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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 11:41
Plan Départemental d'Enfumage et retard au démarrage

Un communiqué de l'association Su aski

Dimanche 16 janvier 2022

Plan Départemental d’Enfumage et retard à l’allumage

Le 7 décembre 2021, la préfecture des Pyrénées atlantiques accusait réception d’une lettre ouverte qui avait été envoyée au préfet par l’association Su aski, accompagnée d’une prothèse auditive et d’une paire de lunettes loupes. Ce communiqué a été bien repris par la presse.

Le 18 décembre ( nous n’arrivons vraiment pas à croire qu’il s’agit d’un hasard–) un «Plan Départemental d’Ecobuage» était signé à la mairie de Lanne-en- Barétous par le préfet Eric Spitz, Bernard Layre, le président de la Chambre d’Agriculture 64 ainsi que par le député Jean-Lassalle. La presse était présente pour cette signature mais à notre connaissance, elle n’a pas fait état du contenu du document. Depuis, nous avons cherché à nous renseigner auprès de plusieurs mairies, trois commissions syndicales de vallées, le syndicat ELB. Partout la même réponse «Ah bon, on n’est pas au courant». Nous avons également tenté auprès de la Chambre d’agriculture mais avons renoncé, lassés de tomber sur un répondeur. La préfecture elle-même a été sollicitée par nos soins mais au bout de trois services et personnes qui ne savaient rien, nous avons laissé sur un répondeur un message resté sans réponse. De ce périple, nous tirons la conclusion que les administrations et structures chargées de faire appliquer ce texte en savent encore moins que nous car elles semblent n’avoir même pas connaissance de cette signature pourtant médiatisée. Ceci est d’autant plus inquiétant que plusieurs de nos correspondants nous ont signalé les premiers feux importants en Ossau dès le 17 décembre 2021 et en Haute Soule (Larrau, Ahusky), le 21 décembre.

Ce Plan Départemental d’Ecobuage annoncé à la presse et pourtant si bien caché est censé venir en appui au Plan Départemental de Protection des Forêts, adopté en 2020 pour une période de dix ans. Voilà qui n’est pas rassurant du tout, et ceci pour deux raisons. La première est que depuis l’adoption de ce plan de 2020, nos correspondants nous ont alertés, parfois avec photos ou vidéos, au sujet de feux pastoraux autorisés ou non, s’attaquant aux lisières de bois ou de forêts, et même parfois en plein coeur des espaces boisés, sans être jamais surveillés par qui que ce soit. La deuxième est que Monsieur Jean Lassalle, signataire du fantomatique Plan Départemental d’Ecobuage déclarait le 26 février 2021 «Sans les feux, ça en serait fini du pastoralisme, mais aussi d’une certaine idée du tourisme qui va être de plus en plus amené à se développer à travers nos montagnes. Il faut qu’elles restent verdoyantes, au lieu d’être des ronces, des futaies ou même des forêts ». Cet hallucinant discours fait plus penser à une déclaration de guerre aux arbres et à la forêt qu’à une sincère envie de les protéger. Une raison de plus pour nous faire très fortement douter de la sincérité de la saynète médiatique du 18 décembre dernier à Lanne-en-Barétous.

Si suite au présent communiqué, le contenu de cet énigmatique Plan était soudain dévoilé au public, comment ne pas le considérer comme du vent? Et le vent ne dissipe pas la fumée, il ne fait que la déplacer.

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16 janvier 2022 7 16 /01 /janvier /2022 09:03

Trois interviews réalisées le 28 novembre 2021 lors de "Zuhaitz eguna", la journée de l'arbre  organisée par Su aski.

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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 11:07
Sans attendre

Année 2022: n'attendez pas la fin pour rejoindre Su aski.

Faites-le dès maintenant, sans attendre.

C'est ici: https://suaski.wordpress.com/adhesion/

A très vite

 

 

2022 urtea: ez itxoin urtearen bukaera.

Oraintxe bertan egin ezazu.

Hemen da: https://suaski.wordpress.com/adhesion/

Laster arte

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10 décembre 2021 5 10 /12 /décembre /2021 15:07
On les voit venir de loin!

Une tribune dans le journal Mediabask du 9 décembre 2021

 

Signataires: Dominique Gouanère, Sylvie Tumas, Laurent Caudine, Danièle Iriart, Marc Latxague, JenofaCuisset

 

L'été 2021, une grande partie de notre planète était en flammes dans le Sud de la France et dans d'autres pays et continents. Le dérèglement climatique, fruit des activités humaines dans une économie mondialiste, capitaliste et productiviste s'installe peu à peu et l'on sait maintenant que le phénomène va s'accentuer plus rapidement que ce que l'on pensait il y a peu .

Les reportages au sujet de ces incendies, parlaient de pare-feux utilisés dans les régions du monde touchées par le phénomène, afin de limiter les dégâts.

Aussitôt, comme Su aski s'y attendait (on commence à les connaître ), les promoteurs officiels des feux pastoraux dans le département des PA ont sauté sur l'occasion pour promouvoir les «écobuages» sous le prétexte fallacieux qu'ils seraient un rempart contre les incendies de forêt en Béarn et Pays basque.

Répétons donc que ces pare-feux dans les régions les plus à risques du globe sont réalisés dans l' unique but de protéger les habitations et de sauvegarder les forêts. Ce n'est pas du tout le cas dans une grande partie des Pyrénées, spécialement dans ce département où les feux pastoraux n'ont pour but que d'empêcher tout retour de la forêt et éventuellement de grignoter l'air de rien le peu de forêts qui subsistent. Avec, en arrière plan, les primes de la PAC, surtout la prime à l'herbe, qui poussent certains éleveurs à brûler tout, partout, chaque année et sur plusieurs milliers d'hectares et dans de très larges proportions, des pans entiers de montagne où jamais depuis des lustres aucun animal ne pâture. D'ailleurs, certains «responsables» (?) ne s'en cachent plus, à l'instar du député Jean Lassalle qui transformerait bien la montagne, si on le laissait faire, en un «green de golf» géant.

Déclarés ou non, autorisés ou non, ces feux parce qu'ils sont, contrairement aux dires de certains, la plupart du temps effectués sans le respect des consignes de sécurité, portent atteinte à des animaux d'élevage en liberté (pottok, sasi ardi, chèvres), à de vieilles bordes (patrimoine architectural), sans parler du nombre de fois où des habitants sont évacués de chez eux comme ce fut encore le cas en Soule cette année.

Par ailleurs et pour rappel encore, ces feux qui dévorent ici la montagne sur de si vastes espaces ne sont pas allumés l'été mais à une période où collines et montagnes ne sont pas les plus sèches, loin de là. On peut même voir certains feux allumés sous la pluie! La prise de feu spontanée en été dans les montagnes du département, et ce malgré le réchauffement climatique, ça ne s'est pas encore vu.

Forêts, animaux d'élevage, biens mobiliers et personnes humaines, les feux pastoraux n'ont strictement rien à voir avec des pratiques qui tendent à les protéger. Ils sont même l'exact contraire.

Nous tenons à dire de nouveau que le but de Su aski n'est pas la suppression des aides PAC, mais d'obtenir qu'elles soient distribuées d'après des critères plus équitables, entre les gros et petits éleveurs, et plus viables du point de vue de l'écologie, donc de la survie des êtres humains sur cette planète.

C'est un long et difficile combat qui devrait rassembler les opposants à ces feux, qu'ils soient citadins ou campagnards, éleveurs ou non.

En attendant, et puisqu'il faut mettre les points sur les i, n'ayons pas peur d'affirmer, qui que nous soyons, qu'un feu de végétaux sur pied allumé où que ce soit, dans les montagnes de nos Pyrénées humides, c'est ajouter au dérèglement climatique et non pas tenter de l'enrayer.

Merci, messieurs, de bien vouloir cesser de tenter de nous enfumer.

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7 décembre 2021 2 07 /12 /décembre /2021 13:03
Lettre-cadeau à Monsieur le Préfet des PA

Monsieur le Préfet des Pyrénées Atlantiques
Association Su aski

Le samedi 04 décembre 2021

Monsieur le préfet Eric Spitz,

Après l’annonce sur la page facebook «Ecobuages organisés 64» en date du 26 octobre 2021 (déjà!) du début officiel de la saison des feux pastoraux, nous nous permettons de vous adresser ce courrier.

En mai 2020, la presse révélait que quinze éleveurs réunis au sein de l’«Association des éleveurs et transhumants des trois vallées béarnaises», en colère d’avoir été «privés» de feux pastoraux pendant quelques semaines de printemps pour cause de COVID, avaient écrit au Préfet ainsi qu’à Monsieur Macron afin de leur faire savoir qu’ils passeraient outre l’interdiction estivale. L’histoire ne dit pas si vous-même leur aviez répondu, mais le ministre de l’intérieur, lui, leur avait en quelque sorte «remonté les bretelles».

Ce coup de semonce ministériel ne les a pas empêchés d’allumer de nombreux feux au mois de septembre comme en témoignent des photos prises en Vallée d’Aspe entre le 8 et le 15 de ce mois par l’un de nos adhérents. Nous vous avions alors écrit. Ce courrier, comme les quelques autres, envoyés depuis la création de Su aski, n’a jamais reçu de réponse. Et, à notre connaissance, les auteurs de ces feux n’ont pas été poursuivis.

En février dernier, les services météo annonçaient des vents d’une grande violence et certains maires du Pays basque intérieur avaient pris très tôt la décision d’interdire tout feu pastoral sur le territoire de leur commune. Certains éleveurs qui avaient depuis longtemps obtenu l’autorisation d’allumer ce jour là, avaient fait preuve de responsabilité en y renonçant, même dans des communes où aucune interdiction n’avait été annoncée pour cette journée. Quant à vous, Monsieur le Préfet, vous avez attendu la dernière limite pour déclarer l’interdiction et il était déjà trop tard.

Cet été encore, en période d’interdiction, plusieurs cas de feux pastoraux nous ont été signalés. Ils viennent s’ajouter aux feux de déchets verts ainsi qu’à la combustion des tas de laines de brebis, avec toute la pollution de l’air, des sols, de l’eau, que ceux-ci entraînent.

Toutefois, nous devons à la vérité de dire que lors de la saison 2018-2019, votre prédécesseur avait plusieurs fois annoncé, en raison de la pollution de l’air et d’une possible affluence de randonneurs, des interdictions lors de certains week-ends particulièrement ensoleillés. Pourtant, ces interdictions n’ont jamais été respectées, nous en avons la preuve par des photos prises ces jours là ainsi que par les témoignages de personnes s’étant plaintes en gendarmerie sans que les contrevenants soient inquiétés en aucune manière. Nous nous permettons donc de vous poser cette question: quelle autorité compétente se charge de faire respecter ces interdictions, avec quels moyens?

Pourtant, Monsieur le Préfet, malgré tous les arguments fallacieux employés par les défenseurs de ces feux, il est évident qu’ils représentent un danger pour les biens et les personnes, une catastrophe en matière de biodiversité animale et végétale, de disparition des arbres, d’érosion donc d’inondations, de participation au dérèglement climatique global. Un véritable écocide doublé d’une grave attaque à la santé publique en raison de la pollution de l’air. Le strict minimum serait donc que les auteurs de feux non déclarés ou allumés en période d’interdiction soient systématiquement rappelés à la loi.

Nous nous attristons que, dans la lignée de vos prédécesseurs , vous ne sembliez pas prendre en considération ces enjeux qui engagent la vie des générations à venir.

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Préfet, nous avons le plaisir de joindre à ce courrier un cadeau certes fort modeste mais dont nous pensons néanmoins qu’il pourra vous être d’une grande utilité: une paire de lunettes loupes ainsi qu’une prothèse auditive.

Nous vous les confions en vous priant de bien vouloir les transmettre à la personne qui vous succédera lorsque sera venue l’heure de la passation de pouvoir.

Veuillez accepter nos salutations accompagnées de l’affirmation de notre détermination sans faille à engager un dialogue vrai et sincère entre tous les citoyens au sujet de cette pratique qualifiée d’ancestrale pour mieux la dévoyer alors même que la sixième extinction de masse des espèces ainsi que l’urgence climatique sont en train de nous rattraper.

Association Su aski/Halte aux feu

Lettre-cadeau à Monsieur le Préfet des PA
Lettre-cadeau à Monsieur le Préfet des PA
Lettre-cadeau à Monsieur le Préfet des PA
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13 novembre 2021 6 13 /11 /novembre /2021 09:00
Pas de nudisme pour la terre. Vive les bombes à graines!

La toute nouvelle vidéo de Su aski:

 

Le Meeting

Album : "Arrêt facultatif" (1972)

Les arbres font aux jardiniers
Des meetings au long des journées
Le monde va bientôt se ranger
Dans le parti des arbres fruitiers
Quelques millions d’horticulteurs
Ont déjà voté pour les fleurs
Et moi qui suis sentimental
Je m’endors entre deux pétales
Hummmmmmm
Coloquintes, amour d’abricots,
Prunes, poires et vous poireaux
La révolution se prépare
Nous allons envahir les squares
Hier vengeurs et corrosifs
Mettez la patte sur le granit
Montrez la vie triomphale
Avec ses cheveux en bataille
Hummmmmmm
Pour le suffrage universel
Les océans, les mirabelles
Les étoiles du firmament
Ne remettront pas leur bulletin blanc
La marguerite échevelée
Morte déjà l’année passée
Avait mis sur son testament
La vie est mon seul amant
Hummmmmmm
Dans les journaux de la soirée
Généralement bien informés
On écrit que des baobabs
Ont défilé à Léningrad
Que les tulipes de Hollande
Emancipées, ont pris la bande
Pour pousser dans des terrains vagues
Des terres incultes, C’est pas croyable
Hummmmmmm
Sur les murs de toutes les cités
On écrit qu’elle va triompher
La vie avec un grand V
Aux élections de nos étés
La plante humaine qui est la seule
à pouvoir s’arroser toute seule
A troqué pour des arrosoirs
Les noirs fusils du désespoir
A troqué pour des arrosoirs
Les noirs fusils du désespoir

 
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27 septembre 2021 1 27 /09 /septembre /2021 16:56
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021

Photographiées fin septembre 2021, quelques innocentes victimes des feux  de la saison dernière.

Et on cherche à nous faire croire que dans nos Pyrénées humides, ces feux sont allumés pour servir de pare-feu et protéger habitations, bois et forêts, comme cela se pratique parfois dans certaines régions  sèches de France et du globe!

"On" nous prend vraiment pour des demeurés(es). Ce qui existe là, c'est tout le contraire,  c'est une guerre sans merci à l'arbre, aux arbres, effet pervers d'une PAC complètement folle. C'est un écocide qui ne tardera pas de devenir un ethnocide pour le monde paysan. Mais il parait qu'il ne faut pas le dire.

Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
Victimes innocentes des feux pastoraux saison 2020_2021
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6 août 2021 5 06 /08 /août /2021 10:32

Le 24 février 2021, des incendies, dont on est sûrs que certains étaient des feux pastoraux ( pour le plus grand, le doute plane encore), ravageaient la montagne basque. Malgré la prévision de grands vents par Météo France, le Préfet des Pyrénées Atlantiques n'avait pas jugé bon d'interdire les "écobuages" pendant le week-end. Le 26 février, le député Jean Lassalle approuvait "la tolérance du préfet compte tenu des énormes surfaces qu'il nous faut entretenir" et ajoutait "Sans les feux, ça en serait fini du pastoralisme, mais aussi d'une certaine idée du tourisme qui va être de plus en plus amené à se développer à travers nos montagnes. Il faut qu'elles restent verdoyantes, au lieu d'être des ronces, des futaies ou même des forêts". Les générations futures apprécieront.

Les illustrations sont de Marc Latxague. La musique est de Gilles Marchal (1944-2013)

suaski.wordpress.com

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13 juillet 2021 2 13 /07 /juillet /2021 09:57
Su aski  a une nouvelle adresse postale

Qu'on se le dise dans les etxe, Su aski a une nouvelle adresse postale:

Association Su aski  

Laibarria

Quartier Basaburu

Route départementale 18

64220 Mendive.

Notez la dans vos tablettes!


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28 juin 2021 1 28 /06 /juin /2021 13:42
Le pays où l'on marche sur la tête

Une contribution de Lapa


Le Professeur Paul Jovet était un grand savant naturaliste, botaniste plus spécifiquement passionné par le monde et l’étude des fougères.

Si son nom a été donné au très beau jardin botanique de Saint-Jean-de-Luz, c’est que durant de très nombreuses années, il a fait de longs séjours en Pays basque, un paradis pour lui en raison de l’exceptionnelle variété d’espèces de fougères qu’il pouvait y étudier. Ces séjours et ces études lui avaient permis de lier de sérieux liens d’amitié dans le village de Bidarrai (Bidarray), en particulier avec Monsieur Cabillon, maire de la commune de 1965 à 1977.

A l’époque, les fougères étaient appréciés et considérés par les paysans car elles servaient de litière aux animaux d’élevage et, ce faisant de fumier fournisseur d’humus. Leur acidité était compensée par le chaulage largement pratiqué.

Puis est arrivé le lisier dont l’acidité était rarement contrebalancée par un apport calcaire et qui, ne nécessitant aucune litière, n’apporte aucun humus et à plus d’un titre déséquilibre le sol. N’ayant plus besoin des fougères, on a commencé à les considérer comme des gêneuses dans les fermes devenues entre temps des «exploitations» (le terme n’est certes pas innocent) et à coup de subventions européennes, de grosses machines et d’engrais chimiques, on a créé par ci par là de nouvelles prairies (sans haies, bien entendu, vous ne voudriez pas quand-même—) en profitant au passage pour faire disparaître des petits bois et des châtaigneraies nourricières devenues insensiblement elles aussi des «gêneuses».

Mais le règne absolu du lisier n’a pas été éternel et un certain bon sens a fait retourner beaucoup d’agriculteurs au système de la litière. Seulement, entre temps, on avait perdu l’habitude de «faire la fougère» en octobre. Les jeunes auraient pris comme une régression le fait de recommencer. Alors, on s’est mis à acheter des camions entiers de paille, fort souvent en provenance de Navarre, gavée d’intrants chimiques et autres pesticides qui viennent rejoindre dans le sol et les cours d’eau ceux déjà utilisés sur place. Une petite digression au passage: la plupart de ces camions s’en retournent à vide après avoir livré leur paille. Et la paille en question est hélas utilisée bien souvent par ceux qui, avec juste raison ont lutté pendant dix ans contre le projet de 2×2 voies en Pays basque intérieur, mettant en avant, parmi d’autres arguments, celui des des transports à vide dans le cadre du commerce national ou international. Fin de la digression mais pas de la question du bilan carbone.

Dans le même temps et parallèlement le système productiviste traçait également son chemin au moyen de la fameuse «prime à l’herbe» de la PAC dont les effets pervers sont la destruction du milieu naturel ainsi que la concentration du maximum d’aides entre les mains des plus gros, donc le délitement du maillage paysan dans les campagnes.

Alors, que se passe-t-il? Et bien, disons que dans les «etxe», on est beaucoup moins nombreux que par le passé. Disons aussi qu’en quelques petites décennies, s’est perdu le sens de notre lien à la nature. Ajoutons que l’on s’en fout, que l’on met le feu partout, n’importe comment, avec ou sans l’aval des pouvoirs publics qui ne sévissent d’ailleurs que lorsqu’il leur tombe un oeil. Par peur de l’extrême précision des photos prises maintenant par satellite, on livre aux flammes Amalur, la terre-mère. Même dans les endroits où jamais aucun animal d’élevage ne pacage, on traque le moindre bosquet, le moindre arbre isolé, la moindre touffe d’ajonc, le moindre pied de ronce. On considère myrtilliers et bruyères comme des ennemis à transformer en cendres au plus vite. On compte sur le feu pour grignoter année après année les lisières des bois, on allume de petits feux au coeur des forêts, le tout en arguant d’une tradition que l’on a totalement dévoyée. Et ceux qui osent s’insurger, on les traite de bobos écolos, de feignants cachés derrière leur écran d’ordinateur, on les invite à venir passer le rotofil ou la faux. Ouaouh, l’«argument»! Pourtant, si les anciens auxquels on se réfère la main sur le coeur pouvaient revenir, ils se rangeraient du côté de ces «bobos écolos» tant moqués, effarés qu’ils seraient à la vue des méfaits perpétrés par leur propre descendance.

Mais revenons-en non pas à nos moutons, mais à nos fougères du Pays basque, qu’appréciaient par le passé les paysans et un grand naturaliste par ailleurs grand humaniste. On met annuellement de nos jours le feu à la montagne sur des milliers d’hectares afin de se débarrasser, entre autres, des fougères. Et qu’est-ce qui repousse en premier, bien avant les graminées malmenées par le feu et qu’elles étouffent? Et bien, euh— les fougères. Donc, si Paul Jovet était encore de ce monde, il serait content, me direz-vous. Et bien non, que nenni! Car en effet, la variété de fougère qui résiste le mieux à ces incendies répétés, c’est la fougère aigle. On dirait même qu’elle aime ça, voyez-vous. Et non contente de se développer sur des terrains privés d’arbres et de flore par l’inconscience et la folie humaines, elle pousse chaque année de plus en plus dru aux dépens de bien d’autres espèces de fougères qui se raréfient petit à petit. Au prétexte de se débarrasser de «la» fougère, par la violence des flammes et l’oubli des savoirs ancestraux ( trois-dents, roulage ou cassage par la mise en pacage tôt en saison dans les zones concernées, etc) ce petit pays par la taille ne serait-il pas en train de devenir le grand «leader» mondial de la monoculture de lafougère aigle? Effet diablement pervers d’une PAC folle qui a pollué les esprits avant même de polluer sols et cours d’eau.

Après, hein—, comment dire? Les bois clairs, et même la forêt pacagée ou non, ce ne sont pas des gros mots. Mais c’est une autre histoire—

«L’argent, ça ne se mange pas». Cette parole issue de la sagesse amérindienne est à se remémorer chaque fois qu’après de fortes pluies, les rivières, gaves et nives, charriant vers l’océan la terre nourricière des montagnes, des collines et des plaines, se teintent d’un marron de plus en plus foncé.

Pour faire connaissance du Professeur Paul Jovet ainsi que du jardin qui porte son nom, c’est ici: https://lesamisdujardinbotanique.jimdofree.com/histoire-du-jardin/paul-jovet/

 

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