Poupouce, ma grande soeur qui a quitté ce monde à l'âge de 17 ans, alors que j' en avais 11 et que je ne savais où ranger mon chagrin. Poupouce, photographiée ici par mon frère.
J'offre les quelques lignes ci-dessous à un ami dont la chatte, Nana, vient de s'éteindre à l'âge de 25 ans.
« Etre en présence d’un animal me donne l'impression d'être confronté avec l'absolu car sa nature instinctive recouvre les douleurs comme les jouissances d'un
étrange chemin plein de révélations. S'ajoutent à ces résonances, une sorte de vibration interne où se mêle l'harmonie d’un Tout, d’un Universel qui me fait être au monde.
Avec mon chat, je veille sur chaque heure de son sommeil. Une brise de rien du tout sur l'océan de vivre. Un grand tracas d'amour qui monte jusqu'aux étoiles. La
voûte céleste se peuple alors d’étoiles dont la lumière palpite dans ses yeux clairs, poudre d’astres qui nimbe la nuit bleue d’une aura de mystère.
J’aime voir et sentir la liberté de nos amis les animaux, car dans leur liberté, il y a le meilleur dont rêve chaque être humain en secret, une grandeur qui mène
haut, là où justement le vertige n'est plus frayeur mais soif plus grande encore, où se noie la vérité au fond d’un puits d’insouciance.
Mon engagement pour susciter l’amour et le désir d’émerveillement, frontière entre le visible et l'indiscernable, se situe parfois dans un bain de silence où sombre
l’ombre d’un moment. Cette douceur que l’on éprouve à respecter la vie, toutes les vies, est ouverture sur l'intense et dans nos soupirs se nouent peut-être l'aventure accessible de l'être humain
et du destin des animaux. »
Morad EL HATTAB
(philosophe, conférencier international, lauréat du Prix littéraire pour la Paix et la Tolérance, auteur des Chroniques d’un buveur de lune (Albin Michel)