Le blog de Jenofa, citoyenne du monde enracinée en Pays Basque, petite fourmi de l'écologie.Jenofa, ekologiaren xinaurri ttipi bat.
Cette photo provient du site : http://www.notre-planete.info/
Un ami vient de m'envoyer l'article ci-dessous, qu'il a totalement retapé à l'ordinateur. Bel effort. Qu'il en soit remercié.
Ce qui est écrit là, nous les militants de la défense de la nature, nous le ressentons depuis bien longtemps et la moindre de nos cellules en souffre. Je ne parle pas de la nature qui gagne en
ville. Ca, ça fait plutôt plaisir, mais de la campagne qui devient progressivement l'antithèse de la nature.
Ce qui me fait le plus mal à moi, c'est le grignotage, le mitage, l'uniformisation, la banlieusardisation des paysages (quand je parle de la banlieusardisation, je ne fais aucunement
allusion aux gens, quels qu'ils soient, qui habitent ces banlieues, il n'est peut-être pas inutile de le préciser), la laideur qui s' insinue partout à pas de loups, mètre par mètre,
insidieusement, si insidieusement que d'une année sur l'autre bien des gens oublient, effacent totalement de leur mémoire ce qui était là l'année précédente.
A Paques 1974, Jeunes et Nature avait organisé à Saint-Jean-Pied de-Port une soirée débat avec Bernard Charbonneau.
Je l'entends encore dire :"Dans trente ans, la plaine de Saint-Jean-le-Vieux sera un paysage de banlieue". Beaucoup avaient ri, s'étaient moqués. Certains faisaient tourner leur index sur leur
tempe. Et pourtant, allez-y voir aujourd'hui. Si vous retirez les montagnes au loin qui sont encore là pour faire joli---- Et même elles, petit à petit se couvrent par le bas de
constructions diverses et de routes en plat de nouilles. Elle monte, elle monte, la vilaine bête.
Notre espace est une peau de chagrin et "Sans espace, point d'innocence ni de liberté" (Albert Camus)
Un bémol concernant cet article : nous ne saurions nous réjouir du réchauffement climatique et du fait qu'il favorise le développement des espèces
exotiques-------------------!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Merci aux pionniers qui ont réfléchi à ces sujets:
En tout premier, bien entendu, Robert Hainard, philosophe, naturaliste et graveur Suisse http://www.hainard.ch/,
François Terrasson http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Terrasson, qui, avec
l'aide de Bernadette Lizet, http://www.alapage.com/-/Liste/Livres/mot_auteurs=Lizet/lizet.htm,
réalisa au début des années 70 un inventaire biologique du Pays Basque,
ainsi que le très grand botaniste Paul Jovet, spécialiste des fougères et dont le jardin botanique de Saint-Jean-de-Luz porte le nom.
Sans parler, bien entendu de l'immense Théodore Monod!
Les villes, ces nouveaux paradis naturels.
Article de Julia Voss, du Zeitung de Francfort
dans "Le Courrier International".
Numéro 892, du 6 au 12 decembre 2007.
Dans les livres pour enfants des année 70, une époque ou l'on commençait à s'émouvoir des atteintes à l'environnement, on pouvait lire des histoires comme celle-ci.
Il était une fois des animaux qui vivaient heureux à la campagne et coulaient des jours paisibles loin des regards dans le voisinage d'une jolie ferme. Tous les animaux de la ferme
avait un nom. Au printemps, les arbres fruitiers fleurissaient; en été, le blé mûrissait; à l'automne, c'était les vendanges; et, en hiver, les animaux sauvages se retiraient dans
leur tanière.
Mais un jour arrivèrent des pelleteuses qui retournèrent les prés. Les arbres furent abattus. Bouleversé, on tournait la page pour découvrir qu'une fois la nature massacrée, une ville
grise métallique avait été construite, les immeubles ayant pris la place des arbres, l'asphalte, celles des prés et que l'on trouvait des voitures là ou les vaches paissaient. Karl le
scarabée ou Grabowski la taupe étaient partis. Quand on était petit, on comprenait que la ville n'était pas un endroit pour vivre, que ce soit pour les hommes comme pour les animaux.
Or, cette certitude commence à s'effriter de depuis quelques temps de façon presque étrange. Les signes peuvent prendre la forme de ravages: des sangliers saccagent les jardins, les
ratons laveurs renversent les poubelles la nuit et des martres grignotent des flexible de freins sur les parking. La ville est devenue la destination d'une vague d'immigration qui se
déplace sur terre, dans l'eau et par les airs. Sangliers, ratons laveurs et martres ne représente qu'un infime partie d'une gigantesque invasion qui est en train de s'étendre sur toute
l'Allemagne. La nature ne veut plus rester à la campagne et à decidé de partir à la conquête de l'espace urbain.
Depuis peu, des études constatent que les espaces boisés des grandes villes dépassent parfois en diversité les forêts les plus riches, que c'est Berlin qui abrite la population
la plus importante de rossignols d'Allemagne ou encore que certaines parties de Munich comptent presque autant d'espèces de papillons que les meilleurs réserves naturelles.
Les oiseaux couvent au milieu du rugissement des avions, construisent leurs nid au milieu du fracas des cloches, s'installent dans le vacarme des ponts de chemins de fer et des colonnes de
camions.
Certaines plantes rares fleurissent entre les fissures du macadam, les renards flânent tranquille dans les centre villes. Les divers avantages qui poussent la nature à se développer en
ville sont l'abondance de nourriture, l'absence de prédateurs et surtout la température élevée-si bien que le milieu urbain pourrait bien servir de modèle pour le réchauffement climatique.
Ce sont les espèces avides de chaleur qui s'y multiplient., y compris les espèces exotiques comme les perruches à collier, qui vivent actuellemnt à Wiesbaden ou à Cologne.
"Chuisnélà, chfaiscekejveux".
La "ruralité", c'est parfois ça. C'est hélas souvent ça de nos jours.
Vautour Fauve pendu. Photo David Garcia.
La ville était tellement perçue comme une parfaite antithèse de la nature qu'il a fallut du temps avant que les biologistes découvrent et étudient la faune et la flore du
milieu citadin. En 2004, le biologiste berlinois Cord Riechelemann publia « Animaux sauvages dans les grandes villes », un beau livre dans lequel il présentait la diversité des espèces
urbaines en prenant l'exemple de la capitale allemande. Et, en 2005, Ingo Kowarik, un expert en écologie végétale de l'université technique de Berlin depuis trente ans, publia «
Forêts sauvages urbaines ».
L'histoire pourrait donc bien se terminer puiqu'il s'avère que nos villes peuvent être des havres habitables par la nature. Cependant, le livre « La nature en ville: un nouvel habitat pour
les animaux et les plantes », du biologiste munichois Reichholf, révise aussi l'idée que l'on se fait de la campagne. Car la faune et la flore ne se contentent pas de s'installer en ville,
elles fuient la campagne, que l'agriculture industrielle et son cortège de pesticides, de sur-fertilisants, de monocultures et de pollution des nappes phréatiques rendent de plus en plus
inhabitable. Ainsi, ce serait à la campagne que se trouve la véritable tristesse d'un monde administré que le psychanalyste Mitscherlich qualifiait en 1965 d'antinature.