comme aujourd'hui, ça c'est du neuf…avec notre signature en dessous.
Annales des dominicains de Colmar, Anno Domini MCC & sequent.
1274 : Depuis le mois de janvier jusqu’à la fête de St-Jean-Baptiste, jours froids et sombres à l’époque de la pleine lune et pluie à la nouvelle lune. On ne vit point de chenilles sur les légumes. Le six des calendes de juillet (26 juin) grande pluie. Le Rhin s’éleva à une hauteur ou on ne l’avait jamais vu jusque-là ; la pluie ne cessa qu’a la St.-Jacques (25 juillet). - Jours clairs et chauds. - L'eau détruisit tous les ponts.
1275 Le jour de S'-Pierre et Paul (29 juin), le Rhin détruisit le pont de Raie ; environ cent personnes se noyèrent. J'ai mangé du blé nouveau huit jours avant la Saint-Jean-Baptiste.
On dit que de Strasbourg jusqu'à Mulhausen il y a 1500 pêcheurs.
Le 3 des nones d'août (11 août), il régna un vent extrêmement violent qui dévasta les vignes et les arbres dont il transportait les branches à 3 miles ; il enleva à Herckheim un berceau avec l'enfant qui y était couché.
1276 Les vignes fleurirent cinq semaines avant la St.-Jean.
1279 Les fruits des arbres périrent. Le froment réussit, l'avoine manqua.
Le lendemain de la St Barnabé, apôtre, il tomba une violente grêle mêlée d'un grand nombre de pierres parmi lesquelles beaucoup avaient la grosseur d'un oeuf ; plusieurs même avaient la taille des globes ordinaires ou des verres dont on se sert pour boire. Cette intempérie détruisit quelques maisons en briques et causa des dommages en divers lieux d'Alsace. … Aux bains qui se trouvent près de Remiremont, un jeune homme rendit un ver qui avait, dit-on, dix pieds de long.
Un tremblement de terre renversa beaucoup d'églises et de châteaux.
Un Frère de St.-Amarin, de l'ordre des Prêcheurs , raconta avoir vu un ver, qu'un soldat nommé Stilempe avait rendu par évacuation, ayant treize pieds de longueur et l'épaisseur d'un roseau écrasé.
Le vin fut généralement bon et cher.
En Alsace le quartier se vendait 20 deniers et la charge trente sols.
La synagogue des juifs est consumée par le feu.
Le fils du roi Rodolphe pilla les troupeaux des habitants du pays de Zurich
La moisson se fit généralement en Alsace la veille de Se-Marguerite. [20 juillet]
Ces années qui suivent ressemblent à la nôtre comme deux absences de gouttes d'eaux : mais en pire tant le chaud poussa à la folie…
1282
À Prague, capitale de la Bohême, et dans le pays environnant, il mourut de faim 630,000 hommes.
Une femme avoua avoir tué plusieurs enfants et les avoir mangés, pressée par la faim. Un homme avoua pareillement avoir tué vingt et un hommes et les avoir mangés avec avidité.
En Alsace, le viertel de froment valait une livre, et le quartier de vin deux sols.
⇒ TRÈS TRÈS CHER
Les soeurs de St.-Jean sous les Tilleuls de Colmar (Nota = le fameux couvent Unterlinden !), de l’ordre des frères Prêcheurs, furent réduites, pendant six semaines, à ne se nourrir que d'une espèce de bouillie ou de soupe ; elles n'avaient que deux fois par semaine du pain ; 1600 pauvres se présentèrent au couvent pour y recevoir l'aumône. Les pauvres mangèrent du blé nouveau en Alsace, deux semaines avant la fête de Saint-Jean-Baptiste (24 juin).
On mangeait des potirons à la Ste-Marguerite (20juillet).
1303, enfin… je lis qu'après un hiver très doux :
La chaleur fut telle en Alsace que les vieillards disaient n'avoir pas vu, de leur vie, une année aussi chaude.
L'année fut chaude et sans pluie ; il crut du bon vin qui délia merveilleusement la langue des pauvres gens.
Un vieil homme tua sa femme encore toute jeune, à Ribeauvillé. Dans les environs de Zurich, une mère tua son fils, parce qu'il refusait de lier avec elle un commerce criminel. Les vignes des montagnes produisirent du bon vin en immense quantité. L'hiver fut long. On nourrissait les moutons et les autres bestiaux avec de la paille. Les cigognes et beaucoup d'autres oiseaux périrent de faim et de froid.
On prenait beaucoup d'alouettes.
Le Rhin, à cause de ses basses eaux, ne pouvait plus porter de bateaux chargés.
La chaleur fut si intense en Alsace, que les charretiers conduisaient tout nus leurs voitures chargées par les campagnes.
Les cours d'eau étaient tellement desséchés que ceux qui faisaient tourner deux roues de moulin pouvaient à peine en mouvoir une.
L'année fut chaude, et le temps clair, sans pluie notable. Les montagnes donnèrent en abondance du bon vin, et là où l'on pensait faire trois vaisseaux on en remplissait aisément cinq.
Cependant dans quelques endroits de la plaine le vin fut faible et peu abondant.
Le viertel de blé se vendait 5 ou 6 sols, et un pain de petite dimension coûtait un denier. Cependant, lors même que le blé se fut vendu douze sols le pain eut été abondant. Mais le pain était rare parce que les moulins ne pouvaient moudre les blés. (→ Pas d’eau, pas de moulin…)
Le bon vin fut abondant et à bas prix, parce que l'on ne pouvait pas transporter les vins par le Rhin.
Le Rhin était tellement bas, par suite des chaleurs excessives, qu'en beaucoup d'endroits entre Strasbourg et Bâle on pouvait le traverser à pied. (...)
(Je passe les détails de 1313, tout était en avance de plusieurs semaines !)
Donc, si l'on vous dit qu'il n'y a plus de saisons, répondez que oui, et ça fait déjà dix mille ans qu'il n'y a plus de saisons… Mais que c’est que la première fois que ça tourne encore plus mal à cause de nous. Qu’on a attendu le XIXe siècle pour endiguer la famine en France, mais que le reste du monde a faim. Qu’on en est à la sixième extinction de masse de la vie animale sur terre, mais que, grande première, cette extinction est le fait du prédateur supérieur : l’homme.
Et dites à Msieur Allègre de la fermer : on a assez de problème comme ça…