L’élite sportive du village basque sur la mer a dû aller chanter dans une église pleine à craquer pour accompagner le retour aux cieux de l’une de ses plus belles étoiles : le pilotari Gérard Garat.
Si aujourd’hui le surf est en vogue tandis que le rugby poursuit son bonhomme de chemin, le grand chistera était, voici un demi-siècle, le jeu qui remplissait les gradins d’Hendaye à Biarritz, et en particulier à Bidart et Guéthary. Et Gérard Garat, en équipe avec d’autres maestros du terroir, accumula les titres de champion de France dans les années 60 et 70, aussi bien chez les cadets-juniors que chez les seniors.
Son épouse Elisabeth évoque en souriant ses innombrables victoires : « Un jour, la fédération en a eu marre de voir toujours Gérard, Pierre Jaccachoury, Jacques Sabalette et Billy Beheretche champions chez les amateurs, et leur a dit qu’on ne voulait plus d’eux, qu’ils aillent s’inscrire chez les indépendants ». Pierre Jaccachoury, qui deviendra plus tard maire de Bidart, déclina l’invitation, mais Gérard Garat se fit un plaisir d’aller relever les défis chez ceux qui avaient le droit de gagner quelques francs en maniant le grand gant.
Après le brutal décès accidentel de Billy Beheretche, rugbyman-pilotari, en 1971, Gérard Garat prit quelque distance avec le sport. Pas longtemps. Il repartit sur les canchas avec le même appétit de victoire, fit longtemps équipe avec le Luzien Jean-Pierre Miura. Gelos, Hiriarte, Bedere eurent aussi la joie de partager des titres nationaux avec celui qu’on n’hésitait pas à qualifier de meilleur spécialiste du grand chistera de tous les temps.
67 ans cette semaine
Modeste et discret, cultivant l’amitié et l’esprit de famille, le champion fit en sorte de passer le témoin, et à Elissaldia, le restaurant-bar-trinquet du village, où sa photo est en bonne place dans la pièce principale, la famille Exposito n’oubliera jamais que si le fils de la maison est devenu un grand joueur, c’est grâce à Gérard. Et que ce même Gérard s’est pudiquement effacé pour que le grand-père de la maisonnée, très malade, aille accompagner le « petit » pour la remise du titre.
Aujourd’hui, la Kostakoak, son club de toujours, le club de Bidart, continue à former les meilleurs jeunes de grand gant. La discipline naguère populaire est désormais plus confidentielle, même si l’été les vacanciers raffolent des envolées. Nous l’avons dit, chacun s’accorde à dire qu’à ce jeu Gérard Garat était invincible. « La seule partie qu’il ait perdue, c’est celle que nous perdons tous, contre la maladie » disaient ses amis, dimanche dernier, au match de rugby du BUC. Gérard Garat aurait eu 67 ans cette semaine.
François Trasbot