Cet après-midi, à Bayonne, Alice Leiciaqueçahar, Conseillère régionale d'Aquitaine (Europe Ecologie - Les Verts) et les familles des deux jeunes Aitziber et Beñat.
Cessez-le-feu d’ETA : donnons une chance à la paix au Pays Basque
Par Catherine Grèze
, députée européenne du Sud Ouest (Les Verts/ALE)
Début septembre, ETA avait déjà fait savoir qu'il observait une trêve mais n'en avait pas précisé le caractère temporaire ou définitif. Ce lundi 10 janvier c’est une « trêve permanente et générale » qui a été annoncée. Certes, on peut penser qu’il ne s’agit que du onzième cessez-le-feu déclaré par l’organisation indépendantiste basque en cinquante-deux ans d’existence. Quels que soient les réflexes de prudence et de méfiance quant à la sincérité de cette nouvelle trêve, nous ne pouvons nous permettre d’ignorer le contexte actuel.
Cette fois, le mouvement ne semble pas avoir été impulsé par ETA, qui a perdu la maîtrise de l’agenda, mais bien par Batasuna. Le parti a montré ces derniers temps de nombreux signes en faveur de la dénonciation de toute action violente. En octobre dernier, Arnaldo Otegi, exprimait son sentiment qu'il n'existait « pas d'autre chemin vers l'indépendance que celui qui emprunte les voies pacifiques et démocratique ». De même, dans l’accord de Guernica, toute la gauche abertzale dénonçait la violence et appelait ETA à un cessez-le-feu. Le 27 novembre dernier, pas moins de 300 personnes issues de cette mouvance annonçaient la création à venir d'un nouveau parti rejetant « l'usage de la violence » et qui se conformerait aux exigences démocratiques légales. L’on semble donc glisser d’une stratégie politico-militaire vers une stratégie politique.
L’existence de ce conflit est largement ignorée en dehors du territoire basque. Pourtant, l’Europe ne peut être indifférente au destin de trois millions de Basques, tous étant citoyens européens. Nous ne devons pas oublier que la paix au cœur de l'Europe suppose la paix au pays Basque. La résolution qui avait été votée par mes collègues du Parlement Européen en 2006 reste donc totalement d’actualité : l’Union européenne se doit de s’investir dans la résolution du conflit basque. Elle doit se saisir de l’opportunité de mettre fin au dernier conflit armé existant en son sein. D’ailleurs, dans d’autres conflits comme dans celui opposant les Irlandais aux Britanniques, nous avons pu constater le rôle considérable joué par la communauté internationale, pour favoriser l’instauration d’un véritable dialogue entre les différentes parties. C’est pour cette raison que j’ai décidé il y a quelque temps de rejoindre l'intergroupe "Basque Friendship" au sein du Parlement européen, et que je continuerai dans les semaines à venir à œuvrer en ce sens.
La résolution du conflit dépend d'abord de la volonté de ses protagonistes. Le Gouvernement espagnol doit montrer sa volonté de coopération. Deux avancées de sa part seraient significatives pour débloquer la situation : les politiques carcérales et sécuritaires doivent être adaptées à la nouvelle situation et la gauche abertzale doit pouvoir présenter des candidats aux prochaines élections locales. C’est en effet la condition sine qua non à la mise en place d’un dialogue multipartite. Avec qui pourrait-on négocier une résolution pacifique du conflit, si ce n’est avec des représentants élus du peuple basque ? Pourtant, ce n’est pas la direction prise : dès le lendemain du cessez-le-feu, deux militants étaient arrêtés aux Pays Basque Nord et Sud. De même, la police espagnole a procédé ce mardi 18 janvier à l’arrestation d’une dizaine de membres présumés de l’ETA.
Je pense aussi à Aurore Martin, obligée de se cacher pour se soustraire à la justice espagnole. A ce titre, je tiens à rendre hommage aux élus qui ont décidé de l’héberger, à l’instar d’Alice Leiciagueçahar, Conseillère régionale Europe Ecologie Les Verts. Le Gouvernement français a aussi son rôle à jouer : il doit mettre fin à l’hypocrisie qui consiste à nier le conflit basque, tout en collaborant largement avec l’Espagne sur le plan répressif. Enfin, les Basques doivent indéniablement être consultés puisque c’est leur avenir qui est en jeu. Je suis persuadée que tout le monde dans la société basque, qu’il se sente français, espagnol ou basque, aspire aujourd’hui à ce que toutes ses chances soient données à la paix. |