27 juillet 2009
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Percolateur 130.
La chronique de Christian Laborde dans la Nouvelle République des Pyrénées (Tarbes), le samedi 11 Juillet.
La corrida recule en Espagne, la jeunesse, comme I'indique le quotidien < El Païs >, se détournant majoritairement d'un spectacle qu' elle juge sanglant et ringard. On ne verra bientôt
que des vieillards dans les arènes de Séville. Reculant en Espagne,la corrida, qui n'est jamais
qu'un business, tente de conquérir en France de nouveaux marchés. C'est ainsi qu'une corrida se déroulera le 5 août prochain, à. . . Mimizan. Le conseil municipal a donné son feu vert. Et le maire de conclure: "Il y a les pour et ily a les contre. J'admets que ça puisse intéresser les gens, je ne suis pas un aficionado à 100 o/o. Mon opinion personnelle n'est pas à prendre en compte. C'est possible que j'y aille. On a considéré que ça pouvait permettrede redynamiser la station".
Comment un spectacle sanglant, réprouvé par la majoritédes Français et celle des touristes
européens (Allemands,Suisses, Belges, Hollandais, Anglais.. . ) fréquentant les plages
de l'Atlantique, pourrait-il redynamiser une station balnéaire ? Sans doute, monsieur
Ie maire et son conseil municipal ont-ils reçu la visite des impresarii des tueurs de taureaux.
Ils leur auront fait croire, en parlant de fête, de traditon, de paso doble, que la mort vespérale des taureaux mutilés boosterait les finances de cette paisible ville, la seule des Landes ayant décroché le label < Station kids >. Oui, Mimizan, c'est la station des <kids >, c'est-à-dire des enfants, lesquels, on I'imagine, se régaIeront de l'enfoncement de la pique, des banderilles et de l'épée dans le corps ensanglanté du taureau, sous les cris de la foule en transe. On sait, ici, dans ce cher et vieux journal, ce que je pense de la corrida. Mon avis,dans cette affaire, compte bien moins que la question que je me pose : le maire de Mimizan connaît- il la loi ? A-t-il entendu parler de I'article L52l l du code pénal (et de son alinéa 7).Cet article, qui condamne à trois ans de prison toute personne ayant fait subir à un animal un traitement cruel, stipule que I'on ne peut organiser de corridas que dans des villes ayant une tradition tauromachique centenaire et ininterrompue. Or, il n ya jamais eu de corrida à Mimizan,
ni au siècle dernier ni au XIX'siècle qui vit l'arrivée, en France, de ce supplice hispanico-
ritualisé. Trois fois plus de corridas à Dax, à Bayone. ou Nîmes, ce serait, à mes yeux,
proprement scandaleux, mais, hélas, parfaitement légal. Une corrida à Mimizan c'est purement scandaleux et absolument illégal.