"Robin des bois à Roncevaux. C'est comme ça, tu l'as voulu, tu l'as".
Pendant un an, j'ai travaillé à l'école de Lacarre et à celle d'Ainhice Mongelos
Pendant un an encore, j'ai travaillé à l'école de Bunus et à celle d'Ainhice.
Depuis le vendredi 5 juillet, je suis chômeuse. Ce n'est pas une cataclysme dans ma vie, j'ai l'habitude.
Mais à cheval sur ces deux années, j' ai vécu une révolution, une vraie, une révolution intérieure, grâce à quelqu'un--- de l'extérieur, on peut vraiment le dire. Et j'ai failli toucher le ciel, il s'en est fallu de peu.
Durant cette période, pendant mes pauses-déjeuner, entre deux écoles, entre deux groupes d'enfants, attendant fiévreusement son appel, moi qui n'avais jamais voulu de téléphone portable, j'ai fait quelques pas, pris quelques photos pour un être, mon amour, prisonnier d'une horrible maladie, et dont j'étais devenue les poumons et les jambes. Je capturais des images pour les lui envoyer, moi qui avais toujours pensé que photographier, c'était se voler à soi-même un court instant de vie. Il m'arrivait de prendre les jambes à mon cou pour arriver à l'heure dans la deuxième école, celle de l'après-midi.
En ce printemps qui n'en fut pas un mais qu'il avait espéré pourtant, il est parti ailleurs, en un autre monde dont je ne sais rien.
Et pour la première fois de ma vie, je me sens seule, vraiment seule. Et surtout pour la première fois de ma vie, je ne m'ennuie pas seulement de quelqu'un. Non, pour la première fois de ma vie, je m'ennuie sans quelqu'un. Et pourtant, il est là, je l'entends, je lui parle. Comment dire, comment expliquer?
Voici quelques-unes de ces photos, pêle-mêle, sans ordre chronologique. En plus, ce ne sont sans doute pas les mieux réussies ni les plus belles. Tant pis, après tout. Ce soir, dans l'urgence, j'ai trop besoin de lui dire de nouveau ce qu'il est pour moi, ce qu'il a fait de moi. Il n'y a pas de mots, mais pas d'images, pas de musiques non plus. Rien. Que faire? Ne vous vexez pas, en vous parlant, c'est encore à lui que je parle. C'est encore lui que j'interroge.
La toute première, quelques tout petits jours après notre improbable rencontre . Retour chez les médecins, dans les hostos pour lui, ce jour là, à 800 km de ces collines. Mais nous étions ensemble.
Le 21 septembre 2012, j'étais là quans son appel m'a surprise. "La barbarie est constitutionnelle en France. Le Conseil Constitutionnel vient d'adouber la corrida". Cest lui qui me l'apprenait. Et le soir, il ajoutait " Tu sais, je suis déçu par toute cette victoire sans pudeur des corrideurs. Il te faut du courage, moi, j'aurais baissé les bras. La chasse commence demain, je vais voir ces sales batards monter la rue et tirer des faisans d'élevage, des tueurs de poules. J'ai appris qu'une harde de cerfs allait être liquidée, ça fait trop de dégâts. Ma campagne est bientôt vide.".