C'est vrai, vu le contenu de ce blog depuis sa création, on serait en droit de se demander s'il mérite bien
son sous-titre"--- combattante de l'écologie politique et associative".
Effectivement, je suis dans un mouvement politique depuis sa création,en 1984 mais je pense parler politique bien moins souvent que bien des gens qui n'adhéreront jamais à aucun parti. Ce n'est
pas trop mon fort, je ne sais pas faire.
Or, sur le site des Verts de Bordeaux http://bordeaux.lesverts.fr/, je viens de tomber sur le billet d'humeur d'un adhérent qui dit bien mieux que je ne
pourrais le faire ce que je pense pourtant très fort.
Le voici donc:
La face cachée du billet vert : Ecologies de droite, de gauche, alternative
La face cachée du billet vert : Ecologies de droite, de gauche, alternative
En couverture des journaux, les mots « bio » et « éco » sont omniprésents. Ca y est, l’écolo en moi devrait pouvoir respirer, la prise en compte
de l’environnement est là, partout, le gouvernement, les fabricants de voiture, EDF, Carrefour, tout le monde s’y met ! Hourra ! Vive le Grenelle de l’environnement ! Bon. Petit
récapitulatif pour souligner les différences entre l’écologie politique et l’écologie (de droite ou de gauche) qu’on nous sert partout.
Qu’est-ce que l’écologie de droite ? C’est ce qui est mis en application un peu partout : agrocarburants, nucléaire,
énergies renouvelables, voitures qui polluent moins, Max Havelaar dans les supermarchés, moins de pesticide pour traiter les jardins publics, pistes cyclables réalisées un peu partout, des gestes
de bon sens... C’est, en fait, de l’écologie démagogique : dormez bonne gens ! On ne va rien changer au cœur de notre société, à la consommation, à l’individualisme, on ne va pas
spécialement réguler, mais le marché, le sacro-saint marché, sous la pression des mentalités des gens qui s’ouvrent à l’écologie, va s’y mettre, ne serait-ce que pour conserver ses clients. D’où
l’ensemble de la comm’ sur les biotrucs et les écomachins : les premiers pollueurs de la planète récoltent des marchés de dépollution (Bouygues construit le sarcophage de Tchernobyl), et
continuent à se faire des bénéfices immenses en vendant des produits qui sont juste un tout petit peu moins pourris qu’avant. C’est important de comprendre ce qui se passe : le gouvernement
fait des annonces, produit des incitations (voir ce que disent pour l’instant les participants aux préparatifs du « Grenelle »), mais n’impose rien. Alors ce qui est formidable, c’est
que le gouvernement entend ainsi « responsabiliser » les entreprises et les consommateurs. Sauf que ces derniers, tous partisans du « c’est pas moi c’est l’autre le
responsable », du coup, ne font rien. Tout cela est profondément déresponsabilisant.
L’écologie de gauche quant à elle est schizophrène : loi sur l’air, loi sur l’eau, grandes politiques environnementales
publiques... Elle se dit interventionniste. Mais comme d’un autre côté, cette gauche reste productiviste et soumise au culte du PIB, elle reste soumise aux lobbies automobiles ou agricoles (par
exemple) et ne se donne le pouvoir ni d’informer et d’inciter, ni de sanctionner. Cette écologie est également démagogique : en produisant des lois qu’elle ne se donne pas les moyens de
faire respecter, elle stigmatise les fraudeurs sans leur donner les moyens de faire autrement : On est dans une déresponsabilisation totale.
Ces deux écologies, de droite, de gauche ont un autre point commun que la démagogie déresponsabilisante : elles
sous-estiment la gravité de l’impératif écologique et la complexité des solutions à apporter pour que ce ne soient pas les plus faibles (et pas que des êtres humains) qui en pâtissent. Que cela
soit bien clair : certes tout cela n’est pas massivement inutile. Mais c’est largement insuffisant voire nuisible par certains aspects.
Les intrications entre le social et l’environnemental, la gravité de l’impératif écologiques, la complexité du changement de société à apporter ne peuvent plus être
niées dans la société de l’information qui est la nôtre depuis 20 ans. Ce libre accès à la connaissance nous donne des responsabilités vis-à-vis de l’écosystème et des êtres qui y vivent, dont
les êtres humains. Cette responsabilité ne peut être pleine que si nous arrivons à donner des conditions d’autonomie (ce qui inclut l’auto-gestion, l’auto-suffisance...) aux différentes
communautés et groupements d’êtres humains. Cette autonomie de groupe n’est possible qu’en s’appuyant sur la valeur solidarité, chaque élément du groupe participant à son ensemble. La solidarité
à son tour est la garante ultime de la responsabilité, car comment être responsable sans être autonome ? Ce tryptique autonomie-responsabilité-solidarité est une symbiose, chaque élément est
complémentaire des autres (ce qui n’est absolument pas le cas de notre liberté-égalité-fraternité galvaudé, liberté et égalité étant souvent opposées). Il est logique que ces valeurs aient un
débouché politique, que ce soit avec des partis et associations, ou par un choix de vie alternatif, puisqu’elles sont universelles. Ce tryptique, c’est les valeurs de l’écologie politique.
Ajoutons-y une notion qui est plus un objectif qu’une valeur : la diversité, qu’elle soit biologique ou culturelle, qui permet de nous remettre en question en permanence.
Prenons l’exemple de l’énergie. C’est un exemple assez concret. On nous sert des agrocarburants et des énergies renouvelables à tout bout de champ : c’est LA
solution à la fin du pétrole. C’est insensé. Déjà, parce que la part des énergies renouvelables baisse en France (à cause des sécheresses qui baissent la part de l’hydraulique, non compensé par
le timide essor du renouvelable). Ensuite, la déresponsabilisation des individus est totale, puisqu’on leur fait miroiter que les solutions technologiques suffisent (bon, pas totale : vous
devez éteindre vos appareils en veille). Parallèlement, les réglementations évoluent pour mettre des bâtons dans les roues de ceux qui veulent acquérir leur autonomie (que ce soit pour l’énergie
ou pour l’eau) - ou, au mieux, n’évoluent pas ; les SCOP, les SCIC, l’autogestion ne sont absolument pas développées. Les solutions présentées sont portées par des grands groupes
industriels, incités en cela par des aides juteuses (payées par le contribuable). Ces groupes en profitent pour porter leur message du « consommer plus », pas franchement écolo. Enfin,
on nous MENT, comme cela a été soulevé par la Conférédation paysanne dans un communiqué daté du 20/9, sur les impacts réels de ce qui est fait sur l’environnement, alors que c’est, plus
qu’occasionnellement, très médiocre. Par exemple, l’autonomie alimentaire de certaines zones (comme le Mexique) est menacée par la surface requise par les agrocarburants qui grignote la surface
requise par les cultures vivrières.
Les solutions de l’écologie politique, c’est la fin de la voiture qui aliène, la baisse massive de consommation d’énergie par un changement de mode de vie. La
possibilité de l’autosuffisance et de l’autogestion. Moins de transports, moins de viande (18% des rejets de gaz à effet de serre sont liées à notre consommation de viande selon une étude récente
de The Lancet), plus de produits frais et locaux. Moins de consommation et plus de lien social. Moins de grandes structures dirigistes, plus de participativité.
Benjamin Caillaux.