J'offre cette contribution de Colette Pince
- à la femme qui, le 3 Juin 2006, a depuis le pas de la porte d'un salon de coiffure de Bagnères de Luchon , fait un bras d'honneur aux manifestants pour la cohabitation de l'Homme et de l'Ours dans les Pyrénées
- aux quelques femmes qui, à l'entrée des arènes de Bayonne, ignorent superbement les hommes qui manifestent pour l'abolition de la corrida et hurlent "mal baisées" aux manifestantes.
et, avec beaucoup plus de tendresse et d'empathie, aux tout petits garçons qui, dans les cours des écoles de campagne, annoncent à leurs copains que plus tard, quand ils seront grands,comme métier, ils feront "les travaux", --- traduisez "Je conduirai un camion, un tracto-pelle, une pelle mécanique, un bulldozer".
Comment c'était, déjà, dans la chanson d'Hugues Aufray? Ah oui, ça me revient "Un bulldozer et 200 bras, nous percerons la route". Pas trop étonnée qu'au grand dam de Renaud, il refuse de signer la pétition du CRAC Europe pour l'abolition de la corrida, celui-là!
A tous ces carencés en Yin, donc.
Comme je ne suis pas Elisabeth Badinter avec ses petits pots, pas question de limiter
« masculin » à « homme » et « féminin » à « femme ». C’est la notion de Yang et de Yin que j’aimerais nous voir considérer.
Je vous soumets ma petite théorie ? Allons y !
Postulat : nous sommes sur Terre pour évoluer. Au tout début de notre présence, c’est
par la confrontation avec un milieu modérément hospitalier (dont Claude Allègre continue de dénoncer la méchanceté) que cette évolution devait se produire. Le Yang c’est le courage, la force, la combativité, le mental, l’abstraction, le cerveau gauche et la résolution des problèmes à partir de données identifiées… ce qui donne des solutions forcément incomplètes et majoritairement techniques. Le Yang était adapté à la situation. C’est lui que nous avons donc mis en avant, reléguant le Yin en fin de liste.
Le Yin, c’est la protection, le soin, la douceur, la sensibilité, le pragmatisme, le
cerveau droit et l’approche globale (inconscient compris) des problèmes avec des solutions que l’on est tenté de qualifier de « marquées au coin du bon sens »…
Avec une part de Yin dans le Yang et le contraire, la répartition n’est pas toujours
aussi tranchée. Néanmoins, le Chevalier est hissé tout en haut d’une hiérarchie dont le Paysan nourricier est le marchepied, même s’il existe une tentative isolée de valorisation du Yin avec l’Amour courtois.
Point d’Amour courtois dans notre époque et saturation de Yang. A force de se
confronter à la nature qui, maintenant, crie grâce, notre société y est allé fort dans la
mécanique, la technique, les sciences (à partir des quelques lois de nature que nous parvenons à saisir), le tout fortement dopé par un esprit de compétition lui-même stimulé par le goût du pouvoir et de ce qui permet de l’obtenir : l’argent.
Faut voir les résultats ! Une illustration criante est notre agriculture. Les étables ? Ce
sont des usines. Les animaux ? De marchandises qu’ils étaient déjà, les voici machines. Le tracteur est un tank. D’autres engins lourds lâchent leurs munitions sur la terre : engrais chimiques, pesticides. Quant aux paysans… Par overdose de Yang, la fonction nourricière est devenue violemment empoisonneuse. Tout nous dit que, si nous ne redonnons pas sa place au Yin, le déséquilibre que nous avons laissé s’installer va nous envoyer dans le précipice.
Et redonner sa place au féminin, ce n’est pas permettre à une femme d’exercer la noble
profession de camionneur, mais revoir notre échelle de valeurs. Notre évolution demande un renversement : plus question de tenter d’asservir la nature par exemple, notre rôle, désormais, est de la protéger. La compétition envahit les discours et nos écrans. Que dirions-nous de la remplacer par le dépassement de soi ? Bonne occasion de nous débarrasser de l’avidité égoïste et de la remplacer par un respect empreint de fraternité pour tout ce qui vit.
Utopie ? Non : nécessité urgente.
Colette Pince.