Connaissez-vous le projet « Wüste » ?
En français, on pourrait dire le projet « désert ». Il consistait à soutenir l’effort de guerre par l’extraction de combustible à partir de schiste
bitumineux.
Cela ne vous rappelle rien, dans l’actualité ?
La mortalité était telle sur ces chantiers pour une production si nulle que les conditions de survie n’avaient rien à envier aux pires grands camps. Peu de
chantiers furent ouverts, mais il y eut un petit Kommando dans l’actuelle Moselle française qui accueillit ces premiers essais mis au rebut par la reddition nazie. Ce que vous lirez ici et là sur
les sites contre le gaz de schiste et le nazisme est mal documenté : une recherche en français sur le oueb, sur Wikipédia ne donnera rien. Vous devez pour comprendre relire l’histoire du
Camp de Natzweiler, le seul situé en territoire aujourd’hui français, souvent nommé Struthof. Drancy et les autres « camps » étaient des camps de rétention. Rien à voir avec un Camp de
niveau III, donc destiné à exterminer par le travail. Vous avez un lien en bas de ce papier. Lisez ce qui a trait aux gaz bitumineux, sachez que le dossier est incomplet. Et si vous parlez
allemand, alors la version allemande de Wikipedia vous dira tout sur le « Projekt Wüste ».
Franchissons le point Goldwinn. Malgré l’esclavagisme, le fanatisme de l’effort de guerre, le mépris de l’environnement, alors que le principe technique n’a pas
évolué, ce fut un échec total. Ne pourrait-on pas y réfléchir ? Pourquoi ce projet s’appelait-t-il : « Désert ? »
Je me pose cette question tout en lisant « homo disparitus ». Là sur Google vous en trouverez plein. Beau livre ! On enlève l’espèce homo sapiens de
la planète Terre, ne restent que ses traces, que se passe-t-il ?
« La nature reprend ses droits », dit-on souvent. Et c’est idiot. Car l’homo sapiens est un produit de la nature, un génie échappé de sa lampe qui cherche
à réaliser ses vœux, frustré par trop captivité dans sa « nature » de prédateur.
C’est un livre à lire pour se rassurer : la Terre survivra bien à l’homme. C’est un livre pour s’inquiéter : la Terre en aura pour des millénaires à
effacer l’homme.
C’est un livre en tous points made in USA. La forme, le fond, et là, les critiques peuvent pleuvoir. On y visite, dans l’ordre et après l’homme, des villes
redevenues « sauvages » (avec les animaux du zoo ?), l’avenir des plastiques et pétroles, les animaux, les pierres, les œuvres d’art et merveilles du monde. Sans cesse, la théorie
Gaïa pointe le bout de son nez. Cette théorie Gaïa est le très faible retour d’un concept bien plus ancien : l’âme du monde. Née dans un moyen-âge où le microcosme, le monde à l’échelle de
l’homme, était le reflet miniature du macrocosme, à l’échelle de l’âme… d’un créateur, cette théorie renfermait trop de contradictions pour passer la barre du XIVe siècle. La première étant de
retrouver un peu partout de l’anthropocentrisme, car nous ne parlons d’âme qu’à partir de la nôtre, pour peu qu’on en ait une, ajoutent certains. Trop de contradictions en cette Anima Mundi. Il
fallut attendre le XIXe siècle pour que le mot ‘écologie’ soit inventé. Concept scientifico-philosophique, les crises pétrolières relancèrent les débats dans le dernier quart du XXe siècle. Là
encore, il y eut deux mouvements, deux fées penchées sur le berceau. D’une part, des partisans d’une condamnation globale des systèmes capitalistes industriels relancèrent le retour à la terre.
Moins connue mais tout aussi fonctionnelle, l’Église catholique a fondé une ribambelle de groupes de réflexions nommés « Justice, Paix et Sauvegarde de la Création ». Ce type d’actions,
ouvertes à toutes les confessions chrétiennes, sont très efficaces au-delà dans du tissu chrétien des pays européens et latino-américains. Représentées par un cardinal à Rome, elles furent à
l’origine du vocabulaire de Gorbatchev sur l’Europe comme « maison commune » : en grec oikoumené, qui est le lieu de l’oikou-logia. Leur dernière victoire en date ? Les
cercles de silence qui se réunissent pour dénoncer le sort fait aux migrants et aux plus pauvres et qui depuis 3 – 4 ans se sont répandus en France. Souvenez-vous des premières photos : dans
chacun de ces cercles un capuchon de franciscain, ou la robe droite d’une franciscaine…
Pourquoi un tel succès pour un groupe venu du monde catho ? Parce qu’ils ont compris que la triade « justice, paix, sauvegarde de la nature » était
indissociable. Toute action injuste finit par détruire ou collaborer à détruire la paix et la terre. Idem toute action belliqueuse nie la justice et détruit la terre. Idem toute destruction de
notre monde cache des injustices et une guerre, économique, sociale ou plus traditionnelle.
Voilà pourquoi le passé des gaz de schiste, le Projekt Wüste doivent être pris au sérieux. Vous voulez que je résume ?
Parce que l’écololâtrie bêlante des campagnes électorales amène à nier les liens entre écologie, paix et justice, parce que l’écolocratie inocule la peste et le
choléra à l’écologie en lui donnant des sièges dorés par les Raisons d’État. Voilà pourquoi.
Je vous souhaite donc, sans cynisme ni pessimisme, une moins pire année que les dernières… en cette saison, on peut même utiliser une citation biblique. Je vais
vous laisser avec l’origine biblique, psaume 74, de cette triade. Il y a aussi de la sagesse dans la bible. C’est un souhait que je vous partage : « amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent », et de nos jours ce galant rendez-vous enfante la protection de ce que les croyants nomment : la création.
P.S : Voici le lien pour le projet « Wüste » en français :
http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=52&pChapitreId=34607&pSousChapitreId=34611&pArticleLib=Le+%AB%A0Projekt+W%FCste%A0%BB+%5BStruthof%2C+camp+de+concentration+nazi-%3EStruthof%2C+camp+de+concentration+nazi%5D
le babel