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22 janvier 2021 5 22 /01 /janvier /2021 16:18

Une contribution de Daniel Labeyrie
 

Juste chanter pour mieux se taire

    A perte de vue, la grande faucheuse n’a de cesse de nous prendre nos artistes, nos veilleurs, en ces temps de désespérance où la voix de nos chanteurs-poètes allège nos fardeaux.
    Contre vents et marées d’indifférence, Morice Benin a poursuivi sa route pendant des décennies, modeste et lucide, toujours avec cette fidèle lumière dans son œuvre.
    Nous n’oublierons pas ses chants sous la voûte étoilée, emmitouflés dans nos duvets sur le plateau du Larzac. Benin était un maquisard de la chanson, un arpenteur des sentes de solitude, un artisan à l’écriture lumineuse, toujours la fraternité en bandoulière.
    De sa voix chaude, Cadou, Dauchez, Ruiz, Vasca, Ferré et bien d’autres venaient à nous en vols de colombes.
Morice, de sa voix chaude, nous laisse une œuvre immense où l’on perçoit la lente évolution du militant écolo-anar vivant en communauté sur les hauteurs d’Ariège à l’artiste exigeant n’ayant jamais renié ses révoltes.
     Benin a lentement mûri, peaufinant ses compositions, les enveloppant d’une aura d’harmonie. Chansons parfois mystiques, souvent panthéistes mais toujours légères où s’insinuaient les parfums du Maroc de son enfance.
    Il s’en est allé, Momo, sans froisser la moindre page d’un quotidien, sans que la moindre chaine de radio n’en touche mot.
Et pourtant… Nous sommes nombreux à le pleurer, loin des places publiques, loin des écrans télévisuels, loin de l’agitation médiatique. 
Irréductible maquisard de fraternité, Morice Benin nous laisse de beaux albums où se nichent des perles. A nous de les découvrir, de nous en nourrir intérieurement.
 A toi… l’éternité…
« Quand je m’endormirai pour la nuit éternelle
   Mon pays survivra dans les miens comme un soleil » (Mon pays)


Daniel LABEYRIE

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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 08:45

Une contribtion de Daniel Labeyrie


Deuil national d’une journée au Portugal en hommage à la disparition d’un maître du fado, Carlos Do CARMO.
Fils de Lucilia DO CARMO, le fadiste, disparu le jour de l’An, était considéré comme un trésor vivant.
Après la Révolution des Œillets, le fado a été secoué par quelques turbulences avant de retrouver son aura.
Cette tradition musicale portugaise, unique au monde, a acquis ses lettres de noblesse grâce, notamment, à l’extraordinaire Amàlia RODRIGUÊS.

Carlos DO CARMO n’a cessé de célébrer Lisbonne : ses quartiers, ses rues, le Tage, le port, les travailleurs. En fin observateur, tout était pour lui matière à chanson : une vieille dame sur un banc, les azulejos, la couleur jaune des bus de la capitale, le marchand de marrons grillés, des amoureux, une mouette…
Les textes de son répertoire ont été souvent confiés à des écrivains. De sa voix chaude, habitée, l’artiste magnifiait les choses simples de la vie quotidienne. Il a secoué la tradition du fado, s’accompagnant d’un pianiste, de synthétiseurs ou d’un orchestre à cordes sans oublier la guitare portugaise appelée « viola ».

Ainsi, il a ouvert la voix à la nouvelle génération du fado : Camané, Dulce Pontes, Katia Guerreiro, Ana Moura, Misia et bien d’autres.
Pendant longtemps, Carlos subit un manque de reconnaissance mais tenace et authentique, il a réussi à être reconnu avant de devenir le digne représentant du fado de Lisbonne.

 Obrigado Carlos. Temos saudade. Paz a sua alma.

 

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2 décembre 2020 3 02 /12 /décembre /2020 11:52

Une contribution de Daniel Labeyrie

« En plein décembre
J’ai trouvé la rose
La rose qui me ressemblait
Aux pétales de givre
Non pas la rose d’un été
Non pas la rose d’un bouquet. »
La rose décembre

Ce premier décembre, la journée était grise, triste comme ces jours d’hiver où la mélancolie suit la chute inexorable des feuilles mortes.
Madame Sylvestre, vous n’avez pas attendu le dernier jour de l’an pour filer éternellement à l’anglaise.
Oui, quel coup de massue alors que vous vous prépariez à remonter sur scène dans les jours prochains. Vous nous laissez, là, au bord du chemin, complètement abasourdis par cette triste nouvelle.

C’était toujours un plaisir infini de vous écouter sur les planches de la grande cour du château de Barjac, de vous croiser dans les ruelles sous le soleil de plomb de l’été cévenol. Vigie attentive, vous veilliez sur les jeunes pousses de la chanson avec sollicitude et tendresse.

Toujours fidèle, toujours droite, jamais vous n’avez démérité : voix des sans voix, orfèvre d’un immense collier de chansons essentielles qui nous trottent dans la tête, couplets ciselés loin de la guimauve ambiante. 
« Une sorcière comme les autres » est un hymne incontournable à la condition féminine, un hommage à la mère, aux femmes qui nous ont tous construits physiquement, humainement, affectivement : assurément un chef d’œuvre !
Votre patrimoine discographique recèle des dizaines de joyaux, de perles, sans oublier vos fabulettes qui berçaient les têtes blondes et brunes que nous fûmes.

Des blessures intimes ne vous ont pas ménagée mais votre pudeur, votre discrétion ne les étalaient pas sur la place publique. Nous avons tous « un mur pour pleurer » pour laisser s’épancher un immense chagrin aux grosses larmes, comme des marins à la dérive ayant perdu leur boussole.
En ce début décembre, quelques roses se dressent encore, fières et fraternelles ; un peu de givre les habille : ces roses vous ressemblent. Nous vous les offrons pour en faire un bouquet d’éternité.

 

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6 mai 2020 3 06 /05 /mai /2020 16:22

Adieu frère de Kabylie

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

 

Pas possible ! Idir s'en est allé tout doucement, tout simplement sur la pointe de sa douceur et de sa discrétion légendaires.

 

Les montagnes du Djurdjura, les églantiers, les orangers, les dernières neiges de là-bas sont en train de fondre et l'on pleure dans les villages le bel ambassadeur de la culture kabyle qui a poussé la porte de l'éternité.

 

Monsieur Idir, vous faisiez partie de notre paysage culturel si diversifié. Chez vous, pas d'éclats de voix, pas de cris, pas de slogans, pas d'invectives mais une belle volonté artistique et humaine pour la reconnaissance de votre culture.

 

Votre ballade, la berceuse « Avava Inouva » a traversé les pays et les continents plus que durablement. En la chantant aujourd'hui, nous avons un grand chagrin d'enfants orphelins car on ne voulait pas que votre voix se taise tant elle nous était indispensable pour la fraternité en ces temps si rudes.

 

Vous êtes parti au mois de mai, dans la splendeur du printemps, dans la beauté des roses. Les sunlights et la gloire n'ont jamais brûlé les ailes de votre belle âme. Artiste humble et chaleureux, vous l'êtes resté jusqu'à la fin de votre voyage terrestre.

 

Cher Idir, reposez en paix et l'on ne peut que vous dire un immense merci pour vos chansons et pour le bel humain que vous fûtes.

Vous avez rejoint votre maman adorée partie il n'y a pas si longtemps : madame, comment vous remercier de nous avoir donné un fils de cette envergure?

 

 

Daniel LABEYRIE

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17 février 2020 1 17 /02 /février /2020 14:11

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

 

La douce sérénade de la désescalade...

Il faut mes frères préparer le jour de clarté...

 

Nous t'avons chanté, déclamé, de feux de camp sous les étoiles en rencontres fraternelles, sur les hauteurs du Larzac, sous les chapiteaux des théâtres ambulants, dans les soirées au coin du feu, dans la cour du château de Barjac il n'y a pas si longtemps, sur le sable frais des plages à l'heure du couchant...

Tu as revisité la Marseillaise devenu grâce à toi un chant fraternel sans fleuve de sang coulant dans les sillons.

 

Sacré Graeme, baladin aux pieds nus, quelle vie ! Elle est loin ton enfance à Wellington en Nouvelle-Zélande où tu partageais la tarte aux pommes avec ta maman et ton vieux papa. Tu as trimé comme un forçat sur le rafiot qui t'a mené en France, tu as charrié la terre dans les vignobles de Bourgogne puis trente six métiers, parfois un peu beaucoup de misère avant de prendre la guitare pour notre plus grand bonheur.

C'est Colette Magny et Mouloudji qui t'ont mis sur les rails de la chanson à l'aube de la quarantaine.

 

Parfaite harmonie entre ton chant et ta vie, pas de complaisance avec les ors do showbiz, tu menais ta barque en homme libre. A l'heure du succès, tu n'as pas hésité à prendre la route des Indes, de l'Éthiopie, de Madagascar pour te frotter à la réalité du monde nourrissant ton âme des richesses intérieures des peuples visités.

Tu maniais la houe dans les jardins d'Auroville, cultivais ton jardin dans l'île de la Réunion où tu séjournas durant quelques années. L'intensité de ta vie spirituelle nourrissait tes ballades dans un respect de tout être vivant, avec toujours cette soif de justice sans jamais jeter l'anathème.

 

Cohen, Dylan, Guthrie et bien d'autres folksingers ont été adaptés en français avec une extrême justesse. Nous n'oublierons pas « Suzanne », « Petites boîtes », « Le trimardeur », « L'étranger », « Emmène-moi, le magnifique et bouleversant « Message » du moine vietnamien Thich Nhat Hanh et tant d'autres pépites.

 

Cher Graeme, te voilà dans la mémoire des étoiles, troubadour céleste, chante-nous encore ta Marseillaise et que les maîtres du monde tendent l'oreille car il y a urgence, extrême urgence !

 

Daniel LABEYRIE

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18 novembre 2019 1 18 /11 /novembre /2019 13:29

Ciao, le marchand de bonheur

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

Le dernier des Compagnons de la Chanson s'est envolé quelques semaines après son frère. Nous n'oublierons pas la voix unique du soliste du groupe, timbre reconnaissable entre mille.

Le groupe a porté la chanson francophone aux quatre coins du monde. Chansons originales ou reprises ont émaillé la belle carrière des Compagnons.

 

Chansons populaires au sens noble du terme, mélodies bien charpentées, harmonie des voix, présence scénique incontestable, musiciens de haut jouant toutes sortes d'instruments, le récital du groupe tenait la route.

Révélés par la chanson « Les trois cloches » chantée avec Edith Piaf, les neuf garçons ont eu une carrière exemplaire.

 

Personne n'oubliera « La chanson de Lara », « Le marchand de bonheur » «  Un violon sur le toit » mais aussi les belles interprétations de « La mamma », « Les comédiens » d'Aznavour », « Qu'il est difficile d'aimer » de Vigneault, des « Copains d'abord », de « L'auvergnat » de Brassens sans oublier la délicate « Sur la mort d'une cousine de sept ans », poème mis en musique par tonton Georges en personne dont la mélodie et le texte sont poignants, où la voix de Fred fait merveille;

 

Monsieur Mella, vous avez droit à une place de choix au paradis des musiciens où vous avez rejoint une pléiade d'artistes de haut vol mais aussi de belles personnes qui appréciaient particulièrement vos chansons.

Oui, vous n'aviez que des chansons à mettre dans les cœurs mais dans toutes ces chansons coulait le bonheur en abondance.

 

Daniel LABEYRIE

 

 

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5 octobre 2019 6 05 /10 /octobre /2019 09:14

Marquis de Sade - Marc Seberg – Marquis de Sade...

La vie est brève, la braise est vive.

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

 

 

Figure emblématique de la scène rock rennaise, Philippe Pascal s'est fait la belle en septembre alors qu'il avait repris du service avec la renaissance du mythique « Marquis de Sade » qui s'était sabordé il y a une bonne trentaine d'années.

Deux disques sortis à l'époque sont demeurés des jalons incontournables. Visage sombre et présence scénique inouïe, Pascal vivait les chansons avec une intensité qui touchait à l'extrême.

 

Philippe Pascal a repris le flambeau dans les années 80 avec le groupe Marc Seberg qui a sorti quatre albums avec des compositions en français. On retiendra l'incroyable mise en musique du poème de Baudelaire « Recueillement » ainsi que d'autres titres « Le chant des terres », «  Le bout des nerfs »...

Le chanteur écrivait les paroles des chansons sur des thèmes d'un surréalisme assez sombre. Il est certain que la scène était le lieu où l'artiste donnait le meilleur de lui-même : le charisme et la force de l'interprète chaviraient le public.

Fragile, sensible, déchiré, Philippe Pascal a géré le groupe Marc Seberg jusqu'à sa dissolution.

 

De longues années de silence, une très longue absence scénique avec de rares apparitions dans des petits lieux puis le miracle de la reformation de Marquis de Sade en 2017 que personne n'attendait.

Plusieurs concerts époustouflants à Rennes et dans quelques villes se sont déroulés à guichets fermés.

Alors que tout semblait aller bien, l'artiste s'est envolé au cœur de septembre.

Dommage !

 

Daniel LABEYRIE

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 11:59

Une contribution de Daniel Labeyrie

Joao Gilberto

(1931-2019)

 

Tristeza... Saudade...

 

Qualquer cançao, quase nada

Vai fazer o sol levantar.

 

 

Dans une infinie discrétion, le roi de la bossa-nova s'en est allé voir du côté des étoiles pour écouter vibrer d'autres sons de guitare. Malade, âgé, malmené par le destin, le musicien brésilien a laissé sa guitare magique dans son étui de silence.

 

Venu de Bahia, de sa voix suave et douce, il a enchanté le monde entier : sa « Garota de Ipanema », ses « Aguas de Março », sa « Chega de saudade » demeurent dans nos oreilles. Le saxophone de Stan Gets habillait à merveille la voix unique de celui que les Brésiliens nommaient « O Mito ».

 

Gilberto susurrait ses ballades et le charme opérait immédiatement. Son jeu de guitare se reconnaissait dès la première note. Pas d'envolées lyriques chez ce maître de la douceur qui donnait une aura universelle à la moindre bluette ; il chantait l'amour et la tendresse comme personne dans cette langue brésilienne qui swingue et chaloupe dans un douce quiétude ensoleillée.

 

En quelques notes de presque rien, la magie opérait, nous transportant dans la légèreté de la samba, dans le raffinement de la bossa-nova.

 

La saudade aujourd'hui nous étreint mais demeurent les couplets du maître de Bahia pour bercer nos âmes en chagrin.

 

 

 

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 12:09
La rose Anne Vanderlove

La rose Anne Vanderlove

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

Il pleut sur le jardin,sur le rivage...

 

 

 

Dans l'anonymat, elle s'en est allée aux premiers jours de l'été : pas même un semblant de brume dans le ciel breton mais une douce lumière face à l'immensité marine qui déverse inlassablement sur le sable gris ses vagues avec une rythmique aussi éternelle que le mouvement des marées.

 

Oubliée l'ondine à la guitare qui jadis nous chantait ses ballades en novembre et parfois en avril. On aurait pu croire que la jolie jeune fille ferait une carrière éblouissante mais la grande marée de 68 l'a vue chanter dans les usines, les universités. Fière, elle a repoussé les requins de l'industrie chansonnière, prenant des chemins de traverse où les genets lui ont parfois déchiré la robe de son âme.

 

Meurtrie, malmenée, les bleus de l'existence l'ont malmenée de galère en désespérance. Malgré les tourments, Anne a continué à composer, à sortir des disques dont l'écho fut plus que confidentiel.

La voix parfois brisée et rauque témoignait de l'ampleur de ses épreuves.

 

Nous n'oublierons pas sa magnifique « Ballade en novembre », sa désaltérante « Fontaine de Dijon », la superbe adaptation de Judy Collins  « L'arrivée des routes », « Les enfants tristes » et son inoubliable participation à l'opéra rock « La mort d'Orion » de Gérard Manset où sa voix magique nous emporte si loin dans l'ailleurs.

 

Nous avons de l'eau dans les yeux, larmes de sel, larmes océanes, tout se confond tout s'entremêle comme les algues, les goémons et le chagrin.

 

 

Daniel LABEYRIE

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20 mai 2019 1 20 /05 /mai /2019 08:32

Une contribution de Daniel Labeyrie

 

Le cœur voyageur

 

 

Avec sa voix haut perchée, fragile et tendre, il nous avait embarqué pour Madrid dans un parfum de safran et d'errance, chantait ses fiançailles avec la noblesse d'un hidalgo sensible, féru de poésie et d'universalité.

 

Ignoré des médias après une petite gloire éphémère, il avait claqué la porte du star système, avait poursuivi sa carrière aux quatre coins du monde. Il grava un duo avec la grande Mercedès Sosa en Argentine, effectua de longues tournées en Amérique Latine.

 

On le perdit de vue lors de son séjour artistique en Russie qui dura cinq ans. Il chanta également dans des lieux improbables des républiques d'Asie Centrale acceptant des conditions de voyage plus que difficiles dans des salles de spectacle parfois glaciales des hivers continentaux.

 

Nilda s'est toujours frotté à la réalité sociale sans jamais en tirer la moindre fierté. Sociable et ouvert il privilégiait les rencontres. Il fit même une tournée en roulotte.

 

Seul à la guitare sur de grandes scènes, la magie opérait car l'artiste aimait les humains et ses chansons touchaient immédiatement nos cordes sensibles.

 

Cœur fragile, il s'en est allé à l'aube de sa soixantaine après avoir rendu hommage à Federico Garcia Lorca, le grand poète espagnol.

 

 

 

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