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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 23:00


Pour changer de mes sempiternels crapauds, grenouilles et rainettes, je vais aujourd'hui céder la place à Patrick Mignard qui, lui, va vous raconter une histoire de crabes et de homards.
Roswitha, je le sais, va me remonter les bretelles "Mais Jenofa, pourquoi toujours se servir de l'image des animaux quand on veut montrer à quel point les humains sont bien souvent peu recommandables? Les animaux, vraiment, ne méritent pas ça". Je sais, Roswitha et je demande par avance pardon aux crabes et aux homards. 
Cioran disait "L'homme est un animal qui a trahi".
Si j'ai choisi de publier cet article très précisément à cette date du 4 Octobre, c'est parce qu'aujourd'hui, la journée que je vais vivre ne peut que me faire penser très fortement à cette allégorie, dont j'ai pris connaissance à point nommé (Merci à Astazous qui me l'a fait connaître). Mais disons aussi, pour être exacte,  que chaque phrase de ce texte me ramène à des événéments vécus ces derniers mois, voire ces dernières années.
Mes propos sont opaques, j'en ai conscience. Mais ceux qui me connaissent savent de quoi je parle.

Les crabes et les homards
Matière à réflexion

C’est l’histoire d’une bande de crabes qui, pour redorer leur blason terni, ont réussi à embrigader dans leurs manœuvres, deux homards…. consentants.

Il était une fois,… une population de crabes qui, lors de son apparition sur la plage, avait suscité bien des espoirs. Ils avaient pour objectif, plus que louable, de nettoyer la plage et les rochers environnants des déchets qui les défiguraient et qui faisaient craindre pour l’équilibre écologique du milieu.

Pourtant, au fil du temps, la belle unanimité qui les liait, et qui les faisait paraître sympathiques, s’est effilochée… Apparurent des crabes verts, rouges, roses, bariolés,… il y en a même un roux… Ce n’est pas la couleur qui faisait problème mais leur manière de vivre, de fonctionner, d’envisager la manière de nettoyer la plage… Et le panier qui les abritait bruissait de leurs conflits, de leurs disputes, de leurs querelles picrocholines, de leurs divergences.

Certains d’entre eux, attirés par des festins plus substantiels, s’allièrent à des créatures peu recommandables qui, même si verbalement elles donnaient le change, se foutaient pas mal de la propreté de la plage. Et… ce qui devait arriver, arriva : la scission… l’éclatement du groupe.

Certains disparurent, mais un groupe resta accroché sur ses positions, redoublant d’activité en vue de s’approprier les meilleures places – et même parfois plusieurs – sur la plage et dans les rochers. Les bons vieux principes du début furent jetés et emportés par la marée descendante.

Entre temps, la propreté de la plage et des rochers alentour, quoique toujours aussi souillés, était devenue une mode très prisée… tout le monde parlait nettoyage au point que celui-ci était tellement devenu un lieu commun, mis à toutes les sauces, qu’il ne voulait plus rien dire,… en fait on en parlait de plus en plus et on nettoyait de moins en moins… et l’on continue aujourd’hui.

La bonne chère et les banalités des discours firent que l’objectif initial était abandonné et que la course aux bonnes occasions alimentaires devint la priorité… Trouver une place de choix pour se faire une place au soleil, trouver un fromage pas trop avarié, une charogne bien en décomposition…. Voilà ce qui occupa, et occupe, la bande.

L’abandon des bonnes résolutions du début, et les conflits incessants d’intérêts, n’allaient pas dans le sens d’une nouvelle crédibilité, et menaçaient les positions acquises. La bande des crabes se mit à ressembler – et même parfois en pire - de plus en plus aux autres créatures qu’ils avaient pris au début comme contre exemple.

Les parades aquatiques et autres concerts de claquements de pinces n’arrivaient pas à redonner un minimum de sérieux à la troupe. Il fallait trouver autre chose de plus substantiel, et rapidement,… les élections approchant.

Les « maîtres-crabes » – celles et ceux qui avaient pris les meilleurs places, et qui entendent les garder – trouvèrent une solution classique et infaillible : redorer l’image du groupe.


Il y a sur cette plage,… et dans les rochers environnants, deux homards qui font, chacun dans leur domaine, grand bruit et grande agitation.

Le premier est un animal d’une belle prestance, soucieux de son look, entourés de myriades de langoustines et adorés des vieilles morues soucieuses de se trouver un gendre qui présente bien. Il fréquente, de préférence les fonds marins dans lesquels circulent les plongeurs caméra aux poings… La fréquentation des grands aquariums médiatiques, et à la mode, fait, aussi partie de ses activités,… de même que la compagnie des requins et autres méduses… il y a toujours à manger auprès d’eux. Super branché sur les problèmes de propreté - surtout devant les caméras – et en recherche permanente de notoriété, une bonne place au soleil, et là où est la bonne chère, ne serait pas pour lui déplaire.

L’autre homard est totalement différent… Look rustique, quoique moderne, il mène grande activité dans les environs, cisaillant avec ses pinces, à juste titre, avec d’autres et avec force, les algues transgéniques en faisant le plus de tapage possible. Omniprésent, à la répartie redoutable, d’un courage physique qui n’a d’égal que son génie dans la maîtrise médiatique du spectacle qu’il produit, il est tout disponible pour de nouvelles aventures…. Surtout qu’il court en permanence le risque de finir dans un casier – cette menace est un plus médiatique pour ses admirateurs,… et peut-être électeurs.

Ces deux homards sont mûrs pour démultiplier leur présence et apporter leur image longuement travaillée. Séducteurs en diable ils sont de vraies bêtes médiatiques…

Exactement ce dont ont besoin les crabes.

Ainsi, en plein cœur de l’été, sur la plage ensoleillée un pacte, pas encore tout à fait conclu, a été passé. Les anciens, les vermoulus, les crabes vont avoir l’appui, la caution d’une valeur médiatique inestimable de ces deux homards. Ceux-ci entraînant leur cour : langoustines et morue pour l’un, crevettes et bernards l’hermite (toujours à la recherche d’un logement) pour l’autre. Notoriété et foi feront le reste.

Ainsi, le panier de crabes va « prendre des couleurs » et va accroître ses chances… au moins le temps d’une élection – ce qui est l’essentiel - afin que les « maîtres crabes » et les deux homards soient élus.

De contenu, point,… seulement de l’image, du spectacle, de la notoriété, du médiatique, de l’affectif… bref du vent (marin).

Le consommateur toujours naïf n’y verra que du feu…. Car c’est bien connu,… il n’est intéressé que par les couleurs de l’emballage, pas par la qualité de la chair qu’il mange, ni par la fraîcheur du produit.



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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 15:00

"La France est un beau pays." par Philippe Val

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Belle campagne, jolis reliefs... Des collines, des cours d’eau, une belle diversité d’arbres, des vaches bien grasses qui paissent dans des champs bien verts, des hameaux où, à la tombée du soir, on peut encore admirer, assis sous un portail, quelques beaux spécimens de fermières qui reviennent de la cueillette des glands, les bras chargés de bouquets, en fredonnant du Patrick BRUEL.

Au cours de mes vingt années de tournées avec Patrick Font, il m’a été donné de sillonner en tous sens ce beau pays, dont Joachim du Bellay, en son temps, disait qu’il préférait le petit Lirée au mont Palatin. Ah ! oui, qu’elle serait belle, la France, si elle n’était atteinte d’une maladie, un mildiou, une lèpre, une teigne, une vérole, une horrible furonculose, une peste qui la dévore : les panneaux publicitaires.

Vous êtes sur la route. Vous dites : Tiens, on arrive bientôt à Tours. C’est beau, Tours. Avec ses maisons blanches en pierres de tuffeaux. Vous vous souvenez avec émotion que c’est la ville de Balzac. D’accord, le maire est atteint d’un mal étrange, comme des gens qui étouffent en avalant leur langue, sauf que lui, ce n’est pas exactement sa langue qu’il a avalée. Vous voulez savoir ce que c’est ? Heu... C’est un organe qui a la forme d’une banane. Bref, vous arrivez à Tours. Je dis Tours, mais ça pourrait aussi bien être Saint-Brieuc, Montélimar ou Carcassonne. Vingt kilomètres avant d’arriver, vous avez le moral qui commence à dégringoler, parce que vous traversez la zone industrielle. Toute la laideur du monde s’est donné rendez-vous autour de toutes les villes françaises. Au centre, on fait un petit quartier piétonnier de quelques centaines de mètres, avec bacs en ciment pour foutre des géraniums, boutiques de fringues, de godasses et parfumeurs. Un petit machin mignonnet et sans vie, avec petits pavés à l’ancienne, et mort absolue dès la fermeture des boutiques. Des petits centres-villes ennuyeux, proprets et prétentieux. Mais autour de la ville, les vandales se défoulent. Dédales de parkings, Monsieur Meuble, Tousalon, parkings, grandes affiches de ventes promotionnelles avec photo pisseuse de Jacques Martin, supermarchés géants, parkings, laideur, laideur, sur des kilomètres, entrepôts, pub géante pour marque d’essence. Mais ça sert à quoi, la pub pour l’essence ? Quand le réservoir est vide, on s’arrête, on fait le plein. On n’en a rien à foutre de la marque. Et surtout, on en a marre du Tigre Esso qui nous empêche de voir les clochers de Combray et de Martinville. Marre des panneaux immenses qui vantent le nouveau camescope qui tient dans la main d’un crétin, mais qui nous empêche de voir avec nos vrais yeux une île sur la Loire. Marre des panneaux pour machine à laver avec crédit gratuit quand, justement, on est sur la route pour oublier tout le linge sale de l’univers. Fatigués de ces pubs géantes pour slip d’homme, avec le sapin des poils qui descend du nombril vers les deux boules sous vide. Pub encore une fois inutile. Comme toute la pub, d’ailleurs. Quand on n’a plus de slip, on en rachète. La marque, on s’en fout. Ce n’est pas ça qui va faire qu’on va emballer ou non. Il m’est même arrivé de séduire alors que je n’en portais pas. Parfaitement. Même en vrac, on peut plaire aux femmes.

Quoi qu’il en soit, depuis plus de vingt ans que je voyage en France, je n’ai jamais pu m’habituer à ce terrorisme esthétique. Mais qui a permis cet affront à la beauté des choses ? Comment se fait-il qu’il y ait des gens qui ont le droit de nous imposer de la laideur ? Que fout le législateur pour protéger le citoyen contre la mocheté qui pourrit sa vie ? L’espace, la vue, le point de vue, c’est à tout le monde. Alors qui se permet de le vendre à monsieur Sony, à monsieur Dim ou à monsieur Shell ? Qui autorise les maires des villes à transformer notre espace aérien en pognon ? Et qu’attendre des maires alors qu’eux-mêmes, dans nombre de grandes villes, ont fait installer par l’ignoble Decaux, un des grands responsables de l’enlaidissement irrémédiable de Paris, les maires, donc, ont implanté dans leur commune des réseaux d’affichage électronique dont le seul but est de vanter les succès de leur gestion géniale. Ils se payent ainsi, avec les sous de la collectivité, des campagnes électorales à l’année. On appelle ça : dépense de mobilier urbain, et c’est quand même une petite combine bien obscène. Dans le temps, il y avait des hommes-sandwichs, des pauvres gars qui marchaient dans les rues avec des mines de paria, avec une affiche sur le ventre et une sur le dos. Eh bien ! Nos villes sont devenues des villes-sandwichs, des villes paria qui gagnent leur vie en vendant leur beauté à des marques de bagnole ou de lessive.

Il y a une lueur d’espoir, cependant. Dans la seule ville de Nantes, il y avait 2 380 panneaux. Le maire s’est fait engueuler par ses administrés, et il a ordonné le démontage d’un millier de ces cochonneries. A Rennes, même phénomène. 220 panneaux sur 1 100 vont être démontés. La résistance s’organise. On dira que c’est une lutte futile. Non. La laideur, c’est le décor de la barbarie. La laideur anesthésie l’intelligence, étouffe insidieusement la joie de vivre, pourrit lentement nos facultés d’émerveillement, nous transforme en carpettes intellectuelles, en mous du bulbe, en grignoteurs de Tranxène.

Publicitaires, il y a quelques années, vous avez enlevé le haut, ce n’était pas mal. Puis vous avez enlevé le bas, c’était mieux. Eh bien, maintenant, enlevez tout et barrez-vous, ce sera parfait.

Extrait de "Allez-y, vous n’en reviendrez pas" de Philippe VAL (Éditions du Cherche-Midi - 1994)
































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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 06:00
Pour fêter le 14 Juillet,

une simple phrase. Elle est de Stephan Zweig :

"Quand les drapeaux sont déployés, toute l'intelligence est dans la trompette"

Gardez la bien sous le coude. Elle pourra vous servir de nouveau, au moment des J O.

http://www.bibliomonde.com/livre/allons-enfants-2436.html
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28 juin 2008 6 28 /06 /juin /2008 22:00

 

 http://www.myspace.com/lebabel

 


Les pieds sur Terre et la tête dans les étoiles, On participe à la fondation d’un mouvement politique dont, parmi les principales références, On pourrait citer dans le désordre et de manière non exhaustive : Ivan Ilitch, Jacques Ellul, René Dumont, Bernard Charbonneau , Henri-David Thoreau,  Théodore Monod, Annie Leclerc, Pierre Fournier, Robert Hainard, Claude Lévi-Strauss et côté littérature des gens comme Jean Giono, Kenneth White,  Marguerite Yourcenar, ---

 

Vingt-quatre ans plus tard, entre autres perles rares dans le genre textes décadents, On reçoit celui ci-dessous, image même d'une  langue de bois écolocratesque qui tente de masquer péniblement un vide sidéral derrière une mince  couche de vernis ( vert ni-ni sur le nuancier, ) passée à la va-vite.

 

« Après les dernières échéances électorales et en attendant les municipales, ce sera le temps de faire le point sur l’Ecologie Politique, sur les VERTS et sur notre capacité à rénover notre fonctionnement pré-requis pour ouvrir une autre voie politique pour réellement préparer une autre séquence politique VERTE ».

 

Mais où sont passées la Terre et les étoiles ? On ne voit plus qu’un triste substrat  inerte, un support d’inculture, le contraire de ce pour quoi On est chez les Verts depuis 1984.

Reconnaissant en bas de la feuille une signature bien connue  et  qui scelle  habituellement des textes hélas toujours aussi abscons, On se dit que ce n’est vraiment pas utile de  lire. On présente ses excuses à son homme de lettres préféré, son facteur, qui aura déposé pour rien ce courrier dans la boîte.

 

Et On a  tort. Pas de présenter ses excuses à l’homme en voiture jaune poursuivie par les chiens mais de ne pas lire la bouillie pour les chats précitée, qui cache une belle grosse crasse.

 

On se mord les doigts mais prend une bonne résolution. Désormais, On lira tout, vraiment tout ce qu’il y a de plus nul, de prodigieusement ennuyeux et inintéressant, même l’annuaire du téléphone des Pyrénées Atlantiques. On n’est jamais assez prudent, la preuve !

 

Voilà. C’est ce que l’On m’a dit.

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19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 09:00



Forêt de Montagne à Java.

Photo extraite de « Des forêts pour les Hommes ». Editions Payot. 1984.


Coucou, me revoilà !

Le blog a pris des vacances forcées depuis le 5 Juin. Non, je n’étais pas partie me dorer au soleil des Bahamas. L’explication est bien autre. Ces derniers temps, de très forts remous au sein des Verts du Pays Basque produisent divers effets, avec, parmi les dégâts collatéraux, ma privation d’ADSL depuis deux semaines. Le très violent orage accompagné d’inondations, qui s’est abattu sur la commune d’Uhart-Cize le 11 Juin dernier, a créé une telle surcharge de travail chez les techniciens Telecom et Orange que le délai d’installation s’est trouvé encore allongé. Pas de chance, enfant du malheur, comme aurait dit mon papa.

 

Mais venons en au but. Les piteuses  pratiques  auxquelles je fais allusion un peu plus haut et qui concernent les Verts du Pays Basque auxquels je crois pourtant pouvoir affirmer sans prendre le risque de  me tromper que je suis la personne la plus sincèrement et la plus fortement attachée, m’ont conduite à me remémorer le texte d’une contribution non soumise au vote qu’avec JCM, un Charentais alors étudiant à Bordeaux, nous avions présentée lors d’une Assemblée Générale des Verts d’Aquitaine, il y a de cela une douzaine d’années. Vous verrez, c’est un peu surprenant pour une contribution à une AG de Parti Politique. Lurbeltz, si tu me lis, tu verras que nous t’avions précédé dans la pratique de l’allégorie là où on l’attend le moins. Nous n’avions rien écrit par nous-mêmes, seulement réalisé la compilation d’une chanson de Bernard Lavilliers et de quelques citations.

La voici :

 
Minha Selva.

 

« Des pas au couchant se glissent

dans la poussière du soleil.

Des patios aux dalles lisses, des hamacs sans sommeil.

L’eau transparente qu’on rêve et qui jamais n’apparaît.

Vient la valse des regrets.

 

Noir labyrinthe des jungles où le chasseur disparaît

Egorgé près de son flingue par le tigre qu’il voulait.

La chaleur et puis la fièvre et l’attente du passeur, voyageur.

Etre à l’aube des échecs seul avec des Jivaros

sans un mot, avec des chefs venus du Mato Grosso.

C’est la Selva qui t’enseigne la solitude des rois, la solitude.

 

Dans l’abstraction végétale, la forêt prend des allures

formidables de cathédrale dressée dans le clair obscur.

Le temps n’est pas un chantage, il ne prouve pas le vécu.

 

Qui peut vivre ici, des hommes qui n’ont pas connu de loi.

Je parle de la loi des hommes dont la nature ne veut pas,

Qui connaissent comme personne tout  ce que vous ne

saurez pas, la selva.

 

Minha selva, minha selva.

 

Bernard Lavilliers.

 

Argumentation de la motion “Minha selva”.

 

La poésie ne s’explique pas, ne se comprend pas, mais elle se ressent. Il serait donc malvenu de faire un plaidoyer pour elle. Ajoutons donc un peu de littérature et la conscience de chacun fera le reste.

 

Au sujet de la majorité : « La vérité appartient à très peu ». Goethe.

Au sujet des moyens : « Le conflit est père de toute chose ». Héraclite.

Au sujet de la pureté : « Les dieux sont morts mais les diables sont vivants ». Malraux.

Au sujet de l’avenir : « Le ventre est encore fécond d’où sortit la bête immonde ». Brecht.

Au sujet du désarroi : « A ceux qui veulent changer le monde : méfiez-vous, le monde ne vous a rien demandé. ». Luis Rego.


 


Tronc de Hêtre dans la Haute Vallée de la Fecht (Haut Rhin).

Dessin à la pointe Bic, in « Reliques de nos forêts de jadis ». Editions des « Dernières Nouvelles d’Alsace ». 1981.

 

 

 

 

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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 12:00

                                   


 

                                                                                                                                                    Uhart-Cize, le 19 Mai 2008

 

Monsieur le Maire,

 

Je vous écris cette lettre ouverte en  ma qualité de secrétaire des Verts du Pays Basque.

 

Vous savez que l’hebdomadaire « Le Point »  a publié le 7 Mai dernier un article concernant les municipalités du BAB. Dans cet article, Martine Bisauta est présentée comme une « responsable des Verts ».

J’ignore si cette  expression est le fait du journaliste ou bien si c’est vous qui l’avez employée.

Au cas où la deuxième hypothèse serait la bonne, je  me permettrais de vous prier de faire très attention à l’avenir lorsque vous présentez Martine en public ou dans la presse.

En effet, Martine Bisauta n’est plus une « responsable des Verts, j’imagine que vous le savez. Elle a démissionné de notre parti afin de s’éviter l’exclusion car notre mouvement politique ne saurait accepter d’un militant ou d’une militante qu’il se présente à une élection municipale sur une liste menée par un adhérent de l’UMP.

 

Certes, la presse, depuis le début de cette affaire, a souvent présenté Madame Bisauta d’une façon qui entretient la confusion dans l’esprit des gens. Les journalistes n’en sont pas les seuls responsables, Martine jouant largement de ce flou artistique, aidée en cela par certains responsables des Verts du Pays Basque qui l’ont accompagnée et continuent à l’accompagner.  Pour être plus explicite, je dirai que pour ces personnes, Martine n’est plus chez les Verts mais elle y est tout de même encore et continue à compter pour eux à tel point qu’ils se refusent systématiquement à opérer des rectificatifs auprès de la presse, qu’elle soit locale ou nationale. Je ne connais pas les  raisons de cet accompagnement  mais il me semble qu’elles doivent avoir plus de rapports avec la politique politicienne dans ce qu’elle a de pire qu’avec le souci de l’idéal écologiste  qui seul devrait animer des militants Verts.

 

Il faudra bien un jour que les choses soient mises au clair et je vous serais très reconnaissante si vous pouviez être l’un des acteurs de cette clarification.

 

Comptant sur votre compréhension, voire votre appui, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, mes respectueuses salutations.

 

                                                                                                                                                                                           Jenofa Cuisset.

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25 avril 2008 5 25 /04 /avril /2008 14:00

"C'est le plus grand, quel style inimitable, comment peut-on encore écrire après lui?"----j'en passe et des meilleures--- S'agissant de Louis-Ferdinand Céline, j'ai entendu ce style de louanges des centaines de fois. De la part de gens avec qui je n'ai que très peu d'affinités, voire pas du tout, mais aussi, hélas,et peut-être en plus grand nombre, de gens pour qui j'éprouve beaucoup de sympathie. Et j'ai toujours senti dans ces moments là que si j'opposais mon ressenti à moi, j'allais passer pour une inculte, attardée mentale et coincée du cul. Donc, lâchement, je me taisais. Mais voilà---un soir, dans un salon où l'on cause, j'ai craqué et maintenant, je me sens mieux, je ne souffre plus en silence. Ca y est, je suis une grande fille, je m'assume! Dès que commence la litanie des formules de louanges toutes faites que l'on dirait récitées autour du moulin à prières ou un chapelet entre les doigts, je la fais taire. Pan sur le bec!

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Voici quelques lignes extraites d'un livre que j'ai lu en 1997   "Céline en chemise brune" Editions Mille et une nuits"1997. (première édition 1983). L'auteur s'appelle Kaminski. Je vous en recommande très chaudement la lecture. Découvrir un Céline horrifié devant une étude qui tendrait à prouver que les soldats Allemands sont producteurs de bien plus grosses quantités d'excréments que les soldats Français, et se demander alors si, tout bien réfléchi, il ne serait pas le dernier Aryen de la planète, je vous assure, c'est quelque chose! Même si cela ne décourage nullement tous les bavasseux qui, dans les salons littéraires, continuent à parler de lui la bouche en cul de poule et le petit doigt en l'air. Un peu comme ceux qui, lorsqu'on évoque devant eux l'abominable agonie du taureau dans l'arène, continuent à vous vanter  des trémolos dans la voix, la beauté de la faena, l'élégance du matador.

---"On est peut-être enclin à considérer le cas Céline comme un cas de folie qui ne dépasse pas un problème de critique littéraire. Mais "si c'est de la folie, elle a de la méthode", comme disait Hamlet. La méthode des nazis.
L'énumération de ce qu'il attaque et de ce qu'il défend paraît à première vue simplement grotesque. Examinée de près, cette liste révèle pourtant une ligne de conduite nette, un sens déterminé, un but précis,bref une politique. La politique des nazis.
Ses vociférations ont trois objets principaux:
1 Les critiques, les compositeurs, les médecins concurrents, ainsi que les auteurs qui ont plus de succès et gagnent d'avantage.
2 Tout ce qui représente la civilisation occidentale, la raison, l'esprit, le doute, le sens critique, la culture, le désir de la liberté, l'idéal de la tolérance et de la solidarité
3 Les juifs et les "enjuivés", formule spectaculaire pour personnifier un ennemi abstrait et pour justifier le sauvetage du monde par le national-socialisme---"
---"Que les personnes à l'affût d'émotions sexuelles soient cependant prévenues : la pornographie dans "Bagatelles pour un massacre" n'est pas suggestive. Si elle est faite pour la vente, elle n'est pas réussie. C'est de la scatologie froide, produit d'une dépravation maladive qui fait comprendre la haine de Céline pour Freud".
Hanns-Eric  Kaminski, juif-allemand en exil, journaliste.1938
 
---"Dira-ton aujourd'hui où toute réflexion sur les rapports entre esthétique et éthique est frappée de suspicion : Quel naïf, ce Kaminski, quel immature! Lui reprochera-ton d'avoir pris au sérieux le racisme biologique des années trente sous sa forme la plus littéraire? Considérer comme close la question Céline, comme obsolète celle de la responsabilité de l'écrit, ce serait faire comme si les questions que la littérature toute entière se pose à elle-même avaient enfin trouvé définitivement réponse. Il suffirait ainsi de dire "C'est un écrivain", mieux, avec un tremblement dans la voix "C'est un grand écrivain"" et l'on aurait tout dit.
Céline grand écrivain et écrivain raciste : il faudrait penser ce "et"; en particulier la façon dont il se manifeste dans la langue. Au lieu de réfléchir à cette articulation, que fait-on? On établit un rapport de causalité entre les deux termes, ou bien on élude peu à peu le deuxième terme, ou encore on colmate par de la mythologie, on arrange Céline, on le maquille, on le fétichise, on lui cherche toutes les excuses du monde, on reprend tels quels tous ses mensonges; ou encore, on allonge le bonhomme sur un divan. Bref, on anesthésie l'oeuvre pour la mettre au pinacle de la-Littérature-à-l'-état- pur. La politique ne la traverse plus, sa langue est hors-histoire- et l'on paraphrase les déclarations de Céline sur l'émotion et la musique, quand il faudrait analyser ce qu'elles empêchent de penser---
Nous vivons encore pour une part sous l'emprise d'une représentation hagiographique de la littérature où de séduisants paradoxes se sont figés en de nouveaux conformismes. Une mythologie néo-romantique, sublimant l'excés et sacralisant la part maudite, réduit le mal idéologique ou historique au mal tout court. Elle aligne le politique sur le psychanalitique, noie l'antisémitisme des années trente dans le cauchemar du siècle, et le cauchemar du siècle dans une haine de tous les temps. On retient encore, d'une mystique désuète, l'icône de l'écrivain reclus et fétichisé, qui permet de légitimer la mise en scène compassionnelle d'un Céline martyr et meurtri-indécente au regard d'autres persécutions. La généalogie de la lecture célinolâtre tend ainsi à se confondre avec la préhistoire d'une panhéonisation et d'un sacre".

Jean-Pierre Martin, écrivain, professeur de littérature 1997

 

                                               Adolphe, dont Céline se disait "grand-ami".


Vous connaissez "Ferdinand", la chanson de Pierre Perret?: "As-tu gagné le ciel, Ferdinand, auquel cas tu n'dois pas être heureux, car si c'est vrai ce que l'évangile nous apprend, les négros vont aussi dans les cieux". A un moment, il dit "Mais ce ne sont là qu'épines d'acacia, d'un pt'tit chansonnier, d'agaçants propos, qui font ricaner l'intelligentsia (pan sur le bec, ça c'est Jenof@ qui ajoute, na!) et les nostalgiques de la gestapo".
 
J'ai entendu un jour quelqu'un tenter de faire un rapprochement entre Vian et Céline,  cet anarchiste d'extrême droite uniquement préoccupé par sa petite personne. J'espère que le "Pauvre Boris" cher à Ferrat  et à tant d'écologistes n'a rien entendu de ces paroles et qu'il ne s'est pas retourné douze  fois dans sa tombe.
Perso, le seul point de désaccord entre mon défunt-père et moi, a été celui-ci. Je n'ai jamais compris comment lui, libertaire, tolérant, altruiste, drôle,tendre et sensible,accueillant et à son aise avec toutes les générations, émerveillé devant toute forme de vie, chantre de toutes les différences, pouvait me tenir le même type de discours/ "Ah, certes, un triste Sire mais un tel écrivain!". A sa mort, je me suis fait violence et j'ai lu tout Céline, le coeur au bord des lèvres en permanence. De là m'est venu mon goût pour le whisky et les alcools forts, faut bien faire passer les nausées. Je n'ai pas trouvé les réponses aux questions que je me posais. Puis un jour, la présence de ces livres quelque part au grenier de la maison ne m'a plus semblée supportable. Je me sentais salie et j'avais la lourde sensation de souiller l'âme de cette vieille maison basque (même pas aryenne, vous vous rendez-compte!!!!). Alors, je les ai rassemblés dans la cour et j'en ai fait un grand feu purificateur. Et ceci, sous le regard approbateur de ma mère qui  n'avait jamais compris non plus comment l'homme de sa vie avait pu avoir de telles faiblesses littéraires.Il faut dire qu'elle, pendant l'occupation nazie, était allée en consultation, sans savoir que c'était lui, chez ce "bon docteur Destouches" qui aimait tant les chats. Elle avait découvert une antre puante et repoussante et s'était sentie agressée par le regard de dément du dit Docteur.  L'avait pas le sens de l'esthétisme pur dans la littérature, ma maman!
Enfin, paraphrasant Pierre Desproges qui parlait du "National Hebdo", je dirais que lorsqu'on lit un livre de Céline, on fait de gros progrès en littérature car on a à la fois la nausée et les mains sales.
 
Vous savez quoi? Il me semble que sans la capacité d'émerveillement et de compassion, tout être humain n'est qu'aigreur, un danger en puissance, une bombe à retardement. C'est un peu ce que dit Hubert Reeves "Comment retenir la pulsion de tuer quand la jubilation est absente?"
Et comme Giono dit aussi qu'"une sainte haine est un brandon de joie", je souhaite de toutes mes forces que l'enfer existe bien et qu'il y grille pour l'éternité, ce  "grand écrivain" qui se baptisait lui-même "le plus nazi des collaborateurs" et qui disait de la France qu'elle était "une femelle, toujours prête à tourner morue". Une fois de plus, je m'adresse à vous, mes bien chères soeurs. Je vous laisse apprécier.



Et, en bonus, ce texte de Gérard Charollois, Président de Convention Vie et Nature pour une écologie radicale.


 L’idéologie funeste des tastes mort.

 

           Face à la forte contestation de la torture tauromachique et de la chasse, quelques littérateurs, journalistes ou philosophes, unilatéralement publiés par la presse formatée, tentent par de pitoyables sophismes de justifier l’instinct de mort.

Vous lirez, sous leurs plumes hargneuses que tel peintre momentanément très célèbre, "snobisme oblige », tel romancier fasciné par la mort au point de se la donner, célébraient la corrida.

D’autres propagandistes, en d’autres temps, auraient pu justifier l’horreur fasciste par le talent de CELINE, de Robert BRASILLAC, de Lucien REBATE et le verbe puissant de Philippe HENRIOT.

La notoriété ne change pas le crime en vertu.

Puis, les tastes mort tentent le débat d’idées et énoncent :

« La vie implique l’acceptation de la mort, terme inéluctable. La tauromachie, la chasse sont des rituels initiatiques, une symbolique du combat de l’esprit sur l’animal et le taureau (de combat) est fait pour combattre et pour mourir. Ici il affronte l’homme comme dans la nature, il aurait dû subir les attaques du tigre ou du lion.

Sa souffrance dans l’arène se justifie  puisqu’en toute hypothèse les êtres vivants doivent mourir et pour cela souffrir préalablement. Ceux qui condamnent les spectacles et loisir de mort refusent en fait la vie, puisque celle-ci implique son inéluctable issue ».

 

Ce raisonnement spécieux décliné sous diverses formes par les littérateurs zélateurs des corridas et de la chasse  débouche immanquablement sur la valorisation de ce qu’ils prétendent accepter.

 

Dans cette optique, dès lors que la mort est le terme imparable de toute vie et dès lors qu’il faut nécessairement mourir un jour stupidement, pour rien, considérons comme premiers philanthropes ceux qui par la guerre et l’extermination de masse offrent à des millions de jeunes gens la chance de mourir sains, beaux, virilement  pour une cause ardente, une race, un pays, un parti.

Ces grands philanthropes leur évitent les affres de la vieillesse et de la maladie.

Après tout, l’homme est condamné à choisir : mourir jeune ou devenir vieux et les deux perspectives l’effraient.

Devenir vieux signifie une mort par morceaux,une progressive diminution de toutes les facultés, l’affaiblissement de la mémoire, l’impuissance sexuelle, le ramollissement des muscles et du cerveau,  la condamnation à la retraite qui implique le retrait.

Devenir vieux, c’est être ce que les pas encore vieux redoutent d’affronter, qu’ils rejettent et trouvent laid. C’est nourrir la peur de tout, finir en  électeur de droite et s’abîmant dans son propre crépuscule, devoir mourir quand même.

Bref, NAPOLEON et HITLER en moissonnant sur les champs de bataille, champs d’honneur et de gloire, la jeunesse de leurs pays firent œuvre de générosité en proposant d’ajouter la magnificence  du sacrifice à cette mort qu’il faut tellement accepter que nul ne saurait s’offusquer de ce qu’on en avance juste un petit peu l’avènement pourvu que ce soit dans la lumière et la symbolique.

Mourir à vingt ans les armes à la main, vous préserve efficacement du cancer et  de l’accident vasculaire cérébral qui sans le don héroïque  suprême seraient advenus indubitablement.

 

Tel est l’aboutissement du raisonnement des tastes mort qui veulent vendre la corrida et la chasse au nom du destin fatal et tragique des êtres, destin qu’il conviendrait de théâtraliser, de ritualiser pour le sublimer et l’accepter pleinement.

 

Non. Ce sophisme criminogène doit être récusé.

 Ce n’est pas parce que la mort gagne toujours qu’il faut lui prêter la main et ajouter de la souffrance au monde.

Même si tout être vivant est un condamné, offrons-lui de la douceur, de l’affection, du plaisir, du repos.

Que l’intelligence humaine serve à faire reculer et non à exalter la mort qui n’a pas besoin de nous pour accomplir ses œuvre perverses.

 

Tastes mort et fascistes sont indissociablement unis idéologiquement dans leur aspiration morbide à la violence primaire qui rassurent leurs peurs sous le paravent de la ritualisation ou d’un héroïsme guerrier de pacotille.

Le torero, le chasseur et le SS n’ont rien de consolateur de devoir mourir un jour.

Cette réfutation s’adresse aux prétendus « « intellectuels » », contempteurs de lapensée écologiste, besogneux de la tauromachie et de l’art cynégétique, et non aux foules de badauds, troupeaux grégaires, qui vont aux corridas ou à la chasse parce qu’ils voient les autres y aller, sans même méditer un seul  instant sur la tragédie de vivre.

La foule obéit à son cerveau reptilien et la masse exonère l’individu de sa conscience et de sa responsabilité.

La foule suit la foule et fait ce que font les autres  par pur mimétisme.

Ses victimes expiatoires changent selon les cieux et les époques, mais l’instinct demeure.

Des combats de gladiateurs aux bûchers du Moyen-âge, des génocides bruns aux génocides rouges, des bombardements de villes aux chasses aux canards, l’homme célèbre l’art de tuer qu’il prétend ériger en art de vivre.

L’animal humain reste à hominiser pour devenir  ce qu’il s’imagine être déjà.

           Gérard  CONDORCET.

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE.

 

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