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"Il faut arrêter de publier des photos de montagne en proie aux flammes lorsque l'on veut dénoncer les écobuages. Les flammes, la fumée, c'est bien trop "glamour", cela cache la réalité des dégâts. Nous sommes tous un peu pyromanes devant les flammes qui s'élèvent." C'est ce que je me disais il y a un peu plus d'une dizaine de jours lors d'une petite marche tout près de la maison et en découvrant ce que vous pouvez voir sur ces photos, la mise en place, patiemment, d'année en année et avec une constance destructrice totalement aveugle, d'un paysage lunaire.
L'été dernier, particulièrement chaud et sec dans cet endroit de la planète si habitué à l'humidité ( et c'est bien peu dire) , j'ai reçu la visite de deux amis qui ne connaissaient rien du tout du Pays Basque et dont la première réaction a été "Mais c'est totalement pelé, pire que ça, la terre est brûlée, il doit y avoir écobuage sur écobuage, par ici, quelle horreur!"! Moi qui aime cette patrie que je me suis choisie comme me le disait Bernard Charbonneau, je me suis sentie blessée dans cet amour pour elle et pourtant, hélas, je ne pouvais pas nier.
M''est alors revenu le souvenir d'un article que j'avais écrit pour "Le journal du Pays Basque" quand j'y étais correspondante locale ( voir deuxième lien ci-dessous) et qui, seul de tous les articles proposés (une page par jour, pendant un an, toute liberté de sujet et d'expression) m'avait été refusé à maintes reprises malgré mes efforts pour l'édulcorer quelque peu. Vous avez dit omerta?
Et pour arranger le tout, cette petite marche d'où j'ai rapporté ces photos de cauchemar avait lieu en plein pic de pollution sur Toulouse, Lourdes, et autres villes des Pyrénées, imputable pour une partie non négligeable aux incendies allumées dans les montagnes ainsi qu'aux feux de déchets verts dans les jardins. Le feu à l'extérieur n'est donc pas seulement synonyme de mort pour la faune, pour la microfaune (insectes pollinisateurs et autres), d'appauvrissement et de destruction de la flore (il faut 8 ans à la bruyère pour se reconstituer après l'agression du feu, pauvres abeilles et pauvres apiculteurs!), d'impossibilité pour les arbres de recoloniser leur chez-eux, de stérilisation d'un sol par ailleurs souvent en situation de surpâturage, d'érosion de plus en plus rapide par délitement du sol (donc d'inondations à répétition), mais il participe à la pollution et à l'augmentation de l'effet de serre. Le dire, l'écrire, est mal vu. Je serais mal vue? Tant pis.
Comme pour bien des habitudes néfastes et destructrices, les gens qui mettent le feu à la montagne se basent sur la sacro-sainte tradition. Mais on l'a dit et répété, la tradition est tout sauf une excuse. "Et le "On a toujours fait comme ça", l'autoroute ouverte à l'aveuglement et à la bêtise transmissible et reproduisible à l'infini. De plus, il est évident que ces feux de montagne sont chaque année plus nombreux, bien plus nombreux qu'il y a des décennies où il y avait encore des bras dans les fermes pour travailler avec des outils manuels et sélectifs, des arbres comme en particulier les châtaigniers qui nourrissaient les cochons et les humains également et qu'il était donc hors de question de détruire. L'atroce "accident" d'Esterenzubi où plusieurs randonneurs ont trouvé la mort à cause d'un écobuage, a obligé les autorités à bousculer un petit peu les habitudes et à exiger l'autorisation préalable à tout allumage de feu en montagne. Je ne suis pas au courant de tout mais je ne connais pas un seul écobuage qui ait été interdit depuis. Et les écobuages que l'on dit "sauvages" continuent sans que personne à ma connaissance, du moins par ici, n'ait été inquiété à ce jour.
Dès lors que chacun accepterait de se mettre autour d'une table, de participer à un diagnostic de réfléchir en commun, tout deviendrait possible. A court, moyen, long terme, des solutions pourraient voir le jour, des actions positives pourraient être mises en place. La nature et l'homme y trouveraient leur compte et les pires catastrophes seraient évitées.
Mais voilà, pour ça, il faut que certains se débarrassent une bonne fois pour toutes de l' antienne" C'est la tradition, on a toujours fait comme ça, on ne peut pas faire autrement", derrière laquelle ils trouvent bien confortable de se réfugier. Et ça, hélas, ce n'est pas gagné.
En attendant, regardez bien ces photos. Qui peut croire, devant ce spectacle, ce paysage de désolation, que mettre le feu à la montagne soit un acte de vie? Moi, j'y vois la terre qui, non retenue par une végétation herbeuse, arbustive ou arborée, va donc filer sans frein vers le ruisseau puis la rivière à chaque pluie, avec systématiquement dans les médias les lamentations qui s'ensuivent sur cette méchante nature qui permet les inondations. Moi, j'y vois la mort.
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