Une contribution de Daniel Labeyrie
N'avons-nous fait que rêver ?
Tes refrains, l'ami, courent dans notre tête... du galop des chevaux au petites roulottes qui cahotent dans la douceur du soir... N'as-tu fait que rêver, l'artiste, lorsque petit enfant du déambulais à Paris rue du Faubourg du Temple entre les étals des marchands de quatre saisons, gamin en quête de ta chère liberté !
Le ciel, tu l'avais dans la tête, ciel peuplé d'oiseaux libres comme le vent et la terre collait à tes basques, cette terre du Gers argileuse et ingrate où tu plantas quelques bouquets d'arbres autour de ta maison.
Tu pleuras la chute des grands ormes protecteurs mais ton jardin savait accueillir les herbes folles où batifolaient tes chats et tes poules. Les canards cancanaient à leur aise dans leur mare et toi tu regardais les saisons de la vie avec cette innocence d'enfant espiègle.
Ta carrière emprunta des chemins de traverse où les ronciers, bien souvent t'éraflèrent le cœur mais, chez toi, le prix de la liberté ne se monnayait pas en compromissions futiles.
Heureux, comblés, nous le fûmes de t'accueillir dans nos granges et nos maisons de campagne... Tes chansons résonnaient en échos sur le revers de nos âmes... Oui, tous ces couplets ciselés de main de maître nous habitent, nous enchantent...
Le colibri n'aurait jamais pris son envol si tu ne l'avais pas posé délicatement dans ta main avant de le lâcher un soir de juin alors que la lune se hissait au-dessus des platanes pour assister à ce moment magique.
Aujourd'hui, il fait gris dans nos têtes, aujourd'hui il y a du crachin dans nos yeux, il y a comme de la désespérance « dans un coin de nos ciels bleus » mais comme tu le chantais , « il y a de l'amour qui nous attend, il y a des lunes en roses et des soleils en coquelicots »...
Oui, Romann, chante sur le terreau de nos chagrins, de nos mélancolies, de nos vagues-à-l'âme... Lai lai lai...Lai lai Lai..
Daniel LABEYRIE