En ce mois de Novembre, mois de l'arbre s'il en est, après l'ami ormeau Gersois de Luc Romann (voir l'article "Auprès de l'Ormeau, auprès de la mare" ),
voici l'ami marronnier d'un autre poète, musicien et chanteur, le Wallon Julos Beaucarne. Je remercie ce dernier pour l'autorisation qu'il m'a donnée de publier ici cette
page du numéro 55 du FLO FLAF ( Pour les non initiés : Front de Libération de l'Oreille - Front de Libération des Arbres Fruitiers).
http://julosland.skynetblogs.be/

Le plus veil habitant vivant de Tourinnes la Grosse,l’ancêtre, est malade. Un jour qu’on aménageait la place, on lui a coupé ses racines et les arbres, c’est comme les gens, si tu leur enlèves leurs racines, ilsmeurent, c’est ainsi quand on sépare un vieil homme ou une vielle femme de sa maison, de son jardin, on les oblige à vivre ailleurs pour leur bien, dit-on..... et ils ne s’en remettent pas. On croit que les arbres sont insensibles, c’est pour cela qu’on se permet d’écrire au couteau son propre nom sur la peau des arbres, mais la peau des arbres est aussi sensible que nos peaux d’hommes et de femmes.
Sans doute notre marronnier aurait pu vivre encore longtemps et... il vit maintenant ses derniers
moments puisque le 6 décembre, il sera coupé. Le plus vieux compagnon de tous les Tourinnois depuis tant d’années va disparaître.....
Les arbres sont comme les gens, ils ont besoin d’être aimés, d’être caressés, ils ont besoin de doudouces,
de câlins, plus ils sont aimés plus ils poussent vers la lumière. Les arbres sont comme les gens mais, en plus, ils ne sont pas là pour rien, ce sont des sages qui ont plein de choses à nous apprendre, ce sont des enseigneurs, des seigneurs de l’enseignement, ce sont d’immenses capteurs de l’univers, des galaxies, ce sont des “Mont Palomars vivants”, des guérisseurs.
Notre marronnier était généreux, il ne comptait pas les marrons qu’il faisait, il n’était pas “rapiat, il n’était pas radin, les arbres ne calculent pas leurs fruits et si vous plantez un de ses marrons dans votre jardin le marronnier ressuscitera chez vous. Les arbres en savent beaucoup plus long que nous ne le pensons, ils sont vivants jusqu’au bout de chacune de leurs feuilles. Ils sont de grandes maisons d’oiseaux et une foultitude d’insectes logent dans le moindre petit pli de leur peau. Il vaut mieux parler aux arbres, ils ne comprendront que mieux, ils ont les oreilles larges comme celles du Bon Dieu. Ne soyez pas tristes, notre marronnier même coupé, chantera toujours ici même sa chanson d’amour,son esprit restera vivant. Et vous les enfants,profitez
de ses derniers jours où il est encore avec nous ici, pour lui donner des caresses et des câlins, pour
le remercier de sa présence profitez de ces quelques jours qui lui restent pour le remercier d’avoir vécu si longtemps près de nous. Apportez lui des fleurs aux parfums puissants pour qu’il oublie quelques instants en les respirant qu’il doit partir pour l’au-delà des arbres. Si vous voulez vous ressouvenir de lui plantez un marron dans votre jardin et lorsqu’un marronnier poussera, chérissez le, allez le voir tous les jours, il deviendra
grand et vous aussi en même temps.
Julos. Tourinnes la Grosse le 26 octobre 07.