Une contribution de Daniel Labeyrie
Une bible, un cœur d'homme
Un petit gobelet d'aluminium
Alain SOUCHON
Explorateur des contrées arides, insoumis, prince des sables, fou du désert, mystique solaire, pèlerin de l'humanisme, seigneur des animaux, chrétien des chemins de traverse, chercheur éclectique, piéton émerveillé, écologiste sans drapeau, vous fûtes tout cela et bien plus encore.
Monsieur MONOD vous avez traversé de bout en bout un siècle de bruit et de fureur avec des pas d'oiseau sur les sables mouvants d'un monde qui n'en finit pas de crouler sous les coups de boutoir des humains sans conscience.
Vous avez marché... marché... marché... tenace, courageux suivant le sillage sablonneux des immensités désolées du Sahara. Les sens en éveil, votre humble silhouette peu à peu voûtée par le poids inexorable des ans vous avez cheminé... cheminé...
Vous l'honnête homme, vous saviez la fragilité éphémère de l'animal humain, vague et dérisoire poussière d'étoile perdue dans un coin de galaxie.
Toujours émerveillé, votre regard se posait sur le moindre fragment de roche, sur l'infime vestige d'une espèce inconnue. Vous avez tout noté sur votre calepin laminé par les nuits glaciales et les jours brûlants d'un désert revêche mais respecté.
La Bible ouverte sur les Béatitudes étalait vos espérances de l'homme fraternel dont vous attendiez l'avènement avec une patience infinie.
Cette météorite qui prenait plaisir à ne jamais vouloir se montrer n'était pour vous qu'une inaccessible étoile chevillée à vos rêves.
Hiroshima fut une écharde jamais guérie dans votre conscience éclairée mais jamais vous n'avez baissé pavillon .
La mort des oiseaux, les taureaux vaincus sous les « Olé », les enfants perdus, les sans-logis, les oiseaux déchirés par la mitraille vous les avez défendus avec dignité.
Monsieur MONOD, vous fûtes un petit brin d'étoile dans un ciel plombé, petit fétu d'espérance dans un siècle habillé de noir.