Une contribution de Daniel Labeyrie
L’Hélènie, le jardin des poètes
Le poète est notre secret le plus fort, le plus inaltérable.
Sa vie c’est la vie. Où qu’il se niche, où qu’il se cache, où qu’il veille, je le devine, je l’interpelle avec l’extrême précaution dont lui-même est vêtu, dont il m’entoure et m’enrichit.
Une vie, toute une vie à servir la poésie, à nous l’offrir à portée d’oreille, à portée d’âme. Notre chère Hélène s’en est allée, toute en discrétion, toute en humilité. Elle nous laisse un jardin sonore d’une beauté éblouissante, une fontaine où s’abreuver quand la vie nous malmène, quand nous éclabousse la boue de ce temps qui lamine inexorablement la beauté.
Contre vents contraires et marées d’indifférence, Hélène a bâti son œuvre avec la détermination d’une artisane. Le bleu de sa colline provençale l’a probablement bien aidée à enluminer tous les poèmes qu’elle a habillés de mélodies fluides et enchantées.
De Giono à Neruda, de Bérimont à Char, d’Aragon à Labé, de Genet à Martin, de Desnoues à Rimbaud, de Gougaud à Eluard, de Seghers à Moulin, la chanteuse a donné des ailes à la poésie.
« La ballade de Bessie Smith », « Femmes du feu », « Sur mon cou » (repris aussi par Etienne Daho), « Rue du château », « Mes amis, mes amours… », des colliers et des colliers de petites merveilles pour nourrir le restant de nos jours.
En Hélènie, la voix chaude d’Hélène s’invite au tréfonds de nous, nous pénètre, nous berce, nous chavire, nous élève vers un peu plus d’humanité, nous invite à résister à l’abrutissement du monde médiatique, à célébrer la femme et la part féminine qui est en nous.
Que nous ne soyons qu’une poignée de maquisards de la beauté à vous remercier, à vous célébrer, peu importe, Hélène, reine en Hélènie, merci !!!