Vado a navigare in questo vento, a navigare...
Une contribution de Daniel Labeyrie
Ciao, le poète ! Ciao le chanteur à la voix râpeuse de la vallée piémontaise... Le chef de gare de Cuneo ne sifflera plus le départ des trains.
Sa guitare, sa voix se sont envolées au gré d'une montgolfière partie pour les étoiles. Les voyageurs sont dans la peine et les valises sont lourdes.
La valse d'un jour, la dernière valse d'un chanteur-poète qui composait ses ballades entre deux trains a aujourd'hui un goût de cendre et de larmes.
Tonton Georges lui prêta son gorille qui prit bien vite les couleurs italiennes d'une saine révolte humaniste.
L'artiste, de souche paysanne, n'oublia jamais ses racines terriennes, il composa son œuvre sans le moindre souci de carrière, ce qui ne l'empêcha pas de tourner aux quatre coins du monde avec des musiciens de haut vol. Dans son Italie natale sa notoriété ne fit pas frissonner les foules mais l'auteur-compositeur n'en avait cure puisqu'un public averti le suivait avec fidélité.
« Les amants de Rome » auront sûrement un peu de peine en passant sous les ponts mais nous ne sommes après tout que « poussière de craie ».
Lucide et fraternel, témoin de son époque, il ne s'enferma jamais dans une tour d'ivoire. La barque noire des migrants dérivant sur la Méditerranée, « les semeurs de blé » tendant les mains désespérément sous les yeux des policiers, tout cela lui déchirait l'âme.
Poverino Gianmaria, tu es parti bien vite, discret, sur la pointe des notes de ta guitare.
Dans ta montgolfière, tu pourras toucher du doigt la lune, elle te portera bonheur, l'ami, dans ton voyage en éternité.
Grazie mille l'artiste...
Référence : Disques Le Chant du Monde/ Harmonia Mundi