Une contribution de Daniel Labeyrie
Joao Gilberto
(1931-2019)
Tristeza... Saudade...
Qualquer cançao, quase nada
Vai fazer o sol levantar.
Dans une infinie discrétion, le roi de la bossa-nova s'en est allé voir du côté des étoiles pour écouter vibrer d'autres sons de guitare. Malade, âgé, malmené par le destin, le musicien brésilien a laissé sa guitare magique dans son étui de silence.
Venu de Bahia, de sa voix suave et douce, il a enchanté le monde entier : sa « Garota de Ipanema », ses « Aguas de Março », sa « Chega de saudade » demeurent dans nos oreilles. Le saxophone de Stan Gets habillait à merveille la voix unique de celui que les Brésiliens nommaient « O Mito ».
Gilberto susurrait ses ballades et le charme opérait immédiatement. Son jeu de guitare se reconnaissait dès la première note. Pas d'envolées lyriques chez ce maître de la douceur qui donnait une aura universelle à la moindre bluette ; il chantait l'amour et la tendresse comme personne dans cette langue brésilienne qui swingue et chaloupe dans un douce quiétude ensoleillée.
En quelques notes de presque rien, la magie opérait, nous transportant dans la légèreté de la samba, dans le raffinement de la bossa-nova.
La saudade aujourd'hui nous étreint mais demeurent les couplets du maître de Bahia pour bercer nos âmes en chagrin.