"La corrida, un fait français" écrivait en 2013 Yves Ugalde.
Yves Ugalde est aujourd'hui septième adjoint de la ville de Bayonne, membre de la commission municipale, commission "Culture et jumelages, patrimoine et animation". Ah, la culture, mon bon! C'est qu'ils y ont cru, tous ces torturomaniaques, à la manne que porterait sans fin l'inscription au patrimoine culturel immatériel de la France! Et nous, les abolitionnistes de la corrida, nous leur avons volé leur beau rêve! Depuis peu, elle n'est plus au patrimoine de rien de ché rien, la torturomachie.
Monsieur Ugalde, qui en en 2011, alors que j'étais déléguée du CRAC Europe, n'avait pas jugé utile de répondre à mon courrier pourtant fort courtois, se lâche maintenant sur son mur facebook (voir ci-dessous). Tous les poncifs, une collection de beauferies, l'inévitable jouissance du macho fier d'avoir bien ri à une bonne grosse blagasse sexiste vomie entre deux rots par un mastodonte alcoolisé---la totale! Et tiens, au passage, l'esprit et le fait français sont devenus le fait et l'esprit basque. Ben voyons, quand on veut faire entrer tout et n'importe quoi dans son système de non-pensée, faut pas regarder à la méthode!
Ce n'est pas demain la veille que Bayonne va combler le gouffre financier créé par l'obsession sadique de quelques-uns! Les vrais projets citoyens peuvent attendre.
La corrida n'est que l'esprit et le fait du néant. Et les Bayonnais votent pour de bien tristes sires.
"Situation goûteuse, voire surréaliste, hier à Saint Vincent de Tyrosse, avant la corrida de 18 h. De celles qu'un apéro appuyé peut nous valoir, à condition que les festayres soient de qualité bien sûr. Les forces de l'ordre cloisonnaient les accès à la plaza à cause d'une trentaine d'anti-taurins venus nous dire la répugnance que nous leur inspirions. Il fallait donc passer le "checkpoint" de la gendarmerie nationale et montrer patte blanche. Métaphore inadaptée en l'occurrence car les Balatasar Iban ne sont pas des Barcial qui, eux, sont des "patas blancas" de grande lignée. J'observais un ami de longue date, Yves Bippus, le pater familias des areneros bayonnais, revenant du repas amical, pris sur le coup de 16 h 30 après une session anisée ou mousseuse dont je m'abstiens déjà depuis cinq ans. Ce qui m'a d'ailleurs été beaucoup reproché... Yves avait la démarche placide et imposante des rugbymen ayant joué derrière, mais très vite rejoint, la retraite venue, la charge pondérale des avants les plus respectables. Il rit, il tempête, et c'est en général le moment où tout débat avec lui peut prendre une dimension gigantesque. Un exemple: si vous n'êtes pas, comme moi d'ailleurs, un inconditionnel de Che Guevara, passez votre chemin ou n'abordez pas ce sujet de conversation. La sensibilité abertzale d'Yves est connue. Son sang ne fait donc qu'un tour quand, à l'approche de la barrière où les militants anti-taurins s'étaient regroupés, il voit un d'entre eux agiter un ikurrina. Comme si un Basque ne pouvait pas être aficionado ou si un Espagnol devait forcément l'être! Les accents des vociférateurs étaient plutôt pointus. Et ce détail n'avait manifestement pas échappé à Yves qui interpelle le porte-drapeau et lui lance un très sonore et intelligible: " Zer egin duzu ikurrina batekin?..." En français dans le texte: "Mais qu'est-ce que tu fous avec un drapeau basque?..." Il ne restait plus que dix minutes avant le paseo. La réponse se devait d'être brève et efficace. L'interlocuteur regarde Bippus comme une bête étrange. Il ne comprend pas un mot manifestement de la langue dont il brandit le drapeau national avec colère et énergie. L'homme s'explique. Il est Belge. Plutôt Wallon...La conversation qui suit prend un tour que jamais la vie courante ne pourra offrir. Il faut cette concentration improbable d'univers croisés pour en arriver à de tels sommets. Yves a décidé de poursuivre en langue basque à vingt centimètres du Belge qui progressivement met son drapeau en berne, malgré un chapelet d'injures qui sentaient bon les rives de l'Escaut. Dialogue de sourds, mais très imagé, hélas ponctué par les cris secs d'une autre manifestante traitant Yves, à intervalles réguliers, de pervers. Jugeant que le Belge en avait suffisamment pris pour son grade, Yves, au vingtième "Pervers!", se retourne vers la dame et fait une allusion très précise à sa vie sexuelle pour lui faire prendre conscience que la perversité peut très vite changer de camp. Trop drôle! Il est 17 h 55. L'heure n'est plus au débat. Yves brise là, non sans avoir salué chaleureusement ses contradicteurs qui ont raccompagné ses deux cents derniers mètres de marche jusqu'à la plaza de noms d'oiseau assez classiques qu'il balayait à distance, et sans se retourner, de moulinets sympathiques. Je croise le regard d'un des tous jeunes stagiaires de la gendarmerie en faction devant la barrière où l'échange venait d'avoir lieu. Et je vois dans ses beaux yeux bleus comme un océan de sidération...Je ne regrettais déjà pas mon déplacement tyrossais."