Tiens, je viens de retrouver cette ébauche de "post", rédigée en Octobre 2008, ni terminée ni corrigée. Je n'ai
jamais mis la dernière main à ce texte. Ecrit à chaud sous le coup de l'émotion, je l'aurais sans doute remanié de manière plus que drastique avant de le publier. J'y aurais mis un point
d'honneur.
Ce soir, trois ans et demi plus tard, cela m'amuse plutôt de le balancer tel quel. Après tout, peut-être
pouvez-vous le continuer vous-même----
Longtemps, j'ai regardé le monde avec des yeux d'enfants. Je voulais aimer les gens et je les ai aimés parce
que je l'avais décidé.J'avais confiance en eux, comme ça, de suite. Je ne trouvais rien de plus beau et de plus désirable que de donner son affection, d'éprouver de l'estime. Quand d'aventure, je
faisais la connaissance d'une personne dont on ne m'avait pas dit le plus grand bien et qu'il me semblait au bout de quelques jours, qu'elle ne se conduisait pas si mal que ça, j'en aurais
dansé de joie. Et quand par ci par là, quelque chose me gênait ou me blessait chez quelqu'un pour qui j'avais de l'estime, je faisais une rapide introspection, du style "Voyons, cherche
bien, est-ce que ce ne serait pas toi qui serais un peu tordue? Hein?". Je ne trouvais pas toujours de vraie réponse, mais les jours s'écoulaient, le soleil revenait, puis les pluies qui lavaient
la poussière et on passait à autre chose

Il y a quelques mois, un événement aux 10 000 ramifications m' a descillé les yeux, m'a fait adopter bien malgré moi la manière de regarder des adultes aguerris et sans illusions.
J'ai dit non aux intrigants, je l'ai crié très fort . J'ai fait appel aux souvenirs communs, et surtout à un idéal que je croyais commun. Et là, moi qui était tellement agacée de m'entendre
répéter sans cesse que j'étais "trop gentille", j'ai entendu en boucle la litanie interminable de la part des mêmes personnes qui me trouvaient "trop gentille" quelques jours auparavant :
"Tais-toi. Calme-toi. Va voir un psychanaliste. Attention, l'Hopital Psychiatrique te guette!".

Bon, je commençais à m'y habituer et j'en avais pris mon parti. Mieux, j'en riais à gorge déployée et je me faisais un plaisir d'en rajouter, pour le "fun"", à l'image de la nana qui vit seule
dans sa tanière enfouie sous la végétation et qui dialogue en priorité avec les grenouilles, crapauds et chauves-souris. Je ne vis pas en Pays Basque pour rien. Faut bien faire vivre
l'image de la sorcière, de Zugarramurdi ou d'Uharte Garazi. Malheureusement, si les petits-enfants des écoles où je travaille ainsi que les amis qui sont restés des enfants, ceux qui ne
courent ni après le fric, ni après la notoriérété, ni après un poste, ou quelque lambeau de pouvoir savent s'en amuser et faire la part des choses, les adultes, sérieux militants
écologistes ou qui croient l'être, n'ont pas toujours cette facilité de compréhension. Et le bruit court, il enfle "Jenofa, elle est un peu dérangée. Elle vit seule (signe de
dérangement mental? ,,,,,,,,,,,,,,NDLR), au milieu des crapauds, des grenouilles ou des chauves-souris", etc. Bon, je continue à en rire et à développer l'idée de l'article http://jenolekolo.over-blog.com/article-21278971.html
selon laquelle nul ne peut être vraiment humaniste s'il n'est pas un minimum misanthrope, ni vraiment écolo s'il n'est pas à la fois misanthrope et humaniste.
Mon pote "pt'it Rhino d'Uhaldia.Vous savez, le bûcher, ce lieu commun aux Chauves-souris et aux sorcières.
Mais voilà. Ils ont trouvé autre chose. Il y a quelques jours, devant près de soixante personnes, le grand mot a été lâché "Jenofa, elle n'a pas d'argent. Elle ne vient pas aux réunions, parce
que ça coûte trop cher (sur, ça coûte moins cher à ceux qui planifient les réunions tout près de chez eux à l'heure où les autres sont encore au travail à 60 km de là, NDLR)".
Alors, là, en + de l'asile pour les fous, je suis guettée par l'asile pour les indigents. Je ne vous dis pas le crime! Tiens, c'est drôle, jusque là, je pensais fréquenter des gens de gauche,
anti productivistes, un minimum cultivés, ouverts et intelligents, ennemis jurés des carcans, pétris de générosité. Aie, vinzou! J'ai beau avoir le popotin rembourré, je me suis un peu fait
mal en tombant.
Depuis ma plus tendre enfance; à la fréquentation des écrivains, des poètes et en vivant, tout simplement, en laissant la vie me passer partout, toujours à l'affût des émotions, je ressens
très fort le lien indissoluble entre la sauvegarde de la nature, donc de la vie de l'humanité sur cette planète et le choix indispensable d'une sobriété choisie. Je n'ai rien inventé. Je
suis, comme beaucoup de mes amis qui se sont engagés pour l'écologie dans les années 60, la digne fille d'Henri David Thoreau. Car la décroissance, la sobriété volontaire, la simplicité
volontaire, que l'on appelle cela comme on le veut, ça ne date pas d'aujourd'hui. Après tout, lorsque il y a plusieurs siècles, les jeunes filles chantaient que le fils du roi était venu les
chercher pour habiter dans un beau palais, mais qu'elles avaient préfére le moulin familial, le bois joli et les églantiers, elles nous montraient déjà l'exemple. Hein, quoi, comment? Le fils
du roi était moche et contrefait et le cousin berger bien bâti et doté de longues boucles brunes d'un noir de jai?????????? Vous avez peut-être raison, mais quand-même. Aujourd'hui encore, il y
en a qui choisissent le contrefait dans le palais. Pas vrai?
Mais revenons à nos moutons.
Après le bac et mon diplôme d'attachée de presse ("attachée", rien que ce mot donne envie de fuir!), deux "vrais" emplois s'offraient à moi à Paris où je vivais alors. Si j'en avais accepté un,
je vivrais sans doute aujourd'hui une petite vie bourgeoise et---passez moi l'expression, chiante, chiante et d'une platitude et d'un ennui mortels. Au lieu de cela, j'ai choisi l'aventure et la
survie grâce à ce qui se présente: quelques heures de présence dans des écoles parisiennes, de manière à conserver le plus de temps possible pour militer, bénévolement bien entendu, à
"Jeunes et Nature". Puis, un an plus tard, j'ai quitté Paris, sans le moindre projet professionnel (le mot m'aurait fait hurler de rire), mais avec une idée en tête; vivre dans la campagne Basque
le plus sobrement possible, avec quelques poules et un bout de jardin, et en continuant à me battre pour la nature et pour l'idéal écologiste. A 28 ans, à mon grand désespoir, une hernie
discale lombaire due à de très gros efforts m'a contrainte à passer le permis de conduire et m'a obligée à abandonner les trop longues marches et le vélo, ainsi que mon activité agricole.
Avec le coût d'une bagnole, la vie matérielle est devenue moins évidente, la vie "tout court" moins libre comme l'a si bien démontré Ivan Ilitch http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Illich
qui en a si bien démontré la contre productivité.
Désolée si ça fait rabat-joie mais depuis ma plus tendre enfance,
j'ai cette obsession de vouloir prendre le moins possible à la Terre qui m'héberge. Et pourtant, j'en ai fait, pendant près de dix ans, des trajets pour des réunions, vers Bordeaux ou vers
Bayonne, avec des retours à deux heures du mat plus deux heures de notes, de mise en forme au retour. Avec, dans la voiture, ma fifille toute jeune et ma maman âgée et un soir un foutu accident
qui a laissé de sacrés traces.Quelles traces: cette équation insoluble et torturante : comment faire avancer l'idéal écolo en t'impliquant autant que possible dans un combat citoyen et collectif,
sans trop consommer et polluer et sans faire de mal à ta famille? Messieurs les donneurs de leçons arrivés bien tard et lanceurs d"imprécations faciles, j'attends votre
réponse.