Comme vous le savez, avec plus de 10 millions de personnes, les Roms représentent la plus importante minorité européenne. Minorité actuellement menacée, notamment à cause de l’application de la fameuse « directive retour ». Depuis la signature de ce texte, les Etats Membres de l’Union Européenne n’hésitent plus à signer des accords de réadmission des immigrés en situation irrégulière dans leur pays d’origine ou de transit. Ainsi, suite à l’indépendance autoproclamée du Kosovo en 2008, et à sa reconnaissance par une cinquantaine de pays dont 25 membres du Conseil de l’Europe, plusieurs pays ont signé avec lui ce type d’accords. Or, le Kosovo est loin d’avoir fait ses preuves concernant le respect des principes démocratiques et des droits de l’Homme, comme en témoignent de nombreux observateurs, dont M. Hammarberg est le plus illustre. Il y a de cela trois semaines, Catherine Grèze a rencontré ce commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe afin d’échanger avec lui sur ces accords, auxquels l’ensemble des députés européens Europe Ecologie s’opposent fermement.
Au-delà du drame que représente cette politique migratoire, les Roms représentent aussi la minorité européenne la plus discriminée. Pour tenter d’inverser la donne, et suite à la vague européenne de violence à leur encontre, un premier sommet européen a eu lieu en 2007. Ce sommet avait été annoncé comme un tournant dans la lutte contre la discrimination envers cette population… Il en faudra pourtant un deuxième pour que leurs conditions de vie plus qu’inquiétantes soient pleinement prises en compte par les institutions européennes. Ainsi, aura lieu le 8 avril à Cordoue en Espagne le deuxième Sommet européen sur les Roms, dont l’enjeu principal sera la définition d’une véritable stratégie européenne des Roms, faisant partie intégrante de toutes les politiques. Suivant le modèle du premier sommet, cet événement réunira à la fois des représentants des institutions de l’UE, des Etats membres, des organisations internationales et de la société civile rom.
La semaine dernière, les députés européens ont voté une résolution (572 députés ont voté pour) à propos de ce sommet. Le texte en question insiste sur les enjeux du sommet et transcrit l’inquiétude des députés face aux discriminations dont les Roms font l’objet, principalement en matière d’éducation, de logement, d’emploi, d’accès aux soins de santé et au vu de leur faible participation politique. Il aborde aussi le non-sens de leurs rapatriements forcés vers les pays des Balkans en général, et le Kosovo en particulier. Vous trouverez ce texte en pièce-jointe.
Mais la discrimination envers ces citoyens, et plus largement envers l’ensemble des Gens du voyage, n’est malheureusement pas nouvelle. Cette année est en effet aussi celle de la commémoration du génocide tsigane, ayant eu lieu lors de la seconde guerre mondiale. Cette commémoration ne sera pas officielle, puisque l’Europe n’a toujours pas reconnu l’existence de ce génocide ! Cela n’empêche pas les communautés de s’organiser localement pour faire reconnaître ce devoir de mémoire. Catherine Grèze participera à l’une de ces commémorations, le 6 avril à 20h30, au Musée de la Mémoire à Portet-sur-Garonne. Y sera diffusé un film intitulé « Un terrain pour ma famille », suivi d’un débat animé par l’anthropologue Emmanuel STITOU. Mais parce que ce génocide nécessite une véritable reconnaissance européenne, Catherine Grèze organisera aussi, avec l’ex-ministre hongroise Kinga Congz, une conférence à Bruxelles (le 12 mai) afin de sensibiliser la communauté européenne à ce sujet.