C'est le 8 Mars, journée internationale des femmes.
Je laisse à Isaure Gratacos, docteure ès-lettres d'études occitanes, le soin de vous expliquer pourquoi j'avais choisi les Pyrénées.
Euh---, comment vous dire----, j'ai été déçue, les moeurs ont changé.
"Les activités ludico-sexuelles mixtes semblent avoir été parfois accompagnées, dans la communauté féminine, d'une pratique sans doute assez rare en Europe ( surtout dans l'Europe
méridionale): la capture , par un groupe de femmes jeunes et célibataires, d'un homme se déplaçant seul et ceci à des fins d'utilisation sexuelle par l'une d'entre elles.
Denis Saurat mentionne ce qu'il appelle une "coutume", pour la Haute Ariège, mais j'ai pu recueillir deux témoignages en Couserans. Denis Saurat, qui écrit en 1920, mentionne la "coutume"
comme subsistant encore au début du siècle: "C'était une coutume que les jeunes filles se promènent en groupe de 8 à 10. Elles espéraient rencontrer un jeune homme seul. Les hommes mariés étaient
laissés en paix. Même les jeunes hommes du village étaient épargnés. Mais si un étranger se rencontrait dans un endroit solitaire, les jeunes filles se précipitaient sur lui et se conduisaient
comme les filles du Pacifique, sauf que l'on ne le tuait jamais."
L'informatrice du Haut-Couserans qui m'a fait en 1975 le récit d'une "attaque" réussie était âgée de 88 ans. L'action se situe donc dans les premières années du siècle. "Ca devait être vers
1905" dit Marie C. Agée et seule, elle est hilha et célibataire. M.C est une excellente informatrice avec qui j'avais noué, grâce à de fréquentes visites, des liens affectifs.
Fille naturelle, elle n'a jamais été totalement admise dans la communauté villageoise, et s'est repliée dans une soliitude parfois agressive. Elle a pourtant participé aux activités collectives
de sa classe d'âge, son récit en témoigne. J'ai dû provoquer ce récit en forme de réponse, en utilisant le témoignage de Saurat "Nous aussi, une fois. On était 9. C'était un "voyageur", il
vendait des montres. Alors on l'a tenu et y en a une elle lui a défait les bretelles pour lui enlever le pantalon. Ouais, sans pantalon, il pouvait plus partir. Alors il y en a une elle a fait
avec lui ce qu'il y avait à faire et quand il a compris, et bé, ouais, lui aussi il l'a fait.". Marie conclut sereinement, les deux mains ouvertes devant elle, avec dans la voix, la satisfaction
du travail bien fait." ----
---- "Cette liberté sexuelle peu fréquente à cette époque, en ce sens qu'elle est non seulement autorisée par la communauté mais encore favorisée par elle, confirme donc l'existence de structures
sociales , économiques et culturelles propres à cette région des Pyrénées et ayant perduré jusqu'à l'époque contemporaine."
Isaure Gratacos. Femmes pyrénéennes. Un statut exceptionnel en Europe Editions Privat.
Voili, voilou. Messieurs les barbus, bien le bonjour!