A ma maman qui l'aimait tant.
A Luc Romann, qui, de là où il est, sait pourquoi.
Une contribution de Daniel Labeyrie
Monsieur Béart, votre eau vive coule t-elle aujourd'hui dans une lointaine galaxie sur quelque planète où le meilleur des choses serait le bonheur, peut-être dans une maison tranquille comme il en existe aux abords de Chandernagor, de Suez ou de Pondichery ?
Ici ça chambarde, ça génocide, un véritable chahut-bahut et notre espérance peut paraître un peu folle par ces temps étranges où les couleurs ressemblent à des flots de larmes.
Oui, Monsieur Béart la vie vient, la vie va et même la vie s'en va, on ne sait pas très bien où mais elle s'envole comme la vôtre dans une rue de Garches.
Adieu vos notes de guitare, adieu votre voix, adieu le troubadour que l'on avait presque oublié, que la télé Attila avait sabré sans ménagement mais, nous le savons bien bien, un poète ne meurt jamais.
Dieu merci vos couplets ne sont pas près de quitter nos mémoires, on les entend toujours dans les salles de classe, dans les cours d'école, dans un couloir de métro, sur un vieux phonographe où tourne un disque grésillant, dans la voix d'un peintre sur son échafaudage, dans l'atelier d'un artiste
d'une maison de Lomagne, dans la cuisine d'une guitariste répétant avec patience ses gammes.
Quand viendra l'hiver, quand tombera la première neige, déposons une paire de vieux souliers et c'est alors que s'éveillera en nous un de vos refrains, il se pourrait que mêlées aux flocons de neige quelques larmes coulent sur nos visages.