
Mon amour était tout attendri que je parle de lui à mots couverts dans ce blog. Il n'est plus là pour me le dire encore mais je ne vais tout de même pas m'arrêter en si bon chemin.
Il était tout étonné qu'une pasionaria, combattante de toujours, de tous les instants et de toutes les causes, lui tombe ainsi du ciel sans crier gare. Jamais engagé dans aucune organisation que ce soit, il avait horreur des discours préfabriqués, des vérités premières assénées comme des couperets, des poings levés, des foules qui scandent des slogans, quelle qu'en soit la nature. Je crois bien (mes chères soeurs pardonnez-moi, je vous en conjure), qu'il a apprivoisé la mégère et qu'il était temps.
Alors, pour vous présenter la photo ci-dessus, prise début Avril, à l'occasion d'une rencontre entre anciens parents d'élèves de Garaziko ikastola ( traduisez Ecole en langue basque du canton de Saint-Jean-Pied-de-Port), je ne vais pas vous parler de la nécessité de sauver les langues minorisées ou de l'identité d'un peuple et de sa culture, ni même de la nécessité de méthodes d'éducation et d'apprentissage qui considèrent l'enfant comme un acteur et non pas comme une machine à avaler des connaissances.
Je vais simplement vous dire que pendant toutes ces années où ma fille à été élève dans le cadre de la filière Seaska (Fédération des ikastola), c'est à dire de la petite section de maternelle au bac, l'ikastola a été pour nous une famille, de la chaleur humaine, beaucoup, beaucoup de joie. Pourtant, surtout au début, l'époque n'était pas facile. On nous regardait de travers ( tous des Enbata zikina, des terroristes), l'ambiance, en raison des attentats du GAL, était plus que tendue. Et puis par un très vilain jour d'hiver, deux de nos "andereño (enseignantes),ont perdu leur jeune vie sur la route en venant rejoindre leurs élèves. Pour les parents, tout était à faire : la cantine, la vaisselle ( à la main avec un chauffe-eau souvent en panne), le "ramassage", le ménage, le déménagement en juin pour laisser la place à une colonie de vacances, la reconquête des lieux en septembre, les constructions pour accueillir un nombre croissant d'élèves, et j'en passe. Le manque de moyens était criant. Ce que l'Etat ne nous donnait pas, il fallait se le procurer et nous organisions des concerts, des bals, des repas. Nous étions toujours sur le pont. Les réunions étaient presque hebdomadaires, les rues de Bayonne nous voyaient défiler une fois par mois, les Assemblées Générales de Seaska ne nous rendaient souvent à nos foyers que vers les quatre heures du matin.
Ah, certes, ce n'était pas le club Med! Par ailleurs, ma vie personnelle était lourde, très lourde, très noire par moments. Peut-être est-ce pour cette raison que j'ai ressenti si fortement l'ikastola comme un nid chaleureux qui nous abritait, ma fille et moi, un foyer qui nous enveloppait de sa chaleur. La solidarité, le bonheur de se soutenir, de s'épauler les uns les autres sans jamais compter, la joie d'être ensemble et un grand esprit d'ouverture sur le reste du monde, beaucoup de respect---- je n'aurai jamais assez de mots pour remercier les enseignants, les parents, les enfants aussi, l'ikastola tout entière et leur dire que je les aime. Et voilà, l'amour, encore l'amour! On y revient toujours, en fait!

Itziar arrive à l'ikastola ( à l'époque dans le village de Lasse) par un beau jour de printemps. La lourde charge des études de la classe des "Pinpirinak" ou des "Xitoak", je ne me souviens plus trop à vrai dire, ne semble pas l'affecter plus que ça.