Une contribution de babel.
Il va faire beau jour pendant 40 jours…mais avec plein de pluies dedans.
Ce n'est pas moi qui le dis, mais la Saint Barnabé :
http://www.guichetdusavoir.org/ipb/index.php?showtopic=8651
Il a plus chez nous à la Saint Médard, mais Barnabé lui a coupé l'herbe sous le pied. La Saint Gervais en sus, ce n’est pas d'chez nous...
Fin juin : le dicton se confirme…
On peut en rire, mais j'ai téléchargé les chroniques (traduites) des dominicains de Colmar pour les années 1200 - 1300.
Au milieu d'un fatras de nouvelles très locales, de remarques sur les moeurs du temps, qui n'ont guère changé, on peut rire des signes terribles (naissance de veaux
à deux têtes), frémir de la façon rapide dont sont occis moines, évêques, nobles et gueux. S'étonner que les meurtriers soient mitrés, ordonnés, féaux comme homme-liges. Mais, même en tenant
compte d'un peu d'exagération, à l'adresse des soupireurs de passés, de regretteurs de l'âge d'or du jadis qui pensent qu'il n'y a plus de saison, eh bien, on apprend qu'il n'y eut jamais de
saison… ou plutôt oui, il n’y a plus de saison, et ça fait 10 000 ans que ça dure ! L'année se taille en deux : quand il fait froid, et quand il fait chaud. Chefs de clan, rois, empereurs,
présidents, ducs et abbés : aucun rien n’y put. Il dut bien y avoir des saisons, mais où et quand : je ne sais…
Lisez ces infos séculaires, (source : http://www.archive.org/details/lesannalesetlach00gruoft) c'est un peu long, mais drôle, authentique
(d'autres faits historiques confirmés sont consignés que je n'ai pas retranscrits) avec un brin de gonflette dans le nombre de victimes, cela vous distraira…
Le temps qu'il faisait il y sept cents ans, quand il paraît qu'il y avait des saisons ?
Ben ça dépend. À dater de 1300, ça s'est mis à peler des engelures : un âge glaciaire, servi avec pestes, guerres. Et qui a duré. Le XIIe siècle fut très doux : un
vrai temps à lutiner, à inventer la fin'amor. Le XIIIe a penché vers les glaces du XIVe siècle avec le chaos d'un balancier fou.
Le XXIe sera pyropige (http://www.cledut.net/xylo.htm#P). Mais cette fois, c'est
nous qu'on l'a fait. Oui, le climat s'est déjà réchauffé, mais cette fois-ci les pyromanes, c'est nous : il y a une énorme différence entre une ligne globalement ascendante, et des pics ci et là,
tandis que le climat s'en va vers un âge glaciaire de poche…
Disons que nous avons touché à un équilibre plus qu'instable avec nos technologies, et même l'Inquisiteur du Naturellement Réchauffé, Mr Allègre, devra dire "Amen",
car un incident climatique exceptionnel, c'est deux-trois années pourries qui se suivent, ou pas, et non un changement de paradigme.
Quand on a des lunettes, Msieur Allègre, il faut lire les petits caractères du contrat passé avec ce monde qu'on regarde de haut en n'y étant qu'une infime de ses
parties...
Quand on note comme exceptionnels, mais avec inclination globale, certains phénomènes saisonniers, c'est que le paradigme n'est pas un accident naturel, Msieur
Allègre…
Il n'y a jamais eu de saisons certes, mais des décennies de temps pourri comme aujourd'hui, ça c'est du neuf…avec notre signature en dessous.
Annales des dominicains de Colmar, Anno Domini MCC & sequent.
1274 : Depuis le mois de janvier jusqu’à la fête de St-Jean-Baptiste, jours froids et sombres à l’époque de la pleine lune et pluie à la nouvelle lune. On ne
vit point de chenilles sur les légumes. Le six des calendes de juillet (26 juin) grande pluie. Le Rhin s’éleva à une hauteur ou on ne l’avait jamais vu jusque-là ; la pluie ne cessa qu’a la
St.-Jacques (25 juillet). - Jours clairs et chauds. - L'eau détruisit tous les ponts.
1275 Le jour de S'-Pierre et Paul (29 juin), le Rhin détruisit le pont de Raie ; environ cent personnes se noyèrent. J'ai mangé du blé nouveau huit jours
avant la Saint-Jean-Baptiste.
On dit que de Strasbourg jusqu'à Mulhausen il y a 1500 pêcheurs.
Le 3 des nones d'août (11 août), il régna un vent extrêmement violent qui dévasta les vignes et les arbres dont il transportait les branches à 3 miles ; il
enleva à Herckheim un berceau avec l'enfant qui y était couché.
1276 Les vignes fleurirent cinq semaines avant la St.-Jean.
1279 Les fruits des arbres périrent. Le froment réussit, l'avoine manqua.
Le lendemain de la St Barnabé, apôtre, il tomba une violente grêle mêlée d'un grand nombre de pierres parmi lesquelles beaucoup avaient la grosseur d'un oeuf ;
plusieurs même avaient la taille des globes ordinaires ou des verres dont on se sert pour boire. Cette intempérie détruisit quelques maisons en briques et causa des dommages en divers lieux
d'Alsace. … Aux bains qui se trouvent près de Remiremont, un jeune homme rendit un ver qui avait, dit-on, dix pieds de long.
Un tremblement de terre renversa beaucoup d'églises et de châteaux.
Un Frère de St.-Amarin, de l'ordre des Prêcheurs , raconta avoir vu un ver, qu'un soldat nommé Stilempe avait rendu par évacuation, ayant treize pieds de
longueur et l'épaisseur d'un roseau écrasé.
Le vin fut généralement bon et cher.
En Alsace le quartier se vendait 20 deniers et la charge trente sols.
La synagogue des juifs est consumée par le feu.
Le fils du roi Rodolphe pilla les troupeaux des habitants du pays de Zurich
La moisson se fit généralement en Alsace la veille de Se-Marguerite. [20 juillet]
Ces années qui suivent ressemblent à la nôtre comme deux absences de gouttes d'eaux : mais en pire tant le chaud poussa à la folie…
1282
À Prague, capitale de la Bohême, et dans le pays environnant, il mourut de faim 630,000 hommes.
Une femme avoua avoir tué plusieurs enfants et les avoir mangés, pressée par la faim. Un homme avoua pareillement avoir tué vingt et un hommes et les avoir
mangés avec avidité.
En Alsace, le viertel de froment valait une livre, et le quartier de vin deux sols.
⇒ TRÈS TRÈS CHER
Les soeurs de St.-Jean sous les Tilleuls de Colmar (Nota = le fameux couvent Unterlinden !), de l’ordre des frères Prêcheurs, furent réduites, pendant six
semaines, à ne se nourrir que d'une espèce de bouillie ou de soupe ; elles n'avaient que deux fois par semaine du pain ; 1600 pauvres se présentèrent au couvent pour y recevoir l'aumône. Les
pauvres mangèrent du blé nouveau en Alsace, deux semaines avant la fête de Saint-Jean-Baptiste (24 juin).
On mangeait des potirons à la Ste-Marguerite (20juillet).
1303, enfin… je lis qu'après un hiver très doux :
La chaleur fut telle en Alsace que les vieillards disaient n'avoir pas vu, de leur vie, une année aussi chaude.
L'année fut chaude et sans pluie ; il crut du bon vin qui délia merveilleusement la langue des pauvres gens.
Un vieil homme tua sa femme encore toute jeune, à Ribeauvillé. Dans les environs de Zurich, une mère tua son fils, parce qu'il refusait de lier avec elle un
commerce criminel. Les vignes des montagnes produisirent du bon vin en immense quantité. L'hiver fut long. On nourrissait les moutons et les autres bestiaux avec de la paille. Les
cigognes et beaucoup d'autres oiseaux périrent de faim et de froid.
On prenait beaucoup d'alouettes.
Le Rhin, à cause de ses basses eaux, ne pouvait plus porter de bateaux chargés.
La chaleur fut si intense en Alsace, que les charretiers conduisaient tout nus leurs voitures chargées par les campagnes.
Les cours d'eau étaient tellement desséchés que ceux qui faisaient tourner deux roues de moulin pouvaient à peine en mouvoir une.
L'année fut chaude, et le temps clair, sans pluie notable. Les montagnes donnèrent en abondance du bon vin, et là où l'on pensait faire trois vaisseaux on en
remplissait aisément cinq.
Cependant dans quelques endroits de la plaine le vin fut faible et peu abondant.
Le viertel de blé se vendait 5 ou 6 sols, et un pain de petite dimension coûtait un denier. Cependant, lors même que le blé se fut vendu douze sols le
pain eut été abondant. Mais le pain était rare parce que les moulins ne pouvaient moudre les blés. (→ Pas d’eau, pas de moulin…)
Le bon vin fut abondant et à bas prix, parce que l'on ne pouvait pas transporter les vins par le Rhin.
Le Rhin était tellement bas, par suite des chaleurs excessives, qu'en beaucoup d'endroits entre Strasbourg et Bâle on pouvait le traverser à pied.
(...)
(Je passe les détails de 1313, tout était en avance de plusieurs semaines !)
Donc, si l'on vous dit qu'il n'y a plus de saisons, répondez que oui, et ça fait déjà dix mille ans qu'il n'y a plus de saisons… Mais que c’est que la première fois
que ça tourne encore plus mal à cause de nous. Qu’on a attendu le XIXe siècle pour endiguer la famine en France, mais que le reste du monde a faim. Qu’on en est à la sixième extinction de masse
de la vie animale sur terre, mais que, grande première, cette extinction est le fait du prédateur supérieur : l’homme.
Et dites à Msieur Allègre de la fermer : on a assez de problème comme ça…