Percolateur 130.
La chronique de Christian Laborde dans la Nouvelle République des Pyrénées (Tarbes), le samedi 11 Juillet.
La corrida recule en Espagne, la jeunesse, comme I'indique le quotidien < El Païs >, se détournant majoritairement d'un spectacle qu' elle juge sanglant et ringard. On ne verra bientôt
que des vieillards dans les arènes de Séville. Reculant en Espagne,la corrida, qui n'est jamais
qu'un business, tente de conquérir en France de nouveaux marchés. C'est ainsi qu'une corrida se déroulera le 5 août prochain, à. . . Mimizan. Le conseil municipal a donné son feu vert. Et le
maire de conclure: "Il y a les pour et ily a les contre. J'admets que ça puisse intéresser les gens, je ne suis pas un aficionado à 100 o/o. Mon opinion personnelle n'est pas à prendre en
compte. C'est possible que j'y aille. On a considéré que ça pouvait permettrede redynamiser la station".
Comment un spectacle sanglant, réprouvé par la majoritédes Français et celle des touristes
européens (Allemands,Suisses, Belges, Hollandais, Anglais.. . ) fréquentant les plages
de l'Atlantique, pourrait-il redynamiser une station balnéaire ? Sans doute, monsieur
Ie maire et son conseil municipal ont-ils reçu la visite des impresarii des tueurs de taureaux.
Ils leur auront fait croire, en parlant de fête, de traditon, de paso doble, que la mort vespérale des taureaux mutilés boosterait les finances de cette paisible ville, la seule des Landes
ayant décroché le label < Station kids >. Oui, Mimizan, c'est la station des <kids >, c'est-à-dire des enfants, lesquels, on I'imagine, se régaIeront de l'enfoncement de la pique, des
banderilles et de l'épée dans le corps ensanglanté du taureau, sous les cris de la foule en transe. On sait, ici, dans ce cher et vieux journal, ce que je pense de la corrida. Mon avis,dans cette
affaire, compte bien moins que la question que je me pose : le maire de Mimizan connaît- il la loi ? A-t-il entendu parler de I'article L52l l du code pénal (et de son alinéa 7).Cet article, qui
condamne à trois ans de prison toute personne ayant fait subir à un animal un traitement cruel, stipule que I'on ne peut organiser de corridas que dans des villes ayant une tradition tauromachique
centenaire et ininterrompue. Or, il n ya jamais eu de corrida à Mimizan,
ni au siècle dernier ni au XIX'siècle qui vit l'arrivée, en France, de ce supplice hispanico-
ritualisé. Trois fois plus de corridas à Dax, à Bayone. ou Nîmes, ce serait, à mes yeux,
proprement scandaleux, mais, hélas, parfaitement légal. Une corrida à Mimizan c'est purement scandaleux et absolument illégal.
J'avais justement essayé de faire passer un commentaire avant mon précédent, pour dire que je sortirai pendant la projection.<br />
J'ai tenu pendant Alinéa 3, c'est déjà beaucoup.<br />
Mais il faut te mettre en tête Laurent que pour beaucoup de gens, la majorité, la corrida, c'est jouer avec le taureau. La réalité zoomée ainsi sert d'électrochoc, j'en suis persuadée.<br />
La poésie, justement, c'est ce qu'essaye de faire les taurins pour masquer l'horreur. Pour la poésie, ils échouent, ce qu'ils racontent c'est de la merde, mais par contre pour beaucoup de gens, ils arrivent à masquer l'horreur.
Le film en question sera projeté ce soir à l'issue de la conférence à Ostabat (centre Haize Berri) de Madame Hardouin Fugier, autour de son livre "Histoire de la corrida en Europe du 18ème au 21ème siècle".