Une contribution de Bernard Caussade
Il fait froid sur Bordeaux. J’y étais ce matin. Dans la rue commerçante qui distribue la ville, rue saint Catherine, un jeune avec son chien s’extrait de ses couchages, on se connaît à peine … discussion de passage, rencontre décalée entre un homme en retraite qui balade ses pas pour tuer ses instants et un gars de la rue. Et je ne m’y fais pas. Accident de la vie et rupture de couple, distributions des rôles et partage des biens, justice lapidaire pour un monde inhumain… il a gardé son chien, le soir quand la maraude lui propose un coucher c’est toujours sans son chien… il couchera sur place, les morsures du froid se partagent en amis.
Dans les palais dorés aux couloirs surchauffés les princes au pouvoir gavés de suffisances promènent leurs distances et leurs incompétences. Quand ils sortent parfois c’est pour nous abreuver de discours insipides aux accents indécents. Le froid n’est pas leur monde, la faim c’est au tiers monde, dans les rues de Paris ou celles de Bordeaux les soupes populaires, les nuits sous des cartons… contexte de climat et de situation.
Je hais les politiques qui promènent leurs aises dans des salles de fêtes pour les vœux annuels… chauffeur et secrétaire pour n’oublier personne, et le prochain mandat se gagne en accolades et galettes des rois… mon ami de passage, rue sainte Catherine attendra le printemps pour soigner les morsures de ces froids sur Bordeaux.
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