Claude Besson, le barde de Kérouze
Je pleure mon talus
Qui chaque année refleurissait
Kérouze voit ses aubépines offrir leurs pétales en berne et les arbres font grise feuille alors qu'un printemps lumineux se déploie sur la Bretagne. Les Monts d'Arrée ont mis leur crêpe de brume et les jonquilles ploient sous le vent du nord.
La guitare et le dulcimer sont désormais rangés dans leur écrin, les voilà silencieux car le barde s'est tu juste à la venue du printemps.
Au fil du temps, Claude composait, sans se soucier des modes et de l'air du temps de bien beaux albums enregistrés à la maison au fil d'une carrière hors des autoroutes médiatiques .
« Arbres », « Mes bonheurs de porcelaine », « Le sens du beau » (le tout dernier) et le splendide « chante Brassens » où il rend un hommage sobre chaleureux au maître :dommage que ces disques n'aient pas eu l'écho qu'ils méritaient.
Besson n'usait ni de l'invective ni de l'agressivité pour dire les choses qui lui tenaient à cœur. Il a crée de magnifiques ballades qui font partie de notre patrimoine, chansons d'un témoin lucide de son époque.
Nous n'oublierons pas « Kérouze » (véritable joyau qui n'a pas pris une ride), « Mon ami Pierre du Québec », « N'oubliez pas l'Armor » et beaucoup d'autres de la même veine.
Les arbres d'ici et d'ailleurs perdent un compagnon solidaire car il savait bien que « leurs fruits sont des pommes d'amour » et leur bois habille nos vies et nos toits.
Il fait grand soleil, Claude, mais c'est grand peine de te savoir parti
pour la forêt d'éternité...
Kénavo l'ami..
« Amis si proches de l'amour
Amour tout près de l'amitié
Vous êtes, à vous deux l'ossature
D'une fragile humanité. »
Daniel LABEYRIE