Une contribution de Daniel Labeyrie
6 Un petit bijou de chanson par l’une de nos plus talentueuses chanteuses.
Une contribution de Daniel Labeyrie
6 Un petit bijou de chanson par l’une de nos plus talentueuses chanteuses.
Une contribution de Daniel Labeyrie
5 « La Negra » d’Argentine interprète superbement le chef d’œuvre de Violetta Para la Chilienne.
Une contribution de Daniel Labeyrie
4 Belle rencontre entre un grand joueur de tabla et un jazzman de haute volée.
Une contribution de Daniel Labeyrie
3 - Lo’Jo - Permettez majesté (clip officiel)
Groupe de la scène angevine alliant poésie et musiques de partout.
Une contribution de Daniel Labeyrie
2 Un groupe phare de la scène d’Istanbul entre psychédélisme et transe orientale.
Une contributionde Daniel Labeyrie
I – Dulce Pontes « Alfama » do novo album “Peregrinaçao”
Une interprétation magique d’un fado portugais.
Une contribution de Daniel Labeyrie
Le hibou du Moutier
Il prodiguait les hosties
Le pain bénit, l’Eucharistie,
Aux petits oiseaux du moutier
Georges BRASSENS
Permettez, chères sœurs, je me présente : je suis un modeste hibou moyen-duc, mon plumage est fauve, mes deux aigrettes se dressent sur mon chef, je me porte plutôt bien malgré mon grand âge. J’habite dans une sapinière du plateau où il fait bon vivre malgré un climat rigoureux et cette maudite burle qui me glace le sang au temps d’hiver.
Je ne ressemble ni au hibou grand-duc aux yeux sévères et austères ni aux insignifiants petits ducs qui s’égosillent dans les platanes de Barjac les nuits de canicule.
Cette année, j’ai envie de fêter Noël en compagnie des saintes dames du Moutier, les chères diaconesses de Reuilly qui portent l’Evangile autant dans leurs paroles que dans leurs actes. Chères sœurs, n’ayez crainte, je ne suis pas un rapace anticlérical, je ne bouffe pas du curé ou de de la nonne à tous mes repas, je me contente de rats gris, de surmulots ventripotents, de souris faméliques ou de sveltes musaraignes.
Ces derniers temps, figurez-vous, j’ai comme l’impression que le moral des humains n’est guère au beau fixe, la désespérance a pignon sur cœur. Je ne vois plus que leurs yeux car ils portent tous des masques, en ville comme à la campagne. Ils grognent, se calfeutrent, maudissent leurs dirigeants, se réconfortent par des rasades de porto ou des ébats amoureux pendant les heures du couvre-feu. D’autres se crêpent le chignon ou se traitent de tous les noms d’oiseaux, ce que je trouve parfaitement inadmissible.
A propos de ce couvre-feu, moi, je me dis que c’est très bien, je peux voler sans danger pendant la nuit, vaquer à mes chasses nocturnes sans risquer de me faire écrabouiller par une ouature, oui une ouature comme l‘écrivait Raymond Queneau.
Ce soir, c’est Noël mais que sont devenues l’effervescence et la joie de la Nativité ? Voilà des semaines que je n’entends plus guère la lyre ; quant aux cantiques, cela fait belle lurette que les anges se cachent au-delà des nuages, désespérés par ce silence assourdissant dans les temples, les églises, les synagogues, les mosquées. L’humanité broie du noir, ce qui n’empêche pas les armes de crépiter et des vies de s’arrêter dans des flots de sang, ici comme ailleurs sur la planète.
Allez les frangines, ne laissez pas la chappe de silence assombrir ce Noël 2020. J’ai convié une multitude d’oiseaux pour cette veillée de Noël en compagnie d’une petite trentaine de personnes.
Il n’est pas interdit à la gent ailée d’être présente à cette occasion : pas de dérogation obligatoire pour nous. Le dieu des oiseaux nous laisse en totale liberté. Croyez, chères nonnes, que nous n’occasionnerons pas le moindre trouble à l’ordre public dans votre saint lieu.
J’ai convié la chouette hulotte, cousine un peu mégère, une effraie noctambule, deux mésanges bleues ravissantes, une corneille noire tracassière, un rouge-gorge solitaire, une troupe de moineaux braillards à qui j’ai recommandé la discrétion, un merle moqueur qui siffle » Le temps des cerises », un goéland désargenté, un coq de bruyère goguenard, cent sansonnets de la chorale des érables du Mazet, un insignifiant roitelet qui a du coffre malgré sa petite taille et un grand corbeau anticlérical qui m’a promis de ne pas croasser « A bas la calotte ». Le grand-duc, morose et hautain, a décliné l’invitation.
Je suggère à Sœur Samuel de venir à cheval pour nous escorter lorsque sonnera la cloche.
Nous ne connaissons pas le moindre chant religieux mais nous chantons des hymnes à la nature, à la beauté du monde et à la vie. Je vous suggère de répéter le chant de la création de Saint-François qui était un brave type. Lisez aussi un poème de Rumi, après tout, tous les chemins conduisent à l’Eternel.
Nous les oiseaux, sommes ouverts à toutes les traditions, nous dérangeons peut-être l’ordre établi mais nous sommes libres comme l’air.
Les petits oiseaux se poseront sur les épaules des trente privilégiés.
Quant aux grands oiseaux, ils seront alignés sur le dossier des bancs, à distance respectable les uns des autres.
J’assume toute la responsabilité de cette soirée et je ferai en sorte qui n’y ait pas le moindre dérapage de la part de mes confrères qui ont reçu toutes les recommandations.
Chères nonnes, pardon pour la familiarité, comptez sur notre ponctualité légendaire. Tout se passera merveilleusement bien et à l’heure sonnante de minuit, lorsque l’Enfant – Dieu poussera son premier cri, d’un bec unanime, nous chanterons en chœur malgré la discordance de nos voix.
Vive Noël 2020 !!!
PS : A l’occasion, durant les nuits froides d’hiver, je hululerai mes cantilènes sur la plus haute branche du hêtre pour bercer vos rêves de paradis céleste.
Une contribution de Daniel Labeyrie
Vinrent cette année-là
Des temps étranges
Guy BEART
Cette année-là, la vingtième d’un siècle à feu et à sang, les humains perdirent la face, l’espérance piétinée sous des flots de sang et de boue n’habitait plus le cœur des humains. Sur un continent, des millions d’arbres furent réduits en poussière après avoir été passés par les flammes. Des foules faméliques s’agglutinaient aux portes des métropoles pendant que des oiseaux par millions brûlaient leurs ailes dans les brasiers incandescents.
On invoquait vainement les dieux des lointaines galaxies : le silence sidéral de leur réponse décourageait le genre humain. La croix, l’étoile, le croissant et le lotus flottaient encore sur les édifices religieux, tels des oriflammes désespérées.
Les humains décimés par les ravages des virus devinrent la proie des charognards affamés. Des régions entières furent totalement anéanties. Quelques rares enfants rescapés de l’apocalypse subsistaient, ici et là, errant hors des villes désertées.
Au-dessus de ce désastre, imperturbable, le soleil continuait sa course diurne ; la lune dans sa traversée nocturne regardait tristement sa planète-mère. Pas le moindre poète, pas le moindre rêveur pour converser avec elle. Trop occupés par leur quête de survie, les enfants l’ignoraient.
Chose étrange, les animaux semblaient s’adapter à la situation. En Aquitaine, la grande forêt landaise conservait encore quelques bouquets d’arbres : pins parasols, chênes-lièges et saules furent les rares espèces à survivre à l’hostilité ambiante.
Les écureuils jouaient avec innocence sans se soucier des martres qui les chassaient. Les chevreuils n’avaient plus à craindre les balles des chasseurs qui avaient totalement disparu. Les buses, posées au sommet des troncs calcinés, faisaient ripaille des rongeurs qui pullulaient. Les passereaux chantaient à tue-tête : délivrés des piégeurs à la glu, en toute confiance, ils se posaient sur les épaules des enfants hirsutes et déguenillés.
Dans certaines villes, comme Salies-de Béarn, des hordes de sangliers avaient totalement investi les lieux. Les thermes désertés devinrent leur aire de jeux. Les marcassins se prélassaient au soleil sur des transats pendant que les laies mâchaient des roses dans le jardin public. Les mâles jouaient à la lutte sur la place du marché. Les ronds-points étaient gardés par des vieux mâles revêches qui arboraient leurs défenses avec arrogance.
Dans le temple et l’église, les hirondelles gazouillaient, ce qui faisait sourire la statue de Saint-François d’Assise. La nuit, les chauves-souris volaient en ballets majestueux au-dessus des eaux du Saleys pendant que les chats-huants hululaient sur les cheminées à moitié écroulées. Les fouines avaient éloigné les chats qui furent obligés de goûter à la vie sauvage dans les hangars délabrés des fermes abandonnées.
Les vaches, livrées à elles-mêmes, couvertes d’aigrettes blanches, ruminaient paisiblement dans les prairies alentour. Les couleuvres se la coulaient douce sur les rochers des ruisseaux. Des milliers de canards, échappés des élevages, recouvrèrent la liberté mais pas question de cancaner dans les piscines, toutes investies par les sangliers. Ils durent se contenter des mares saumâtres dans les villages voisins.
Dans les campagnes, quelques dizaines d’enfants, s’accommodaient comme ils pouvaient de l’inconfort de la vie sauvage. Ils pêchaient dans les ruisseaux de rares poissons qu’ils consommaient crus, cueillaient des herbes et des baies sauvages. En aucun cas, ils n’attentaient à la vie animale. Les enfants n’exerçaient pas le moindre pouvoir sur le règne animal, maître de ce nouveau monde. Les garçons se chargeaient de la quête de nourriture, construisaient des cabanes et les filles filaient la laine des moutons pour confectionner des vêtements chauds. Le soir, par temps doux, autour du feu, tout le monde se mettait à danser en chantant des comptines.
C’est ainsi que s’écoulait le temps et les saisons dans ce coin de France relativement épargné par la fureur. Certains soirs de pleine lune l’on percevait une rumeur lointaine comme un galop de cavaliers d’apocalypse.
Une contribution de Daniel Labeyrie
« En plein décembre
J’ai trouvé la rose
La rose qui me ressemblait
Aux pétales de givre
Non pas la rose d’un été
Non pas la rose d’un bouquet. »
La rose décembre
Ce premier décembre, la journée était grise, triste comme ces jours d’hiver où la mélancolie suit la chute inexorable des feuilles mortes.
Madame Sylvestre, vous n’avez pas attendu le dernier jour de l’an pour filer éternellement à l’anglaise.
Oui, quel coup de massue alors que vous vous prépariez à remonter sur scène dans les jours prochains. Vous nous laissez, là, au bord du chemin, complètement abasourdis par cette triste nouvelle.
C’était toujours un plaisir infini de vous écouter sur les planches de la grande cour du château de Barjac, de vous croiser dans les ruelles sous le soleil de plomb de l’été cévenol. Vigie attentive, vous veilliez sur les jeunes pousses de la chanson avec sollicitude et tendresse.
Toujours fidèle, toujours droite, jamais vous n’avez démérité : voix des sans voix, orfèvre d’un immense collier de chansons essentielles qui nous trottent dans la tête, couplets ciselés loin de la guimauve ambiante.
« Une sorcière comme les autres » est un hymne incontournable à la condition féminine, un hommage à la mère, aux femmes qui nous ont tous construits physiquement, humainement, affectivement : assurément un chef d’œuvre !
Votre patrimoine discographique recèle des dizaines de joyaux, de perles, sans oublier vos fabulettes qui berçaient les têtes blondes et brunes que nous fûmes.
Des blessures intimes ne vous ont pas ménagée mais votre pudeur, votre discrétion ne les étalaient pas sur la place publique. Nous avons tous « un mur pour pleurer » pour laisser s’épancher un immense chagrin aux grosses larmes, comme des marins à la dérive ayant perdu leur boussole.
En ce début décembre, quelques roses se dressent encore, fières et fraternelles ; un peu de givre les habille : ces roses vous ressemblent. Nous vous les offrons pour en faire un bouquet d’éternité.
Il est tout nouveau. Il vient de sortir. N'hésitez pas à le visiter. (Lien ci-dessous.)
Et plus si affinités.