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30 août 2008 6 30 /08 /août /2008 18:30

Et hasard pas franchement joyeux----
Je viens de recevoir le communiqué que je publie ci-dessous. Je descends jusqu'à mon potager pour effectuer quelques menus travaux en m'assurant du regard que les quelques brebis mises à pâturer chez moi depuis quelques jours par un mien voisin sont  toujours là. Je ne les compte pas,  je me  contente de la vue du groupe. Et il faut savoir que dans la race des brebis du Pays Basque Manex à tête noire, les brebis ont des cornes, tout comme les béliers.  En remontant, je vois au loin, sous des noisetiers et au bord du ruisseau, le bélier en train d'agoniser, étendu sur le dos et remuant encore une patte ou la tête à des intervalles de plus en plus longs. Diagnostic : FCO ou maladie de la langue bleue.
Quelques minutes plus tard, le bélier n'est plus de ce monde. Le soir, après les travaux du  regain, le voisin vient  chercher son cadavre. Et moi, je n'ai  pas vraiment envie de chanter ni de danser.

Photo: Françoise Chambier.

Pays de l'Ours-Adet
Maison des Associations
 
Communiqué
Arbas, le 28 août 2008
L’ours et le moucheron
 
Des années que l’Aspap le clame sur les cimes et les ondes : « l’ours, c’est la mort du pastoralisme », « l’estive, un paradis devenu un enfer », sans ours, des Pyrénées tranquilles … Bref, tout irait bien pour l’élevage pyrénéen s’il n’y avait l’ours.
 
Et voilà qu’un moucheron ramène brutalement tout le monde à la réalité : la fièvre catarrhale ovine (FCO, ou maladie de la langue bleue, propagée par un moucheron) est en train de décimer les troupeaux pyrénéens.
En quelques jours, la FCO a fait plus de dégâts économiques dans les Pyrénées que l’ours en 10 ans.
 
Et que fait l’Aspap, l’association qui prétend défendre l’élevage dans les Pyrénées ? Que dit-elle ? Que propose t-elle ? Que demande t-elle ? Rien.
Pourtant, qu’un ours s’avise de toucher une brebis, et c’est une déferlante de communiqués, de courriers au Préfet, et de manifestations, parfois violentes.
Et là, alors que les brebis meurent par milliers, rien ?!
 
Depuis longtemps, nous rappelons que l’ours est une des plus petites causes de mortalité de brebis en montagne : 1% environ, soit 300 brebis, pour 30 000 mortes par an le long de la chaîne des Pyrénées. Les asticots sont bien plus « prédateurs », sans parler des chutes, des chiens divaguants, et des maladies.
 
Bien sûr, l’Aspap n’est pas responsable de l’épidémie de FCO.
Toutefois, en focalisant le débat sur la question de l’ours, elle a créé un écran de fumée qui a masqué les vrais problèmes de l’agriculture de montagne.
En entraînant avec elle les responsables professionnels et politiques, elle a mobilisé des moyens humains et financiers qui auraient été tellement plus utiles pour traiter vraiment les problèmes économiques, techniques et sanitaires de l’élevage pyrénéen.
 
L’épidémie de FCO est un évènement dramatique. Elle révèle tristement la piteuse mascarade de l’Aspap. Lutter vaillamment contre un ennemi prestigieux comme l’ours était certes valorisant pour son très médiatique porte-parole, alors qu’un moucheron ne saurait constituer un adversaire à sa mesure, sans doute.
Et pourtant, aujourd’hui, chacun se rend compte à quel point il a été floué :
-    en premiers les éleveurs, certains s’étant très sincèrement impliqués contre l’ennemi numéro 1 qu’était censé être l’ours ;
-    les élus ensuite, sommés de prendre parti pour l’homme ou pour l’ours, comme si opposer l’homme et la nature avait encore un sens;
-    les médias également, ceux qui ont cru à la (séduisante il est vrai) fable des demoiselles d’Ariège luttant contre l’envahisseur et les écolos ;
-    le public enfin, qui découvrira, abasourdi, l’étendue du mensonge, pour autant que l’on médiatise autant les brebis mortes de la FCO que celles tuées par l’ours.
 
La morale de cette histoire est triste : les défenseurs du pastoralisme ne sont pas ceux que l’on croyait. Le retour de l’ours, en apportant des moyens nouveaux aux bergers, a fait beaucoup plus pour l’élevage que l’Aspap qui a caché les vrais problèmes sans n’en résoudre aucun.
Plus dure est la chute pour les éleveurs qui n’avaient pas besoin de ça …
 
Saurons-nous en tirer les leçons ?
 





 
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commentaires

E
En Béarn, au début des années 2000 (maintenant, je sais pas...), c'était la mouche carnivore (Lucilie bouchère) qui faisait plus de dégâts dans les troupeaux que l'ours. J'en parle dans mon livre, de ces asticots qu'on retrouvait partout, et contre lesquels on ne pouvait presque rien... On utilisait des bombes insecticides (dont je ne vous dis pas comme c'était bon pour le réchauffement climatique) qui avaient une certaine efficacité. ça tuait les asticots en deux secondes chrono, laissant une plaie propre mais béante, prête à accueillir une nouvelle couvée grouillante...<br /> Aucune disposition sérieuse n'était prise pour endiguer ce fléau. A l'époque, déjà, on préférait fantasmer sur l'ours (Papillon était encore de ce monde, et on lui prêtait des vadrouilles un peu partout dans les PA, avec des incursions jusqu'en Haute-Soule!). <br /> Aujourd'hui, c'est la maladie de la langue bleue qui surfe au sommet de l'actualité, et ça fait davantage de ravages dans les troupeaux que la Lucilie bouchère!<br /> Mais voilà... On continue à accuser l'ours de toutes les plaies d'Égypte. <br /> Ce qui me fait cyniquement dire que "de certains humains, il n'y a plus rien à tirer... A part peut-être une cartouche pour gros gibier?"<br /> ;-)
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L
Ouaih, c'est ben vrai ça ! Et c'est bien ça qui fout la rage !<br /> Excusez, dans ma tête, j'ai pensé "connards d'humains" ! Ouaih, on va dire que je suis misanthrope. Mais j'ai fait que le penser ! quoi ? Je viens de le dire ??? <br /> Non c'est vrai, soyons sérieux 5 mns. Cet article, qu'est-ce que vous en pensez mes chers de basaburua ? Que répondez-vous ? Dites ! Basaburuan où on va entendre le doux chant du 4*4 dans les montagnes dans quelques jours, cette montagne qui est votre propriété personnelle maintenant que vous avez éliminé le grand predateur. Putain la rage !
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