Monsieur le Préfet des Pyrénées Atlantiques
Association Su aski
Le samedi 04 décembre 2021
Monsieur le préfet Eric Spitz,
Après l’annonce sur la page facebook «Ecobuages organisés 64» en date du 26 octobre 2021 (déjà!) du début officiel de la saison des feux pastoraux, nous nous permettons de vous adresser ce courrier.
En mai 2020, la presse révélait que quinze éleveurs réunis au sein de l’«Association des éleveurs et transhumants des trois vallées béarnaises», en colère d’avoir été «privés» de feux pastoraux pendant quelques semaines de printemps pour cause de COVID, avaient écrit au Préfet ainsi qu’à Monsieur Macron afin de leur faire savoir qu’ils passeraient outre l’interdiction estivale. L’histoire ne dit pas si vous-même leur aviez répondu, mais le ministre de l’intérieur, lui, leur avait en quelque sorte «remonté les bretelles».
Ce coup de semonce ministériel ne les a pas empêchés d’allumer de nombreux feux au mois de septembre comme en témoignent des photos prises en Vallée d’Aspe entre le 8 et le 15 de ce mois par l’un de nos adhérents. Nous vous avions alors écrit. Ce courrier, comme les quelques autres, envoyés depuis la création de Su aski, n’a jamais reçu de réponse. Et, à notre connaissance, les auteurs de ces feux n’ont pas été poursuivis.
En février dernier, les services météo annonçaient des vents d’une grande violence et certains maires du Pays basque intérieur avaient pris très tôt la décision d’interdire tout feu pastoral sur le territoire de leur commune. Certains éleveurs qui avaient depuis longtemps obtenu l’autorisation d’allumer ce jour là, avaient fait preuve de responsabilité en y renonçant, même dans des communes où aucune interdiction n’avait été annoncée pour cette journée. Quant à vous, Monsieur le Préfet, vous avez attendu la dernière limite pour déclarer l’interdiction et il était déjà trop tard.
Cet été encore, en période d’interdiction, plusieurs cas de feux pastoraux nous ont été signalés. Ils viennent s’ajouter aux feux de déchets verts ainsi qu’à la combustion des tas de laines de brebis, avec toute la pollution de l’air, des sols, de l’eau, que ceux-ci entraînent.
Toutefois, nous devons à la vérité de dire que lors de la saison 2018-2019, votre prédécesseur avait plusieurs fois annoncé, en raison de la pollution de l’air et d’une possible affluence de randonneurs, des interdictions lors de certains week-ends particulièrement ensoleillés. Pourtant, ces interdictions n’ont jamais été respectées, nous en avons la preuve par des photos prises ces jours là ainsi que par les témoignages de personnes s’étant plaintes en gendarmerie sans que les contrevenants soient inquiétés en aucune manière. Nous nous permettons donc de vous poser cette question: quelle autorité compétente se charge de faire respecter ces interdictions, avec quels moyens?
Pourtant, Monsieur le Préfet, malgré tous les arguments fallacieux employés par les défenseurs de ces feux, il est évident qu’ils représentent un danger pour les biens et les personnes, une catastrophe en matière de biodiversité animale et végétale, de disparition des arbres, d’érosion donc d’inondations, de participation au dérèglement climatique global. Un véritable écocide doublé d’une grave attaque à la santé publique en raison de la pollution de l’air. Le strict minimum serait donc que les auteurs de feux non déclarés ou allumés en période d’interdiction soient systématiquement rappelés à la loi.
Nous nous attristons que, dans la lignée de vos prédécesseurs , vous ne sembliez pas prendre en considération ces enjeux qui engagent la vie des générations à venir.
Pour toutes ces raisons, Monsieur le Préfet, nous avons le plaisir de joindre à ce courrier un cadeau certes fort modeste mais dont nous pensons néanmoins qu’il pourra vous être d’une grande utilité: une paire de lunettes loupes ainsi qu’une prothèse auditive.
Nous vous les confions en vous priant de bien vouloir les transmettre à la personne qui vous succédera lorsque sera venue l’heure de la passation de pouvoir.
Veuillez accepter nos salutations accompagnées de l’affirmation de notre détermination sans faille à engager un dialogue vrai et sincère entre tous les citoyens au sujet de cette pratique qualifiée d’ancestrale pour mieux la dévoyer alors même que la sixième extinction de masse des espèces ainsi que l’urgence climatique sont en train de nous rattraper.
Association Su aski/Halte aux feu