Une contribution de Daniel Labeyrie
D'avoir été sans fin
L'ombre bleue d'un poème...
Comme au vent quelques graines
Perdues dans l'avenir...
Dans la première nuit d'hiver de cette sinistre année, tu as mis les voiles, l'ami et nos veilleuses tremblent sur les cendres de l'amitié.
Ciel bas dans nos âmes pendant que nos bateaux ivres tanguent sur un océan agité et nous voilà ce soir hébétés : tu as tiré ta révérence dans ton sommeil, peut-être dans un rêve de transparence et de lumière bleue comme ce ciel vers lequel tu tendais les bras avec cette incandescence qui n'appartenait qu'à toi.
Ciao le poète solaire à l'écriture flamboyante, aux ailes d'oiseau naviguant au gré des vents stellaires, éternel albatros en accord avec nos révoltes.
Cette nuit, tes hiboux hululent en chagrin sur les chênes-verts de la garrigue et les étoiles regardent le froid descendre sur les toits et les jardins du Gard.
Tu as vécu « A cœur battant, à ciel ouvert » et c'est nous qui te disons merci d'avoir été du voyage... et quel voyage !
Il y a quelques mois tu nous écrivais à propos de ton dernier opus : « Un dernier pour la route ! » mais nous n'y crûmes pas... et pourtant...
Ton chant nous habite viscéralement dans un brasier de démesure fraternelle avec « un oiseau de passage, un vent bleu sifflant dans l'épaule ».
Comme il fait bon se perdre dans le tréfonds des galaxies de ton chant où l'impossible largue ses amarres vers le grand large des libertés infinies.
Maintenant que tu as « plongé dans l'infiniment bleu », envoie-nous quelques bouées de rosée stellaire et d'espérance pour nos matins chagrins.
« Voir s'envoler l'oiseau des avenirs c'est boire comme un vin d'or la lumière à sa source ».
Salut Jean !