Extraction de sable. Un collectif Peuple des dunes Trégor voit le jour
3 janvier 2012 à 14h
On connaissait Le Peuple des Dunes, ce collectif qui a ensablé Lafarge et Italcimenti en 2007, à Erdeven (56). Samedi, il faudra compter avec Le Peuple des Dunes Trégor, un petit frère prêt à mobiliser sec pour que le projet d'extraction de sable coquillier, au large de Trébeurden, soit tué dans l'oeuf.
«Le Trégor a connu les marées noires, les marées vertes. Pas besoin d'une couche supplémentaire!» Alain Bidal et Alain Legendre ne sont pas là pour faire de la
figuration: samedi, à 15h, à la Maison de la mer, à Trébeurden, les président et trésorier du nouveau collectif Le Peuple des Dunes Trégor vont battre le rappel des troupes. Et redire à la
trentaine d'associations partenaires (*) draguée en un mois, combien, selon eux, le projet d'extraction de sable coquillier porté par la Compagnie armoricaine de navigation (CAN) ne tient pas la
marée. Et combien, laisser faire pareil dessein serait un «saccage» économique et écologique, malgré l'avis favorable donné par le commissaire enquêteur.
Pression médiatique
Déjà battu en brèche par les maires des treize communes concernées du littoral, le projet envisage l'extraction de 400.000m³ de granulats par an pendant deux
décennies. Une opération qui serait menée «à cinq kilomètres des côtes, dans une dent creuse entre deux zones classées Natura 2000». Un périmètre à cheval «entre baie de Morlaix et Sept-Îles»
s'insurgent les porte-parole frondeurs qui s'interrogent: «Officiellement, ce sable est destiné à l'agriculture. Mais les volumes annoncés vont bien au-delà des besoins en amendement du milieu
maraîcher». Pour sensibiliser largement l'opinion publique et tenter d'influer la décision du ministère de l'Écologie «qui devrait délivrer ou non le permis d'exploiter dans le courant de
l'année», le collectif trégorrois arpente le terrain et fait monter la pression en s'inspirant de l'expérience du Peuple des Dunes.
Manif le 13mai
En 2007, ce grand frère morbihannais emmené, entre autres, par le navigateur Jimmy Pahun, avait enterré à Erdeven, près de Quiberon, le projet de carrière sous
marine des géants du béton Lafarge et ItaIcimenti. Plus de 12.000 manifestants réunis en une spectaculaire fresque humaine sur la plage de Kerhilio avaient défrayé la chronique et emporté la
bataille de l'opinion. Un coup d'éclat qu'Alain Bidal et Alain Legendre aimeraient bien voir se reproduire sur la plage de Trébeurden le 13mai, date déjà choisi d'un rassemblement qui vaudra bras
de fer.
Un appel au bon sens
En attendant, les deux hommes s'apprêtent à multiplier distributions de tracts et signatures de pétitions. Avec une batterie d'arguments qui ont fait leur preuve en
Morbihan: impact sur l'ensablement et risque de dégraissement des plages; menaces sur la filière pêche; dangers pour la faune et la flore... «Notre discours n'est pas écologiste mais seulement un
appel au bon sens et à la prudence. On n'a rien contre la Compagnie armoricaine de navigation. Il suffit pour elle d'aller exploiter un peu plus au large...» Le prix à payer pour voir l'étreinte
médiatique se relâcher.
* Sauvegarde du Trégor, la LPO, les pêcheurs professionnels du quartier de Morlaix-Paimpol et les plongeurs du Cap.
- Arnaud Morvan
Vous pouvez signer la pétition ici.