N'en déplaise à Monsieur Manuel Valls, par ailleurs pourfendeur de Roms et fanatique de torturomachie, la société basque veut la paix, et ceci des deux côtés de la "frontière".
En attisant le feu comme il le fait ces derniers temps par des déclarations guerrières méprisantes pour les acteurs d'un consensus désormais bien assis ou par l'arrestation d'Aurore Martin
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aurore_Martin ,
le pyromane Valls prend de lourdes responsabilités.
Je laisse ci-dessous le soin à mon amie Ursoa Parot ainsi qu'à mon ami Gabriel Oyharzabal d'expliquer à ceux d'entre vous qui n'ont pas la moindre connaissance
de la situation des prisonniers politiques basques et de leurs familles le pourquoi de la manifestation du samedi 10 novembre prochain à
Bayonne.
Aujourd'hui, les armes se sont tues en Pays Basque, de la part des Basques, sous la forme d'un pari : le pari de la paix dans la justice. Mais pour que cette paix et le rétablissement de la justice qui va avec soient assurés, toutes les bonnes volontés actives et la solidarité sont nécessaires.
Une des conséquences importantes de ce conflit est l'existence de 607 prisonnier(e)s politiques qui ne sont pas reconnus en tant que tels alors qu'un traitement spécifique leur est réservé, que des mesures exceptionnelles leur sont appliquées, bafouant sous certains aspects les propres lois françaises et espagnoles et les droits de l'homme eux-mêmes (torture, isolement total, incarcération à des milliers de kilomètres de leurs familles, procédures d'exception prolongeant indéfiniment les peines entre trente et quarante ans,..).
A travers les trois derniers cas qui lui ont été soumis dont celui de Martxelo Otamendi, directeur d'un quotidien en langue basque, torturé, Le Tribunal des Droits de l'Homme européen lui-même vient de condamner, à l'instar d'autres instances internationales, la chape de plomb qui bloque toute enquête sur les milliers d'allégations de tortures concernant aussi la France puisque de pseudo aveux arrachés sous la torture ont été utilisés dans des procédures françaises.
Le Tribunal des Droits de l'Homme de Strasbourg vient de condamner l'application extra-légale aux prisonnier(e)s basques de peines additionnelles de 10 à 20 ans supplémentaires, hors jugement, afin de prolonger l'incarcération jusqu'à quarante années (Doctrine Parot).
Ces violations des droits de l'homme ne sont pas acceptées par la majorité de la société basque qui se mobilise pour que la paix prenne racine dans ce pays sur des bases de justice. Tous les acteurs politiques et sociaux de tout le Pays Basque allant de la majorité des élus aux associations culturelles, mais aussi une forte représentation internationale**, rassemblent leurs forces et leur action pour que ce pari de la paix soit gagné.
Seuls les deux Etats campent sur leurs positions, font obstruction à la paix en accentuant les mesures répressives et n'offrent aucun geste d'apaisement, rejetant toute responsabilité.
La société basque et la paix méritent que l'on se mobilise pour elles. Les Basques eux-mêmes ont su être solidaires dans l'Histoire. Si nous sommes concernés par le respect des droits de l'homme, nous le sommes aussi par le respect des droits fondamentaux des prisonnier(e)s basques et de leurs familles. Notre solidarité active est aujourd'hui nécessaire afin que ce pari pour la paix soit gagné et que le cycle de violences prenne fin.
.** députés européens, personnalités réunies lors de la conférence de paix d'Aiete à St-Sébastien dont les artisans de la paix en Irlande (Jonathan Powel, Gerri Adams, Berthie Ahern), l'ONU avec Kofi Annan, etc.
Ursoa Irene Parot Navarro.
Un an après la Conférence Internationale pour la Paix au Pays Basque d'Aiete et l'arrêt définitif de la violence armée par ETA à laquelle participaient Kofi Annan (ancien Secrétaire Général des Nations Unies), Pierre Joxe (Ancien ministre de l'Intérieur), … et l'abandon définitif des armes par ETA, le procesus de paix a peu évolué car Madrid et Paris refusent de négocier avec l'organisation basque.
La Déclaration d'Aiete avait obtenue un large soutien dans l'ensemble de la population basque ainsi que y compris celle du Pays Basque Nord. Mais l'attitude des gouvernements français sous Chirac, Sarkozy ou Hollande reste dans la répression et le refus de tout dialogue tant qu'ETA ne dépose pas les armes.
Tout le monde s’interroge sur le comportement atterrant du ministre de l’Intérieur français Manuel Valls qui s’aligne sur la dure politique de Madrid. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’il a annoncé qu’il ne laissera pas faire la demande quasi unanime des élus du Pays Basque la création d’une collectivité territoriale spécifique pour le Pays Basque français !
Et, encore plus surprenant il a fait appliquer une décision d’un mandat européen (MAE) contre une jeune militante de Batasuna (parti légal en France) plongeant dans la consternation les élus de tout bord mais spécialement les Socialistes, mais aussi la société civile.
Devant ces comportements provocateurs, Herrira, l'association qui demande une nouvelle politique carcérale, l'abandon de la doctrine Parot par l'Espagne (une politique pénale particulièrement dure et qui ferme la porte à toute évolution), un traitement humanitaire pour les prisonniers très gravement malades ou en fin de vie, le rapprochement des prisonniers au Pays Basque, la fin de leur dispersion et la fin de l'éloignement des réfugiés basques, organise une manifestation de solidarité le dimanche 10 novembre, à Bayonne. Le rendez-vous est donné à 15 h, place des Basques.
La manifestation aura le soutien de nombreux secteurs de la société civile comme le barreau des avocats de Bayonne, de nombreux syndicalistes (CGT, CFDT, SUD, ELB, LAB,...), de 150 élus, de divers collectifs et orgaisations basques (Abertzaleen Batasna, Batasuna, …).
Gabriel Oyarzabal